Coquin de Sort !
Au
départ de Rialp, 9 cols à plus de 2000
mètres
en VTT BTT
23
juin 2007 et 20 août 2009
L'été
naissant, c'est l'automne qui se rapproche. Les jours se
préparent à décroître. Mes
projets de
sorties lointaines, à la journée, sont
à
exécuter maintenant.
Le temps promet d'être raisonnable ce samedi 23 juin 2007
dans la région de Sort
en Catalogne espagnole. Je dois en profiter.
Je n'ai pas prévu de garer mon véhicule
à Sort,
point de départ possible de ma randonnée VTT.
Toutefois,
si, sur place, les conditions se trouvent favorables, je ne
l'exclus pas. Moins
de CO2 dans l'atmosphère, la planète m'en
saurait gré. Mon porte-monnaie aussi.
La fête des Pyrénées avec ses
déviations,
ses foules et ses embouteillages, coquin de Sort, m'en dissuade. Je
ne deviens cycliste qu'à Rialp,
premier village sur la route
du
Port de la Bonaiga.
Rialp
accueille ma voiture au pied d'un
immeuble. Je trouve, au jugé, la route qui va
permettre de
m'élever vers mon objectif. Nulle pancarte ne
mentionne le moindre nom de col ou de village.
Seule
indication : "Vall
d'Assua". Mon extrait de carte porte cette mention dans la
direction
recherchée.
Les protagonistes sont en place : la montagne... au loin,
et celui qui
va en tenter l'assaut.
Les
villages à atteindre, s'empilent.
Un vent frais contrarie les effets du chaud soleil
d'une fin
juin mais n'empêche pas de transpirer. La sueur coule.
A Sorre,
j'essore,
à
Llesui, j'essuie
et accepte
la compensation offerte par la municipalité.
L'altitude affichée
de 1445 mètres me surprend. Je m'imaginais beaucoup plus
haut.
Mon point de
départ : Rialp
ne culminait qu'à 725
mètres. Je le découvre aujourd'hui. Tout
s'explique.
Par
l'intérieur du village, je cherche le moyen de
m'élever enfin sérieusement.
Pendant que je
distrais quatre chiens et leur propriétaire
indifférent, ma route contourne les maisons. Je la
retrouve
à l'autre bout pour partager l'ascension.
Un sentier fait savoir qu'il se rend au Coll de
Triador, ma prochaine étape. Même
sans le
pictogramme
"Piétons" je ne l'aurais pas accompagné.
La route perd son appellation. Je m'en trouve rassuré. Je ne
comprenais pas les
raisons de cette gabegie bitumineuse.
Llessui a sa station de ski,
abandonnée depuis 1987.
Si les hauteurs -
2430 mètres - s'enneigent toujours en
hiver, il n'en était plus de même sur les
côtes
inférieures en une époque où le
blanchiment artificiel balbutiait encore... et surtout ailleurs.
Des
problèmes d'orientation de pistes
balayées par un
vent parfois épris de nature vierge renforcèrent
les
difficultés
financières.
Llessui comptait pourtant parmi les stations importantes.
Le semblant de col en toile de
fond de la
fantomatique station n'indique pas la direction à prendre.
Contrairement au sentier du Coll
de Triador, c'est à gauche,
à l'entrée du parking,
qu'un pont donne accès au chemin vers les cols.
Une pancarte
propose des directions qui doivent renseigner certains randonneurs.
UTM : 31 T 340183 4701861
La
carte exposée reprend une partie du
parcours que je compte suivre. Au-delà d'el collet,
l'itinéraire préconisé
ramène à
Llessui.
Le
village reste en vue
jusqu'à ce qu'un
virage permette à la montagne, la vraie, la haute, de se
dévoiler.
J'approche d'une
première rencontre
avec un télésiège sur lequel j'imagine
les
Bronzés à l'époque où ils
faisaient du ski.
Je n'ai pas encore
pris connaissance de l'histoire de la station et me permets d'en rire.
A la station,
peu
de risque, de s'égarer au carrefour. Le chemin montant
à la Collada
d'Altars
est peu visible. Et c'est tant mieux car l'ascension du col, en
aller-retour, n'est peut-être pas judicieuse dans le cadre de
la
boucle du jour...
UTM : 31 T 339217 4700799
d'autant que l'antique
télésiège rouillé refuse de
participer à une tricherie.
Le
chemin
s'élève au-dessus de la station
abandonnée.
La piste se divise soudain. A gauche, elle plonge vers une bergerie. A
droite,
UTM : 31 T 338460 4700439
devenue herbeuse mais parfaitement cyclable, elle
s'élève vers l'objectif.
Une seconde bifurcation offre l'option pédestre,
à droite,
la
montée rude et cyclable, à gauche.
Les deux chemins se rejoignent avant
les 7 à 8 mètres de piste
défoncée qui ont probablement motivé
le classement de
l'ensemble en R2/3. Sur deux vététistes qui me
précédaient, un seul a mis pied
à terre dans ce passage.
Une
pancarte délaissée à terre signalait
en son temps la direction d'Altars, à main
droite.
Peu
après une barrière électrique
le
col apparaît. La
Collada
d'Altars.
Le chemin
poursuit
au-delà de la Collada. Permettrait-il de rallier la boucle ?
Cela rendrait le détour plus réaliste dans le
cadre d'une
randonnée déjà importante.
De retour ou de passage à la station, la piste poursuit en
faux plats montants
et entre au royaune des chevaux... peu soucieux de mes
impératifs horaires.
Je reconnais l'accès
au Coll de Triador
pour en avoir vu une photo sur Internet.
UTM : 31 T 337487 4702347
Col del
Triador
UTM : 31 T 337341 4702230
Col del
Triador
Retour
à la piste
Au carrefour suivant, en aller-retour,
UTM : 31 T 337552 4702575
sur
un chemin qui s'élance vers un col inconnu de
mes cartes mais d'aspect important *
(* sur Google Earth, une photo d'origine "Pedals de Foc", y place
là le Coll Triador ?)
maintes
sentes, à main gauche, permettent
d'atteindre les Colladons
de Pamano : trois petits cols, qui justifient
probablement l'usage du
pluriel. Je choisis de placer mon waypoint sur celui du milieu.
UTM : 31 T 337227 4702678
De
retour à la piste principale, je dépasse la
circulation
montante et me fais rejoindre à un abreuvoir par... deux
vététistes espagnols.
Nous nous revoyons
un peu plus
haut. L'air de rien, je les attends. Avant de descendre vers El Collet,
je voudrais leur avis sur la position de cette passe que ma carte situe
approximativement.
Les deux cyclos ne
sont pas "du
coin". Ils participent à une organisation dont je ne retiens
de
l'intitulé que le mot "Pédale" et encore parce
qu'ils me
l'ont montrée sur le vélo.
Internet m'en dira
plus qu'eux, au retour.
Pedals de
FOC
Ils partagaient leur circuit de 220 kilomètres en
trois étapes. Formule à la carte.
El Collet
partage
le domaine des vaches
el
Collet
et des chevaux. Un fil de fer
électrifié marque la frontière.
Je retrouve
la piste principale à la poursuite des prochains cols.
Bison
Futé avait
prévenu : "intense circulation ce week-end".
Je ne me rue pas sur les
pédales pour doubler. Tact et
discrétion sont de mise.
La
colonne
vertébrale de ce parcours me plaît
particulièrement
à l'exception générale des
aller-retour
piétonniers vers les cols environnants. Ici, je ne peux
toutefois pas les éviter. Les Coll de la
Portella de Baix et de la
Portella de Dalt
dépassent les 2000 mètres d'altitude. La
règle de
la confrérie des Cent Cols exige d'en récolter 5
par
tranche de cent. Même à cloche-pied, il me faut
les faire.
Sur
la droite, je mets en réserve le chemin des Pedres Blanques
pour le retour. Le Coll de la
Creu de l'Eixol ne saurait attendre.
La
suite du parcours s'étale sous mes yeux.
Si ce n'est quelques tâtonnements pour trouver la Collada de
Pedres Blanques
qu'un additif aux cols de Catalogne a, à juste raison,
déplacé dans un champs, la descente
finale est
proche.
Et pour le prix d'un col j'en ai eu deux. Le Coll de
Pedres Blanques est le premier lieu que
j'explore à la recherche de la collada.
(Deux autres cartes, découvertes depuis,
mentionnent le Coll sur la piste en un troisième endroit
pourvu
de roches blanches. Y en aurait-il trois ?)
Le Coll de Rat marque la fin de
la
récolte sans réduire la beauté des
sites traversés.
(Là encore, des cartes différentes,
situent le col en des lieux différents)
Demi-tour pour
passer sous le Coll de Pedres Blanques et bifurquer à droite
dans une interminable descente.
Un village apparaît.
Je sais
devoir en traverser un. Son nom m'échappe. J'ai fait
l'économie d'extrait de
cartes.
Sur place, la pancarte dira : Escart.
Le
chemin se transforme en route et contourne le village. Le croisement
d'une auto et d'un vélo devient problèmatique. Je
ne
voudrais avoir à y circuler en voiture.
La route de Sort, si c'est bien
elle, emprunte la vallée que je rejoins au village d'Escalo.
Regagner Rialp
ne vaudrait pas une ligne si je trouvais une
borne, une pancarte directionnelle, une indication quelconque me
certifiant que je suis sur la bonne voie.
Certes les raisons de se
perdre étaient nulles. Aborder la grand' route par
la droite relevait de l'évidence.
Après
plusieurs
kilomètres de faux plats contre un vent actif je commence
à m'interroger. Je possède encore
l'énergie
suffisante pour regagner Rialp
en BTT et Saint-Pons en
voiture,
mais pas pour taquiner des cols en cas
d'erreur.
Le vent compense son handicap par un réconfort.
Le temps
est ensoleillé et le souffle me vient de face. C'est donc
que je
descends la vallée.
Les petites routes
croisées
sont parfaitement balisées.
Celle plus importante sur laquelle je me débats reste avare
d'information jusqu'à l'entrée de Llavorsi. Un
panneau
prétend que je viens de la direction du Port de la Bonaiga.
Comme je l'espérais.
Comme cela doit être.
Dans le village, une pancarte prévoit Sort
à 11
kilomètres.
Ce sera dans mes forces d'autant que je m'arrête avant.
Je renforce le train.
Nouvelle indication, Sort
: 13
kilomètres.
Coquin de Sort
! S'il doit en être ainsi
désormais, autant qu'il n'y ait plus de pancartes.