Après
une
pause pour laisser souffler les
cols catalans ibériques, j'envisage une reprise de
la chasse. Reprise modeste
afin de ne pas décourager, Mathieu, mon nouveau
voisin qui
se propose
à partager la randonnée et aussi le volant. J'ai
préparé plusieurs destinations. La
météo du
dimanche 16 septembre dicte notre choix.
Saint-Pons, Narbonne, Perpignan, Bourg-Madame, La Seu d'Urgel.
Avant la frontière andorrane, sur la gauche, une petite
route grimpe à Civis.
Au départ de Civis,
village espagnol aux confins de
l'Andorre,
nous envisageons de nous attaquer aux coll d'Ares, coll de Laquell, coll del Bony Moscater
et coll Raser.
Trois plus de 2000
mètres.
Je n'ai, à ce jour, jamais dépassé ce
village, faute de
vélo approprié. Mes VTT sont par
conséquent du
voyage.
A ma demande, un des deux seuls habitants rencontrés pointe
l'index en direction
de notre premier objectif : le coll
d'Ares. Il s'agit, pour y monter,
de descendre quelques centaines de mètres par la
route
jusqu'à l'embranchement d'un chemin "de tierra"
où aucune
pancarte ne confirme la bonne direction mais où aucun indice
n'alerte du contraire.
Il faut plus que cette incertitude pour freiner
notre ascension
à vue. Ma très mauvaise forme,
conséquence d'une
très mauvaise nuit, suite d'une exécrable
semaine, pourrait y parvenir si nous étions
pressés. Ce n'est pas notre cas.
Les paysages méritent
l'attention et les arrêts qu'on leur
prête.
Une pancarte, au coll d'Ares,
se borne à annoncer notre entrée dans le
Parc Natural de l'Alt
Pirineu.
La borne quant à elle, reste muette. Nous en concevons une
légère amertume.
Une courte descente donne l'occasion à mon GT de
signifier
qu'il a passé l'âge de dévaler les
montagnes, avec Matt, à mort.
Si en d'autres temps, il a su, de la même manière,
me "coincer" durablement dans des lieux impossibles, aujourd'hui
dans les mains d'un futur bachelier en mécanique, il ne
provoque
qu'un
renversement de situation qui se retourne contre lui.
La pente, de nouveau montante, résiste guère
à notre avancée. La multitude de passes qui
s'offre à nos yeux me laisse
perplexe.
Et je ne suis pas seul à m'interroger.
Tandis qu'un troupeau de chèvres nous
offre le
prétexte
d'une halte, nous profitons de la situation pour
partager l'expérience topographique du berger. Dans sa
bouche,
le Coll de
Laquell devient "La couillada". Je ne parviens pas à
comprendre comment il baptise l'ensellement qui
nous nargue
de face depuis bien longtemps. Ma carte le nommerait : coll del Bony
Moscater.
Peu importe !
Ma préoccupation principale se concentre sur le coll del
Raset que mes
différentes sources d'informations situent soit sur un
chemin
soit sur un mauvais sentier. Le pâtre, comme ses caprins,
mélange
allègrement sommets et cols. La couleur de l'herbe y est
partout verte.
L'évocation du coll
del Raset rend pourtant l'homme disert
et
précis. Il nous en indique l'emplacement et
insiste sur le
fait
qu'on y accède à travers champs.
Le Coll
de Laquell
sépare
deux vallées à l'endroit convenu. Et il dit son
nom.
Comme recommandé par le berger, nous ouvrons et refermons le
portail d'accès au chemin très cyclable qui
serpente en direction de notre
prochaine destination.
Un faux-plat entame le contournement de la Serra de Trescul.
A la source nous en comptons davantage.
Les vaches sont nombreuses.
L'ultime côte
ne se déploie qu'après "l'abreuvement" du
randonneur.
Lecoll del Bony Moscater, placé sous surveillance bovine, est le
sommet du parcours dans
toute l'acception du terme. Nous avons affaire à un col
digne de
ce nom. Il a été en point de mire une longue
partie de
l'ascension.
L'accès au coll
del Raset donne à Matt
l'opportunité de mettre au point une technique
intermédiaire entre le poussage pénible du VTT et
son
portage
éreintant... sur certains Sentiers
côtés 3.
Car
contrairement au topo
7 (des 100 cols), nul chemin (R2) ne contourne le Bony Moscater. Le
berger avait raison.
La technique, elle, reste à breveter.
Entre le Bony Moscater
et le Bony de Costa
Llimpia : le coll del Raset
marque la fin de notre progression.
Quand on débute la randonnée en haute montagne,
il faut apprendre à apprivoiser les vaches...
Quand on débute la randonnée en haute montagne,
il faut
surtout savoir rester raisonnable pour que les bons souvenirs gomment
l'effort consenti. Quand on roule, malade, aussi.
Pour Mathieu, parmi
les bons souvenirs, il y aura surtout la descente.