Dans
l'hiver, j'ai repéré un chapelet de cols sur une
carte de la région de Pont
de Suert, province de Lerida. J'ai aussitôt
bricolé un parcours
à expérimenter aux beaux jours.
Les
beaux jours ne sont pas toujours beaux.
L'occasion de randonner entre 1400 et 1800 mètres d'altitude
par temps clément quasi
assuré, se présente enfin à la
mi-septembre. Le thermomètre va jusqu'à
m'autoriser à passer la nuit à pied
d’œuvre.
Le Coll de la Creu de Perves,
point
de départ de la randonnée VTT, attendra ce soir,
au retour, pour entrer dans ma liste des cols franchis.
UTM
:31
T 322313 4691787
Une autre façon de le mettre en
boîte.
A une centaine de mètres en direction de La Poble de Segur,
prend naissance, en toute discrétion, la Pista de Prat d'Or.
Le chemin s'élève gentiment pour descendre
au
Coll d'Art
La piste principale, de qualité moyenne*,
exige fidélité. Les échappatoires
à gauche et
à droite conduisent... à se fatiguer avant
d'avoir
à faire demi-tour.
*R1/2
Font de Mates
Le carrefour avec la Pista
de la Borda del Teuler précède le
passage à flanc du Tossal
Gros.
On approche de la
Collada de les Terres.
Parmi les vaches curieuses
et
les chevaux indifférents
je progresse tant, dans l'ignorance de ma position, que dans
une direction supposée bonne.
L'intersection prochaine avec une large piste montant sur ma droite,
apporte un élément bienvenu de repère.
Au Coll Sant Pere, mon
chemin rebaptisé depuis peu, par la volonté de ma
carte, "Pista de Rials",
abandonne le terrain au profit de l'importante piste aperçue
naguère. Bizarrement celle-ci, en provenance de Sentis, se
présente aussi comme la "Pista
de Prat d'Or".
Enfin repéré sur la carte au 10
000ème, je ne
songe pas à en consulter d'autres qui pourtant mentionnent
dans
ce secteur, un Grau de
les Barrancs et un Coll
de Massivert.
Je
ne "sauve", in extremis,
qu'un Coll d'Or(1)
passé inaperçu au moment de la
préparation du circuit.
Et pourtant, voisin du Prat
d'or(2)
desservi par des Pistas du même nom, ce col ne peut manquer
d'importance.
(1) Semble être la Collada d'Alstret (ES-L-1425a)
(2) Sur une carte plus ancienne au 40 000ème,
le prat d'Or devient Prat d'Hort.
Cette carte manque de poésie.
Au passage de la Borda
de Montlau
le Coll d'Or se dessine.
Coll d'Or ou Collada
d'Alstret.
Un chemin se tient à disposition du "puriste"
qui tient à mettre les roues au centre du champ.
De retour à la piste principale, large
et accueillante, je reprends le cours de ma progression vers l'objectif
suivant :
la Collada de GuarnerouColl de Guaruc.
Le panorama permanent donne à voir,
de l'autre
côté du vallon, les
cols qui parsèmeront l'itinéraire de retour.
L’œil
ne manque pas de plonger aussi sur un hameau
que la carte nomme Sas.
Sas a son
col, le...
Coll de Sas.
Au franchissement, le Coll
de Sas ne paie pas de mine.
En cours de descente, il gagne en allure maisne
dévoile sa véritable ampleur qu'au
recul du versant opposé.
L'ampleur du hameau de Sas
s'appréhende
sans prise de distance. Sant Miquel dans
sa chapelle goûte à la vie d’ermite.
Sant Bartomeu
à Erta,
1800 mètres plus loin, 130 mètres plus haut,
se trouve logé à la
même enseigne.
La boucle que je tente de nouer est en forme de fer à
cheval. A un bout le Coll
de la Creu de Pervès, à l'autre, le Port de Viu que je
vise de rallier. Au milieu un vallon. Il sépare mes
deux séries de cols de part et d'autre du Riuet du Port d'Erta.
Derrière moi, la haute montagne, le Cap
des Vedats d'Erta
: 2631 mètres et le Pica
de Cervi : 2750 mètres.
Je poursuis ma remontée et
bifurque
soudain à droite, sans vérification
préalable ni réflexion
approfondie. En effet, lors de la préparation de ce
périple j'ai abandonné
l'idée de "monter" au Coll Major,
faute d'avoir pu
en déterminer la nature de l'accès. Ce type de
pulsion
m'amène souvent à gaspiller
des forces vers des objectifs incertains. Mais aussi,
dépasser
la raison m'a permis un jour de boucler les 200 kms de
l'Ardéchoise en me lançant, à
Mézilhac
dans la descente d'Entraigues...
lors
de ma première participation, pour ma première
année de vélo et de sport, lors de mes premiers
cinquante ans.
Aujourd'hui, de nouveau, je ne regrette pas mon audace. Le chemin
s'avère
entièrement cyclable,
seule
sa direction entame mon plaisir par instant.
Il part vers les sommets locaux sans se soucier de la passe
qu'il faut ensuite aller chercher à travers champs,
après avoir concédé à
l'admiration des lieux, naturellement.
A main gauche, un col magnifique. Ca ne peut pas
être...
Ma carte le confirme. Dommage !
A
droite, en revanche, je découvre, dans la verdure
arborée, l'autre face duColl Major. Un lieu magique, propice au pique-nique,
sous
le regard hautain
d'autres cols qui ne perdent rien pour attendre. Le Port
d'Erta, le Pas
de Llevata et autre Collada de Bassettes
ne sont pas à l'abri de me
voir un jour débarquer, par l'autre versant.
Pour l'heure il s'agit de redevenir sage en
regagnant la
piste principale
là où je l'ai
quittée.
Face à Erta.
La difficulté consiste désormais à
identifier les passes que je franchis en enfilade :
Coll
de Fades
Coll de Peranera
De l'autre côté de la vallée, je
reconnais le hameau de Sas
sous le col du même nom.
En poursuivant :
la Collada
de la Menal
Collada de la Menal
La succession de cols induit une succession d'arrêts qui
m'offre
l'opportunité de jeter un oeil curieux sur les hauteurs
voisines
: l'Erill Castell
et la Collada.
L'autre oeil, plus inquiet, se plonge dans le creux où se
trouve
l'avenir. Des cartes m'ont permis d'établir ce parcours sans
me
renseigner sur la manière d'en sortir.
Il serait étonnant que les habitations en dessous ne se
trouvent
pas reliées à la civilisation
routière.
Dans cet espoir, j'entame la descente par la
Collada
de Salasa
et la Colladeta
de Forcons.
Avant de rechercher le meilleur moyen de rallier mon point de
départ, il me reste encore à trouver
et à emprunter un chemin vers une trilogie de cols
environnants.
Deux pistes se suivent. J'opte pour la seconde,
moins
raide en son amorce, plus encourageante en sa
perspective. Ma carte prétend que les deux
itinéraires se
rejoignent sur un premier col.
Géographique.
Une carte plus ancienne
mentionne un
Coll de l'Hostalet,
tout
proche.
La continuation de la piste principale fait descendre
à
l'Hostalet de Massivert, que je
n'atteins pas, par la grâce d'une Vierge nichée
quelques dizaines de mètres
au-dessus de l'édifice. Je dois à la Madone mon
arrêt. Je dois à une antenne domestique
de télévision, plantée au ras du vide,
de me pencher sur mon erreur.
Au Coll
de l'Hostalet, péniblement regagné,
s'élève une piste,
sans direction annoncée,
qui franchit tout d'abord la
Collada Llobera,
avant de s'ouvrir sur la
Collada
Blanca.
Je n'éprouve
guère de
difficulté à m'orienter, en revanche je peine
à
nommer les passes. Par précaution, je poursuis
jusqu'à un prochain col qu'un trop-plein
d'évidence
me fait prendre
pour la Collada Blanca.
La Collada
Blanca,
la vraie,
semble aussi connue sous l'appellation de La Colladeta.
Je
ferme la porte
à
la tentation de raccourcis incertains vers le
flou de mon prochain objectif.
J'entends rejoindre
la piste
principale
qui devient route
à l'approche du carrefour de Castellars.
L'asphalte
poursuit sa descente. Seule une pancarte
"Finca Privada" tente de me faire douter du bien-fondé de
mon choix
directionnel.
Au carrefour
de la route de Malpas
je me trouve à 2 kilomètres
de la Nationale 260.
A
gauche, La Pobla de Segur,
33
kilomètres. Mais avant,
le
tunnel de Viu
annonciateur du
Port de Viu.
Un petit sprint gagné de 10 roues sur un
vététiste satisfait de s'en prendre aux "vieux",
m'ôte
tout
prétexte pour
refuser
de me hisser par la droite
jusqu'au
Coll de Sant Roc de Viu annoncé, au
pire, à 45 minutes.
L'ascension
élève le point de vue
et abaisse la moyenne.
Coll de Sant Roc de Viu
J'ai envisagé de tenter de rallier le
Coll de Fa-riure
par une sente sommitale
ou
le long de traces en forme de chemin, à flanc de
montagne, mais le nombre d'ensellements accessibles ensuite me pousse
plutôt à
y consacrer une randonnée spécifique.
C'est donc par le Port de Viu
et la
nationale que je poursuis ma remonté.
J'ignorerais
encore avoir franchi le Coll
de
Llevata, si,
un
passage évident, à main gauche,
n'avait attiré soudain les roues du VTT.
Un col, un vrai, un beau... à chercher sur une carte.
Et en cherchant sur la carte je découvre d'abord le Coll de Llevata.
Bonne pioche !
Ensuite, déception, pour mon col champêtre,
"Tintin". Il ne se signale que par l'appellation : el Congostell.
Au Puerto
de Perves,
au moment de partir, je m'aperçois que l'accès au
Coll de Sarset,
bénéficie
d'un chemin
d’aspect
carrossable.
Carrossable,
cyclable, mais interdit. Au moins pour
aujourd'hui.
Le massif, de ce côté de la nationale,
recèle un nid de cols qui méritera une
chasse spéciale.