Contrairement
aux lieux habités qui donnent leur nom à un col,
ici, 36 kilomètres au sud de l'Andorre, le coll de
Nargo abandonne statuts et titres à un village.
Non homologué, il nargue les chasseurs de cols. En revanche,
en
attirant l'attention sur lui, il met en évidence la
concentration de "vrais" cols alentours et incite à les
insérer dans une boucle.
C'est ce que je fais ce 3 août 2007.
Rentrée
sans encombres de Camprodon, la
semaine dernière, le moteur de ma voiture, dès
les
premiers tours de roues, se trouve pris de hoquet.
La
météo commande. Les
embouteillages prévus pour demain samedi m'incitent aussi
à ne pas modifier mon programme.
Je monte le col
de Sainte Colombe.
J'aviserai en
haut. Puis à Narbonne. Puis à Perpignan. Puis
à Prades. Puis à la frontière.
Je suis à ColldeNargo.
J'essai de ne pas trop me laisser perturber par les ennuis
mécaniques et les incertitudes de mon voyage retour. La
beauté des lieux m'y aide.
D'entrée,
je concilie recherche de mon itinéraire et visite du village.
Je
franchis pour la gloire le col
géographique de coll de
Nargo. Sait-on jamais ! Un jour une carte peut faire dans
le détail.
Coll
Piquer,
a l'air
d'être connu. C'est un lieu d'escalade.
L'asphalte
m'aide à surplomber rapidement le village perché.
La
route rend les armes avant même mon premier objectif. Point
trop n'en faut.
Déjà
m'apparaissent "les
géants de coll Piquer".
Ce
matin, le site d'escalade n'est pris d'assaut que par un seul
pratiquant.
La pancarte "Coll
Piquer",
aussi.
La
position de l'écriteau
incite à poursuivre en enjambant une chaîne. La
punition se trouve au bout du chemin, sous la forme d'un champs.
La
piste de gauche - en revenant du pré - conduit en direction
opposée.
Je remonte jusqu'au plus proche "géant" où la
camionnette
de l'escaladeur m'avait masqué le chemin du Grau de Miquelet.
Une dose de vélo mâtinée de marche me
hisse
au Grau
de Miquelet,
mon second col.
Un
long parcours sans cols... officiels
me sépare encore de Montanissell. Mes extraits de cartes ne
sont
pas à jour. Je dois procéder par
déductions
successives pour parvenir au village.
L'apparition
de laCapella
de
la Mare de Déu de la
Providènciaconfirme
ma bonne direction au moment même où elle ne fait
plus de
doutes. Je me rapproche peu à peu d'une route que je dois
rejoindre à Montanissell. Montanissell
Deux
cyclistes
parviennent au village où ils font demi-tour en
même temps que
l'asphalte. Ils redescendent à Coll de Nargo pour
attaquer
le Coll de Boixols
que j'espère franchir
avant eux par le flanc opposé.
La
suite de l'itinéraire se
poursuit sur une route non goudronnée. La pente s'en trouve
adoucie et l'état du sol permet l'adhérence des
pneus du VTT. Je fais
enfin du vélo en continu. Lecoll de Paller
offre
une
vue dégagée sur les prochains passages
à franchir :
les coll
de l'Apallador et coll de la
Via.
Le coll
de la Creu de Ferri
n'est pas à passer dans la foulée.
La
descente attendra. Par la droite je dois atteindre le Coll
de Llivia et un peu plus haut la Collada
del Rei, point culminant du parcours.
Les 300 mètres de dénivelée ne sont
pas les plus
pénibles. Je m'offre une motivation
complémentaire : je
pique-niquerai en haut.
Au
retour, la route en direction de ColldeNargo, commence par monter. Il
faut atteindre le
Coll de Boixols.
Je
laisse sur la droite une route (et non un
chemin comme prévu par ma carte) par laquelle je poursuivrai
mon
parcours après être descendu "chercher"
le coll
de la Mola,
Els Vilars, n'est
séparé du goudron que par un col
géographique sans intérêt autre que
visuel.
Je sais que non loin j'aurais à bifurquer sur la gauche,
dans un chemin conduisant au
coll de Fau.
Je
vois des ensellements partout. Lequel est
le bon. Leur proximité m'engage a les franchir tous.
"Chauvot" y
reconnaîtra les siens.
Il
s'agit maintenant de remonter
reprendre
la direction de Gavarra
pour poursuivre la boucle.
Un
chemin croise bientôt ma route à la collada
de Cal Calçao.
La
tranquillité de la chaussée ne doit pas faire
oublier un aller-retour
au
coll de Caborriuque l'on n'atteint qu'au pied
du hameau du même nom. Sur le trajet, les faux cols abondent.
Le coll de Conseu est cité
dans de nombreux parcours
pédestres et
BTT.
Aussi
a-t-il droit à une
pancarte.
Le coll de Monics
remplit les mêmes fonctions que le
précédent, mais
n'a pas droit au même traitement signalétique.
Cela ne
m'empêchera pas de le franchir deux fois. La
fin de
mon parcours l'impose. Gavarra40
habitants, 1123 mètres d'altitude et
un robinet d'eau fraîche.
En poursuivant, je franchis le pendant du coll de Monics : le coll
d'Estauvau.
Le
chemin, au départ du coll
de
Monics, me conduit à Font d'Isot (1060 m),
non
indiqué
sur mes notes. Un couple de sympathiques promeneurs catalans me met
dans la bonne direction.
Les
chemins rencontrés refusent
de se conformer au tracé de ma carte trop ancienne. Ils
seront
mis à la raison par Google Earth qui n'hésite pas
à les prendre de haut.
Je lui dois de trouver la collada
d'Aubenç.
Ma piste, vexée, appelle du renfort. L'accumulation de
chemins,
au col, parvient à m'embrouiller. Je poursuis par celui que
j'avais décidé de ne surtout
pas prendre.
Je m'aperçois de mon erreur
à
la pancarte : Cal
Barcelo.
Un
document
trouvé depuis sur Internet fait mention d'un Coll de Cal
Barcelo. Est-ce une invention destinée
à pimenter
un
parcours VTT ou une carte indique-t-elle cette passe ?
Peut-être
un jour ne regretterai-je plus cette erreur d'orientation.
Serradarques
Cingle de Serradarques
L'expérience
de mes dernières sorties
m'a fait ressortir mon camelbak de la naphtaline. Reparti de Gavarra
avec
3 litres d'eau, je ne peste pas contre le caractère rustique
de
laFont de Serra d'Arquesdestinée
à un bétail dont je n'ai pas encore vu la
première tête.
L'Oliva
Les Masies de Nargo
Je
retrouve la route quittée plus haut entre
les coll de Boixols
et coll de la Mola.
Elle me conduit à
destination.
Je
retrouve Coll de Nargo
par, divine surprise,
la rue où ma camionnette est garée. Je
m'imaginais
déjà devoir ré-escalader le village.
Il n'en sera
rien.
Toutes difficultés ne s'évanouissent pas au
passage de
l'église Sant
Climent de Nargo.
Je dois encore rentrer à la maison avec un
véhicule dont le moteur hoquète. Je serais
moi-même
pris de ce mal, qu'il me passerait instantanément. Les
frayeurs
que me procure ces arrêts incessants de la carburation y
pourvoiraient.
Le
week-end passé, j'amène le
véhicule en consultation. Plus le moindre soubresaut. A-t-il
été lui-même guéri du hoquet
par la peur ? La facture me le dira.