Ce feuilleton relate le
tout premier voyage en
Afrique de l'auteur. Il n'a jamais fait l'objet de
publication mais illustre les paysages et certains lieux dont il
est question dans ses livres.
L'imprécision de notre carte au 1/400 000ème nous
oblige à demander notre chemin à la population
rencontrée. C'est ainsi qu'en fin d'épisode
précédent nous nous trouvions
contrariés dans notre avancement.
Avec
l'aide d'un motard français rencontré
à Ngaoundéré,
d'un capitaine de
gendarmerie et de son chauffeur bloqués entre-temps
derrière nous, avec
l'aide du tire-fort, de son câble et d'une longue corde
amarrée d'arbre
en arbre, avec l'aide du temps africain ignoré des pendules,
nous
parvenons à franchir l'obstacle avant la nuit.
La
R6 n'en a
pas pour autant fini avec ses
problèmes de garde au sol. Le tablier d'un pont fait de
branchages requière de
notre part un supplément d'ingéniosité.
Nous avons visiblement changé de climat, de type de
végétation, de type d'habitat
de
type de piste. La grand' route étale maintenant son
tablier de latérite gondolée.
La
tôle ondulée produit ses effets sur
les
roues de la R6
surchargée. Il n'y a là rien de bien grave.
Quatre coups de marteau et ça
repart. Peut-être est-ce même là,
après les coups de marteau ?
La roue gauche plie, mais ne rompt pas
contrairement
à son opposée de droite, moins
malléable. Fissurée tout autour des gougeons,
elle donne sa démission.
La
latérite, au-delà de sa réponse
ondulante aux
attaques répétées des suspensions
automobiles, confère à la chaussée
deux particularités
non négligeables. Par temps sec elle se soulève
et s'insinue partout sous forme
d'une poudre ocre ; par temps humide, elle devient glissante
comme de la
glace.
La piste épouse le relief sans détours, aussi
tous
les camions ne parviennent pas au bas des descentes.
A
quoi reconnaît-on de loin un passage à
niveau ?
Cela me rappelle un anecdote vécue dans la cour de la gare
de Parakou, au
Bénin. J'attendais le départ d'un car qui ne
bougeait pas. Je finis par me
renseigner auprès d'un voyageur :
- Quand est-ce qu'il part le bus ?
- Il part quand il arrive le train !
- Et quand est-ce qu'il arrive le train ?
- Ca dépend de s'il déraille ou de s'il ne
déraille pas.
La
végétation s'anime soudain, en bord de piste.
Nous allons
voir.
De grands singes reculent au fur et à mesure que je m'avance
pour les
photographier. Un
automobiliste complaisant s'arrête pour nous informer
qu'il s'agit de cynocéphales, bêtes dangereuses
qui cherchent à nous attirer dans
la forêt et pourraient nous encercler...
Il paraît que ces animaux enterrent leurs morts !
Une économie que je ne suis pas pressé de
réaliser.
Nous sommes entrés dans la
forêt équatoriale, domaine
des pygmées.
L'eau
est maintenant présente
obligeant à s'aventurer sur maintes constructions de bois.
La faune change,
les dents carnassières restent.
Qui aurait dit, il y a quelques jours, que l'on aller pêcher ?
L'afflux
de liquidité génère d'autres dangers.
Les risques
visibles ne sont pas forcément les plus redoutables. Amibes,
filaires et autre
joyeusetés infestent les eaux plus ou moins stagnantes et
cherchent la moindre
plaie pour s'inviter dans le corps humain.
L'afflux
de liquidités, dans les bars, est en
revanche plus sympathique.
Plus rien, sinon un contrôle routier
déjà décrit, ne va contrarier notre
progression vers Douala.
Pourrons-nous obtenir facilement un visa pour traverser le
Nigéria en sens inverse ? Pourrons-nous
obtenir rapidement ce visa ? Dans
l'attente, où logerons-nous, dans une ville
immense et paraît-il dangereuse ?
Quelle sera la prochaine étape ?
Y aura-t-il une prochaine étape ?
A ces questions ou à d'autres, vous trouverez,
peut-être, réponse dans
l'épisode à venir...