Ce
feuilleton relate le
tout premier voyage en
Afrique de l'auteur. Il n'a jamais fait l'objet de
publication mais illustre les paysages et certains lieux dont il
est question dans ses livres.
Clic, clic... ça bouge !
Nous voilà sauvés !
Eh bien non ! c'est le rocher qui bouge.
Nous devons notre salut, vers midi, à un camion, un Man
nigérien, à son chauffeur, ses occupants et
à
l'immense corde déployée jusqu'à notre
auto-immobile.
Il eût été ennuyeux de devoir
abandonner
là, mécanique et projets, en un lieu qui gagne
à rester désert.
Désert qui ne manque pas d'épaves.
C'est ici où l'on
risque le moins de se perdre que l'on
trouve le plus de points de repère.
Contrairement aux
cimetières discrets des éléphants, les
chevaux de
ces voitures ont choisi de rendre l'âme, au vu et au su de
tous, en un point de passage quasi obligé.
La plupart des traces, légères ou profondes,
convergent ici.
Le lieu est mythique. Il est
connu de tous les voyageurs transsahariens. L'évoquer suffit
à faire
dresser les cheveux sur la tête d'un
gominé.
Les Dunes de Laouni.
Pourtant à
première vue, la difficulté semble modeste. C'est
là sa traîtrise.
Par chance, lorsque nous abordons la zone à risques,
celle-ci se
trouve déjà empruntée. Deux fourgons
à
l'arrêt dissuadent de foncer têtes
baissées dans les pièges successifs. Les
chauffeurs des
deux camping-cars n'en finissent pas d'analyser le passage qu'ils
déclarent
délicat. De profonds trous arides espèrent
s'abreuver aux
prochains radiateurs en fuite des véhicules imprudents.
L'antique Renault est
mené par un Français assisté de son
épouse. La camionnette rouge héberge un autre
couple.
Les atermoiements de nos
prédécesseurs nous inquiètent en ce
qu'ils
pourraient nous retenir plus que de raison sous un
soleil de mèche avec les Dunes.
Je me propose pour tester les difficultés
répertoriées. Le risque est calculé,
nous
disposons de main-d'oeuvre
cas ou. Et si, ensuite, l'un des camping-cars reste
coincé dans la passe, au moins, nous serons devant.
Je fais tout pour rouler en périphérie
des cavités immenses dans lesquels beaucoup piquent,
s'appesantissent et s'enferrent jusqu'à la garde.
Les mots d'ordre :
élan, précision et chance, étaient les
bons.
La fin
prématurée de nombreux véhicules
transforme les
Dunes de Laouni en cimetière d'aventures.
Notre passage en force encourage les deux camping-caristes à
tenter leur chance, mais à leur façon.
Leur façon, beaucoup plus en douceur,
s'appuie sur la notion africaine du temps et sur nos bras disponibles.
Ces voyageurs et nous, sommes amenés à nous
revoir.
En attendant nous préférons circuler à
notre rythme vers In Guezzam, notre prochain but commun.
Maintenant, seul un moment d'égarement peut amener
à se perdre. Une piste ferme et sans
ambiguïtés nous propose de passer à la
leçon suivante.
Le Sahara procure de grandes joies. Il apaise. Il
remet toute chose à sa place. Mais il est un
maître exigeant.
Sur quel exercice
pratique son prochain enseignement va-t-il se fonder
? Le cours des choses tiendra-t-il compte du bas niveau de notre
véhicule ?
Vous
le saurez...
peut-être, en parcourant
l'épisode suivant
: