Le train de voyageurs 3533 qui part du Vigan à 9 heures 15 du matin contenait un assez grand nombre de voyageurs.
Parmi eux se trouvait M. Galtier, sénateur de l'Hérault ; M. Bousquet,
ancien député du Gard ; M. Paul Albert, pasteur à Avèze, etc., etc.
A Congéniès le train a dû stationner 1 heure 45 par suite d'une avarie sérieuse à la locomotive.
Force a été de réclamer une machine de secours à Sommières...
Le train 3533 repart
donc avec un retard déjà considérable, augmenté encore par des
stationnements inexpliqués dans les gares intermédiaires entre
Congéniès et Langlade, Calvisson et Nages.
Le train 3533 reçoit enfin le signal du départ.
Il allait arriver à Caveirac dans quelques minutes lorsqu'un choc
épouvantable se produisit. Les voyageurs furent lancés les uns contre
les autres avec une violence inouïe...
L'emprunteur de la voie verte de la Vaunage traverse, sous double protection, un ancien fossé
Le rapport hydraulique
de la "Direction Départementale des Territoires et de la Mer du Gard",
dans un jargon propre à ses services, illustre son propos de la photo de l'ouvrage qu'il nomme "exutoire".
Tamponnement du 7 octobre 1899
Une seconde après des cris de douleur et de détresse retentissaient.
Le train de voyageurs venait de se rencontrer avec un train de
marchandises remontant l'unique voie de la ligne de Nîmes au Vigan...
Les trains traversaient là le probable passage à niveau
non gardé d'un chemin d'accès aux cultures ; chemin prolongé comme le montrent les photos aériennes de 1962.
Tamponnement du 7 octobre 1899
La ligne au point où a eu lieu l'accident suit une courbe dans une
tranchée et il est possible que les deux mécaniciens n'aient pas pu
s'apercevoir réciproquement l'un l'autre...
Aucune tranchée n'est en courbe entre Caveirac et Langlade.
Le
journaliste a vraisemblablement confondu avec le long contournement du Serre de
Fourier, en balcon au-dessus de l'actuelle D 40.
KM 1 de la voie verte de la Vaunage
Néanmoins des cultivateurs occupés sur des hauteurs apercevaient de
loin ces deux trains marchant l'un vers l'autre et qui allaient
inévitablement se heurter. Et ici nous devons signaler la digne conduite d'une brave femme, dont
nous regrettons d'ignorer le nom, occupée dans un champ voisin de la
voie et qui avait, elle aussi, vu le terrible danger que courraient les
deux trains.
Elle courut à la palissade de la voie et là par ses cris, par des
signaux désespérés qu'elle faisait avec son tablier et son mouchoir,
elle essaya d'attirer l'attention du mécanicien...
Le chemin latéral,
comme l'ancienne plate-forme ferroviaire, enjambent les eaux d'un ravin
sur la voûte d'un aqueduc maçonné. Tamponnement du 7 octobre 1899
Hélas ! ses efforts furent vains. Le mécanicien ne l'aperçut pas, ou ne
prêta pas attention à ses gestes. Quant à ses cris, il est probable que
le roulement du train empêcha le mécanicien de les entendre.
Les mécaniciens, dès qu'ils purent s'apercevoir, soit à peine 30 mètres,
fermèrent bien les vannes de vapeur et sifflèrent aux freins.
La
distance était trop courte pour éviter l'épouvantable choc, d'autant
que le train 3533 (voyageurs) n'était pas pourvu des freins
Westinghouse et à plus forte raison le train de messagerie.
Le choc eut lieu avec un fracas épouvantable.
Un peu avant la rencontre, le chef de train de voyageurs, s'apercevant
du danger, sauta, malgré la vitesse du train, du fourgon de bagages.
Il s'est foulé la cheville mais il a eu la vie sauve car s'il était resté dans le fourgon il eût été broyé.
Le vagon du conducteur du train de voyageurs suivait immédiatement le tender de la locomotive.
Le choc a été si violent que la plate-forme du fourgon est passée
presque toute entière sous le tender ; l'avant du fourgon a été défoncé
et une grande partie des bagages, par suite de l'arrêt brusque du
train, a été projetée sur le charbon du tender...
un passage d'eau qui n'a pas exigé moins de travail que les autres pour être jadis maçonné sous la voie. Tamponnement du 7 octobre 1899
Quant à la calotte du
fourgon, elle s'est détachée et est allée tomber à quelques mètres de là
sur le côté de la voie... Les voyageurs indemnes s'empressèrent d'aller porter les premiers secours aux blessés.
Le mécanicien du train de marchandises fut couché sur des coussins de voiture. Il avait la jambe droite fracturée.
On relève en outre quatre ou cinq blessés que l'on installe du mieux qu'on peut en attendant des secours.
M. le docteur Gustave Bessières, frère de M. Marcel Bessières, conseiller
général, qui exerce à Caveirac, fut prévenu aussitôt...
Ce fut le premier
médecin qui arriva sur les lieux de la catastrophe et qui se mit de
suite à donner des soins dévoués et empressés aux blessés au nombre de
cinq ou six.
La gare de Nîmes G. V. avisée de l'accident formait à 4 heures un
train de secours contenant M. l'inspecteur principal ;
M. Bourret,
inspecteur général venu de Paris depuis quelques jours pour remédier au
désarroi complet qui existe dans la marche des trains depuis quelque
temps ; MM. les docteurs Tribes et Mourgues, un grand nombre d'hommes
d'équipe, de nombreux matelas, etc., etc.
Ce train de secours n'est rentré en gare de Nîmes qu'à 8 h. passés ramenant les blessés...
Le train s'engageait sur le tablier métallique d'un pont-rail
jeté au-dessus du "chemin vicinal ordinaire n° 3 de Langlade à Caveirac".
La voie verte de la Vaunage, qui affiche là son 1.500 kilomètre,
franchit l'obstacle sur une dalle de béton.
Tamponnement du 7 octobre 1899
Au départ du Vigan, on avait ficelé les portières de trois voitures qui
ont particulièrement souffert puisqu'elles ont été mises en pièce.
La 2e voiture vide est montée sur la 4e, la 3e est montée sur les deux
autres et le tout réuni ne formait plus qu'un amas de débris informes. Par suite de cette circonstance providentielle que ces trois
voitures avaient leurs portières ficelées aucun voyageur n'y put
pénétrer.
Si elles avaient été par malheur mises en service, il y aurait certainement des morts à déplorer à l'heure actuelle...
La gare de Nîmes avait expédié un train de marchandises spécial au
Vigan pour débarrasser la ligne de Nîmes et Sommières.
Ce train était
annoncé régulièrement de gare en gare.
Arrivé à Caveirac, le chef de cette gare télégraphia à son collègue de Langlade :
"Dernier train reçu de Langlade est train 3531, je vous envoie train spécial de messagerie".
Le chef de gare de Langlade répondit :
"Dernier train expédié vers Caveirac est le 3531 train spécial"...
un passage d'eau sur un ancien aqueduc maçonné, voûté, aujourd'hui "busé". Tamponnement du 7 octobre 1899
Quelques minutes après, le train de voyageurs 3533 venant du Vigan, entrait en gare de Langlade avec un retard de 1h. 1/2.
Le chef de gare, soit qu'il ait oublié la dépêche qu'il venait de
lancer, soit par distraction, fit partir pour Caveirac le 3533 qui,
arrivé au kil. 80.800, rencontra le train spécial dans une courbe
qui avait empêché les mécaniciens de s'apercevoir à plus de 30 mètres.
Le PK 80.800 ne se trouve ni dans une courbe ni
dans une tranchée, mais ici sur un remblai, en pleine ligne droite, près
d'un aqueduc
Les voyageurs du train 3533 se sont rendus à pied à la gare de Caveirac
et sont rentrés à Nîmes à 8 heures du soir, quitte pour la plupart pour
un retard considérable et une forte émotion.
Un transbordement a été
organisé des deux côtés de l'obstruction de la voie. Pour
les trains suivants, le déblaiement a commencé aussitôt. Ce matin à
6 heures la circulation était complètement rétablie.
Le prochain village, maintenant en vue, invitera bientôt le randonneur à
Découvrir Langlade
Quittez la Voie Verte et
allez déambuler dans les petites ruelles bordées
de vieilles maisons
qui vous conduiront à la découverte d'un
patrimoine bâti magnifiquement
restauré.
Du lavoir, dirigez-vous vers le temple, n'hésitez pas
à entrer dans ce
lieu de culte où la sobriété de
l'architecture fait ressortir
l'imposante voûte en plein cintre...
Auparavant, il faudra encore franchir, entre autre,
Poursuivez votre visite par l'ancien four à pain communal
situé à
proximité. Il rappelle le temps où ce
bâtiment était un lieu de
rencontre et de convivialité.
Continuez votre balade sur les hauteurs de
Langlade et plus précisément au moulin
à vent datant du 17ème siècle,
récemment restauré.
Vous y apprécierez le
panorama
sur la plaine de la Vaunage composée de vignes, d'oliviers
et de champs
de céréales.
Au-delà, dans la garrigue, vous suivrez le circuit des
capitelles.