Gare
de Sant Joan de les Abadesses UTM
:31
T 440976 4676409
Sant-Joan de les
Abadesses sur
la carte
Météo
Sant Joan de les Abadesses
20
octobre 2008
Ni
les conditions climatiques,
ni les cours de la bourse ne m'ont permis jusqu'alors
d'expérimenter un
projet de 4 circuits VTT au départ de Sant
Joan de les Abadesses,
près de Ripoll en Catalogne espagnole.
Pour tenir compte des lumières déclinantes de
l'automne et de
l'économie ambiante, je réduis
mes prétentions
à une "boucle" d'une quinzaine de cols. Je remets
à une conjoncture plus
favorable, une série de hors pistes incertains.
UTM : 31 T 440976 4676409
La gare de
Sant Joan de les Abadesses ne voit plus passer les trains
depuis 1985.
Les voyageurs, désormais, fournissent leur instrument de
transport : chaussures, vélos ou BTT. L'ancienne
voie ferréeRipoll
Ogassa a été
aménagée en Piste Verte : la "Ruta del Ferro i del Carbo".
Je projetais de venir un jour "tester" cette voie verte. Je suis
surpris de
découvrir sur place et sur la carte exposée,
qu'elle peut m'avancer vers mon
premier col.
Au départ de Sant
Joan de les Abadesses la piste affiche
déjà 9 kilomètres.
Si je ne souhaitais découvrir la "Ruta del Ferro", je
bifurquerais dès le premier carrefour sur la route d'Ogassa, à
main gauche. La "chasse aux cols" s'en trouverait
allégée en distance et en difficultés.
Le plat
se mange froid ;
probablement une
vengeance matinale de la météo que je brave
triplement :
en me couvrant au départ, en fuyant Saint-Pons sous la
pluie, en
me moquant d'Internet qui dans la nuit a ajouté quelques
gouttes
à ses prédictions locales.
La
multiplication des bornes kilométriques n'allonge pas la
distance
jusqu'à
"el
Cargadero de Toralles".
La
piste
affiche ses recommandations
avant
que l'usager
ne se trouve plus en condition pour les lire.
Le tracé n'a manifestement plus le profil d'une ancienne
voie ferrée.
L'ascension
associée
au
soleil, affecte
l'essentiel de sa pente au réchauffement du cycliste
avant l'entrée sur la commune d'Ogassa.
Mes
esprits remis à plat, je réalise que, mine de
rien, le transit par
Ogassa,
ex-cité minière, m'extrait
quelque
peu du parcours prévu.
De
part et d'autre
d'un
tunnel
pronostiqué
dangereux,
le
voyageur rescapé
trouve
à refaire de l'eau.
Il
est temps pour moi de retrouver le tracé de mon parcours
initial vers le premier col prévu.
D'après
ma carte, un chemin
semble permettre d’attraper le Coll Xipeu
par Cabàlies.
En
réparation des efforts consentis, la descente de l'avenida
de las minas redonne bonne mine. Dans son prolongement, sans
autre jeu de maux, la GIV-5211, poursuit
une perte d'altitude mineure.
Il faut d'abord franchir la Riera
de Malatosca, pour rencontrer, sur la gauche,
le chemin recherché. Chemin exigeant. Trop, parfois. Souvent.
J'ai changé de versant,
et ça sent le col...
géographique !
Cabàlies
n'a rien du hameau délabré que je m'attendais
à trouver.
Qu'est-ce
que ces bâtiments rénovés sur un site
entretenu que
pas même l'aboiement d'un chien ne vient animer ?
Par la gauche,
je profite d'un chemin enfin cyclable
pour me rapprocher d'un col qui, j'espère, se nomme Xipeu.
Une dernière bifurcation à gauche*
et
*
sur la photo, à droite, on vient d'en bas.
je
pense franchir mon
objectif. Quelques photos plus tard, un doute à
ôter me
conduit à explorer la suite du chemin principal
jusqu'à...
Roqueters.
Me voilà situé
et
mes yeux dédommagés du
détour.
En retour, aussi, un raccourci me fait découvrir la
Font de Coll Xipeu.
La
fontaine apparaît sur ma
carte, au milieu de nulle part. Le Coll Xipeu,
au contraire bénéficie d'une situation
précise… proche mais différente de
celle où
je pensais l'avoir franchi.
A quelques centaines de mètres de la première
passe,
au
bout d'un chemin carrossable, je rencontre enfin leColl Xipeu. Le vrai ? Peut-être !
Celui de ma carte ? Assurément.
Peu après Cabàlies
l'endormi,
le chemin se rend à une route à l'occasion d'un
rond-point.
Sans crochet par la "Ruta
del Ferro", je serais parvenu ici sur l'asphalte et sur le
vélo.
Au premier carrefour rencontré,
deux panneaux répondent en partie à mes
interrogations. Mas
Cabalies : Escola de natura.
Qu'est-ce qu'une école de nature ? Une classe verte,
peut-être ?
La seconde pancarte pointe sa flèche vers El Muig.
Je me rends précisément à la Collada de
Muig
toute proche.
Je renonce à l'idée d'aller "chercher", dans
toute l'acception du terme, le Coll
de Santa Creu, de l'autre côté du
Puig du même nom.
En face, le Collet de
Fontdemany ne figure pas sur ma carte. Il manque
d'arguments tentateurs.
Cerné par les cols, je me concentre sur la seule
localisation de mes prochains objectifs.
Tandis que je poursuis
le CV qui, lui, poursuit sa montée, je
trouve à main gauche,
le
chemin du
Collet de Can Salvans.
Le col, bien marqué, ne dispose pas de panneau et
ne figure pas sur ma carte.
Je continue donc à en ignorer l'existence
"légale".
Je le confonds, du fait, avec le suivant, ce qui ne manque pas de
bousculer mes repères.
Décalage oblige, Can Salvans
s'installe dans mon esprit à la place de La Janica. Et ainsi
de suite.
Sous couvert d'un vrombissement de tondeuse à gazon, je
contourne furtivement
les lieux.
Je recherche maintenant un sentier.
Un piquet maquillé de jaune en propose un. Balisé.
Il va suffire de suivre le marquage.
La sente suit, elle, en parallèle, la route de la Collada de Muig. Je
m'estime donc dans la bonne direction...
jusqu'à
ce que le sentier surplombe Roqueters.
Je redoute l'incidence de ce second aller-retour inutile à Roqueters.
Les nombreuses marches matinales imprévues ont
épuisé mes forces locomotrices
pédestres avant
même que j'entame la partie du parcours que je sais non
cyclable.
Auprès
du piquet marqué de jaune, près de Can Salvans, je pars
en quête
d'un
autre sentier. Il en est un qui longe le grillage de la
propriété.
L'homme à la
tondeuse range maintenant du bois sur une remorque attelée
à une chenillette.
Ce sentier est le bon. Le très bon, même. Les
passages
délicats et pentus ont été
cimentés.
Il faut plus qu'une barrière électrique pour
arrêter un chasseur de cols :
un
portail de bois et de broc,
fermant sur un jardin, par exemple.
Une
maisonnette plutôt
délabrée, un poulailler en émoi,
des cultures légumières traditionnelles,
mais point de sentier en vue de l'autre côté de la
clôture.
Ce second retour forcé à
Can
Salvans,
que je n'ai toujours pas identifié en tant que tel,
devrait marquer la fin de l'aventure.
Derrière le grillage, le
résident du bout du monde a fini de charger son
bois...
Je me
décide à l'interpeller : existe-t-il un sentier
vers le Coll de Moltons
?
L'homme trouve sur ma carte des repères qui lui sont
propres. Il conclut que je
dois remonter par
le
sentier cimenté, traverser
le jardin clôturé de son père et
dégoter au travers des choux et des carottes,
un chemin qui grimpe au Collet de la Janica. Que je
croyais avoir déjà
franchi.
Comprenant que ses explications traversent mon cerveau sans trouver
à se fixer dans une hémisphère,
l'homme se propose
d’enfourcher sa moto pour venir me guider. Dans un
moment. Le temps qu’il…
Le temps que… je remonte.
Je n'ose penser qu'il craigne que je lui vole une poule.
Avec
la bénédiction du fils du
proprio, je constate que ma boucle ne se heurtait ici qu'à
une autre boucle
faite à une ficelle portée au grade de serrure.
Je n'aurais su trouver seul la sortie du labyrinthe. Contre toute
évidence, il
faut longer, à gauche, le grillage jusqu'à
hauteur du poulailler puis
traverser l'allée et enfin ôter une plaque de
contreplaqué qui dissimule le chemin
d'accès
aux
champignons du
Collet de la
Janica. L'homme serviable
ou prudent, m'accompagne. Je finis par réaliser que la
Janica est le jardin
barricadé de son père.
Le sentier que je vais suivre désormais, monte de quelque
part. Mon guide
prétend qu’en sens opposé, il se perd.
L'homme se trouve étonné lorsque je lui
montre une marque jaune apposée
sur un arbre. A sa décharge, la peinture semble
fraîche.
Le sentier a bien
une provenance. J'espère
pour ma part qu'il a une destination : la Collada
de la Caritat où j’ai rendez-vous avec,
au minimum, une piste.
L'homme me parle d'un Coll
de la Creu. Est-ce une passe intermédiaire ? Je
me documenterai.
Pour l'heure, je retiens que lorsque j'arriverai sur un "pla", ce sera
le Coll des Moltons.
Le sentier quitte enfin la forêt. Je me considère
donc parvenu au
Collet dels Moltons.
Mais
attention ! il y a Collet dels Moltons et Collet
dels
Moltons. Le premier, où je suis, est
également connu sous l'appellation : Coll
de Sabè.Même
si je ne
le sais pas
encore.
Ce
que je sais
déjà, en revanche, c'est que cette partie du
parcours va
continuer à m'user les souliers. Sur mes cartes, aucun
sentier
n’est dessiné. Ce sont des traces
perçues sur Google Earth qui m’ont
décidé
à tenter la traversée.
La boucle parfaite, à mes
yeux, s’effectue sans descendre de vélo.
Je
parviens à en concocter, parfois. Deux ou trois, une bonne
année. Concilier
intérêts géographiques, concentration
de cols et pistes décentes, exige
recherches poussées et chance
indéniable.
Surtout
à l’étranger et sans
acheter la moindre carte.
La plupart des collègues trouveraient parfaitement cyclable
une grande partie
des secteurs que je parcours à pieds. Collet dels Moltons
L'aventure a ses limites. Seul et loin de tout, sans moyens de
communication, je me dois à une relative prudence.
Pour
l'heure je ne me heurte
qu'à de rares et courts passages délicats. Tant
mieux. Après quatre années de
souffrances post-traumatiques, mes épaules se
portent mieux, mais pas
assez pour porter aussi un vélo.
Le
balisage inattendu apporte
une aide conséquente à la traversée.
Le Coll
Duran
marque le début
de la dernière étape
avant le retour à la piste
que je devine maintenant.
Le Coll de
la Creu, dont m'a parlé le fils du jardinier de
la Janica,
se trouve être, en fait, la Collada de
la Caritat.
Souvent, les cols sont connus sous plusieurs appellations. En
Catalogne, encore plus qu'ailleurs.
Une pancarte confirme ce qu'un léger sens de l'orientation
me laissait déjà entendre, Sant Marti d'Ogassa
se situe à ma gauche.
La chaussée cimentée permet de prendre rapidement
du champ par rapport au col.
Les
chemins, aux carrefours, ne
manquent pas d’annoncer où ils mènent.
Je remarque un "El Collel"
qui est, à ma connaissance, un hameau ou une ferme
et non un col
"homologué".
En
d’autres circonstances,
j'aurais probablement succombé à la tentation de
gravir le Coll de Pal
dont les 1777 mètres ouvrent la fausse perspective
d'accéder à d'autres passes
franchissant, elles, le seuil recherché des 2000.
Je reste pour l'heure à altitude plus modeste mais
déjà conséquente.
Eglise Sant Marti de
Surroca
Le bâtiment, implanté à 1300
mètres, sur les pentes de la Sierra Caballera,
est un parfait exemple de l'architecture Lombarde
de
type rural de la fin du XIe siècle et du
début du XIIe siècle.
Le chemin cimenté
se scinde non loin de là, en expliquant
pourquoi au travers de pancartes directionnelles et d'une
carte
au 25000ème, consultable, photographiable, et
recelant cinq cols méconnus de mes plans.
Je
vais pouvoir adapter mon
parcours à la fatigue engendrée et au temps
perdu, ce
matin, par des détours divers. Grâce à
la carte
exposée, je franchirai 15 cols,
comme prévu, tout en laissant à gauche, pour une
occasion ultérieure, la Collada
de les Aiades, la Collada d'Aiades, le Coll
de Boix et le Coll
d'Art.
La pancarte fléchant le CV de droite indique la direction de
Sant Marti d'Ogassa
et du refuge de Sant
Jordi près du Coll de Jou. Il ne
fait aucune place à laCollada de Camps,
toute proche.
Ma carte signale la collada au carrefour de Can Piera.
Il n'est pas un
carrefour, même de peu d'importance, dont la destination ne
soit
indiquée. Autant de points de repère rassurants
et utiles. El Joncar
Imprévu, sur le parcours prévu : le
Coll de la Torre.
Les centres d'intérêt se
succèdent :
Font de la Dou,
équidés
curieux,
ou en manque de distractions,
madone et église de
Sant Marti d'Ogassa.
El Miquelet
Au
carrefour du Coll de Jou,
le
revêtement cimenté prend partie
d’accompagner les seuls accédants aux 1637
mètres de la passe. J'ai éliminé de ma
boucle tout nouveau risque de
désorientation, je dispose du temps nécessaire
pour effectuer l’ascension.
Tous les chemins
mènent à Sant Joan de les Abadesses,
mais je connais par avance celui que
je ne reprendrai pas au retour.
Sant
Jordi
a trouvé refuge à l'abri de
l'atmosphère tempétueuse
du Coll de Jou.
Le Coll de
Jou, même d'altitude moyenne,
a tout d'un "grand".
L'automne serait une belle saison si elle ne
précédait l'hiver.
Après
le carrefour de Sant Marti,
le
ciment rompt ses liens de bonne
compagnie.
Passé le
temps
harassant des semailles : la récolte.
Coll de la Tuta
ou del
Marti
Coll
de l'Erola
Coll de l'Erola
Bien vu !
elle est là.
Mirador de la Tuta
Dans une
épingle, le Portell
del BosquetUTM : 436740 4678092 (traversé
sans le savoir), précède le
Coll de Fullosa.
Coll
de Fullosa
Je remarque la plaque de la Collada de Can Roca,
pourtant minuscule, avant le col lui-même, masqué
par des
feuillages, à la jonction d'une piste
marécageuse,
fléchée Sant-Joan
de les Abadesses...
qui me dit rien qui vaille.
Je
préfère poursuivre la
descente par "mon" chemin, d'excellente facture.
Au pire je
rejoindrai la route vers Ripoll.
(J'ignorai alors que
j'allais franchir le Collet
Bonic, UTM : 437198 4676518,absent
de toutes mes cartes. Quelques mètres à gauche de
la
piste, sur un chemin, une passe que je croyais géographique
m'attira par curiosité)
Et
la plaque d'un GR surgi soudain de
nulle part, approuve mon initiative. Le chemin, comme mon parcours,
aboutit à
La Rama.
Je
n'aurai pas à partager longtemps
la
C-26 avec la
circulation automobile,
la
proximité d’un pont de
style ferroviaire,
annonce
une jonction prochaine
avec la Piste Verte "Ruta del Ferro" en provenance
de Ripoll.
J'ai
souvenir l'avoir empruntée,
ce matin, au kilomètre 9.
Restent
4000 mètres…
de pédalées douces et d'attention à
soutenir pour ne pas blesser une vache.
Cette
partie de piste
entièrement implantée sur l'ancien
tracé
d'une ligne de chemin de fer,
suit
la route en parallèle
sans le moindre soubresaut.
J'aime
voir conservés les maisons de garde-barrières,
les ponts et autres
infrastructures
du patrimoine ferroviaire. J'ai tant rencontré de ruines,
cet
été, en d'autres régions d'Espagne.
A Sant-Joan de les Abadesses, ma destination,
une auberge de jeunesse est installée dans les
anciens magasins des chemins de
fer.
Et
place de la gare, je redeviens automobiliste.
Faute de trains ? Peut-être pas.
Cette
boucle remaniée en
dernière minute, mélange divers types de pratique
du vélo. De la Piste Verte
"plan-plan", de la chasse aux cols intensive (15), de l'aventure dans
les poulaillers de montagne, de l'improvisation, de la marche
forcée, de la grimpée
en altitude. Enfin tout pour revenir satisfait.