13
août 2010 Avec
la Via Verde del
Hierro que je suis venu "tester", la principale
difficulté
consiste à en dénicher l'accès au
départ de Serón.
Arrivé en ville la veille au soir, je comptais "bivouaquer"
à pied d’œuvre.
Si, hier, j'ai cru un instant deviner le tracé
d'une piste en fond de
vallée, je n'ai pas réussi à m'en
approcher.
Parvenu ce matin, sous un ciel bas, à rejoindre l'ancienne
voie ferrée, puis en
VTT, l'une de ses extrémités, je comprends les
raisons de mes recherches
contrariées.
On peut
s'interroger sur cet aménagement qui prend
naissance au milieu de nulle
part pour se rendre on ne sait encore où. A-t-il
un projet d'extension, après la crise ?
D'un ballast hostile à tout type de bicyclette,
même chaussée large,
UTM
:
30
S 536095 4137648
on
accède par un viaduc de 45 mètres
au-dessus de la Rambla de Higueral,
à
une Piste Verte commentée, de bonne facture.
Peu après s'être glissé sous un premier
pont,
on franchit le km 11.
Nous prenons l'itinéraire à l'envers en ce sens
qu'il offre tout du long une pente descendante.
Omettons
d'oublier que pour parvenir à cette
extrémité, il aura fallu d'abord monter,
à
l'aller.
Les habitations, mêmes isolées, se font rares.
Au
kilomètre 10, aucune
curiosité n'a encore ralenti
notre
progression.
C'est sous un second pont qu'on peut remarquer un poteau
télégraphique en bois, encore en place.
Conserverait-on
ce qui peut rappeler l'ancienne vocation ferroviaire de la
Piste ? Cargadero del Tresoro
A
la fin du 19ème siècle, on commença
à
exploiter les riches gisements de fer de la Umbria de la Sierra de los
Filabres autour de Bacares et de Serón.
Pour rentabiliser l'extraction, il fut nécessaire de
recourir
à des moyens de transport efficaces et peu
onéreux. Un
large réseau de câbles aériens reliait
les
exploitations entre elles, y compris celle de Las Menas et assurait la
jonction avec la voie ferrée de la Great
Southern of Spain Railway,
à Serón.
Cette gare extraordinaire
comprenait les "Cargaderos de los Carros", la gare et "el
Cargadero del Tresoro.
Entre 1903 et 1970, des milliers de trains, jusqu'à sept par
jour, amenaient le
minerai de fer à la localité d'Aguilas, province
de Murcia, où on le chargeait
sur des bateaux à l'embarcadère de "El Hornillo".
Dès 1909, la société
hispano-hollandaise, installa
au PK 108,100, la gare de déchargement d'un câble
aérien venant des mines
qu'elle exploitait sur la commune de Baza, gare appelée "del
Tresoro".
Le téléphérique d'une longueur de 15,5
kilomètres, comprenait 310 bennes qui
chargeaient 450 kilos chacune et circulaient à une vitesse
de 2,5 mètres par
seconde pour un rendement de 40 tonnes à l'heure.
Kilomètre 9
Le
revêtement juxtapose une sorte
de goudron
gravillonneux
à une partie de
terre battue parfois préférée des
roues de VTT.
Nouvel ancien poteau télégraphique,
abrité sous un pont.
La
faible distance entre les
deux extrémités que laissent présager
les bornes kilométriques
n'empêche l'implantation, entre les PK 8 et 9,
d'une
aire de repos. La Piste
veut avoir tout d'une grande. Elle en adopte d'ailleurs les standards :
barrières
"normalisées",
et
signalisation spécifique
complétée
de plots anti-intrusion.
Fuentecaliente
tout proche est
fléché. Nous semblons avoir
côtoyé au départ la A-334... Il
eût été plus utile
de le signaler sur place plutôt qu'ici à 5,6
kilomètres !
Dans le sens de notre progression, la prochaine aire de repos se trouve
à
"La Gare", distante de 5,9 km. Il doit s'agir de la gare de
Serón.
Les
anciennes bornes kilométriques sont toujours en place et
cette fois, la 105 cohabite avec notre KM 7.
De
pont en pont
nous progressons vers des lieux
moins
déserts.
Km 6
C'est en 1894 qu'on inaugura la section Purchena - Serón de
la voie ferrée Guadix - Almendricos.
Cette ligne transportait le minerai de fer de la zone de
Serón,
jusqu'à l'embarcadère d'Aguilas. La circulation
des
trains prit fin en 1969.
Les
gisements des mines de fer de la Sierra de los Filabres, sur la commune
de Serón, furent les plus importants et les plus productifs
de
la province d'Almeria
durant plus de la moitié du siècle,
créant un important centre minier : Las Menas
Km 5
A-t-on
vraiment pris parti de conserver
le patrimoine ferroviaire ? Je crains de plus en plus qu'on se soit
contenté de
ne pas l'enlever.
Pourtant
certains signaux ne manquent pas d'intérêt et leur
"rénovation" devrait rester d'un coût raisonnable.
Pont,
croisement à hauteur de
"Los Gobernadores"
et kilomètre 4.
Les installations aériennes ou ferroviaires, assurant le
transport du minerai de fer étaient,
tant au niveau architectural qu'industriel,
d'une grande complexité pour l'époque.
Le système du plot amovible, plus contemporain, a
été choisi pour
protéger la piste des intrusions de véhicules
à 4
roues.
Peu à peu des habitations
encadrent la voie
verte.
Serón, 1,2 km
Quartier de la gare, 0,2 km
A-334 2,9 km
Canos, 3,4 km
Nul doute,
on approche de
lieux importants.
Le "Cargadero" était situé dans l'enceinte de la
gare de Cerón.
UTM
:
30
S 542448 4133985
Il y confluait deux câbles aériens en provenance
de
Manzano et de Cortijuelo, qui, ensemble, avec leurs ramifications
respectives arrivaient à atteindre un longueur
supérieure
à 25 kilomètres.
Ils transportaient 50 tonnes de minerai à chaque heure
travaillée.
L'heure actuelle est plutôt aux loisirs.
L'état de conservation de l'énorme structure du
"Cargadero", reste
acceptable, affirme le texte du panneau d'explication des lieux ;
il ne dit rien de l'état des anciennes commandes
d'aiguillages.
La gare était divisée en trois parties :
les voies de
croisement (voie unique)
la zone de traction
constituée
d'une
plaque tournante, d'un
dépôt de locomotives et de la zone de chargement
avec une voie directe vers
l'arrivée des câbles. D'autres voies
étaient affectées aux manœuvres de
stationnement.
Km 3
La gare exhibe l'air colonial et simple de toutes les gares de la
ligne. Seul le garage à locomotives a
été
réhabilité pour servir de restaurant.
Le riche environnement des infrastructures ferroviaires
pas encore complètement ruiné
mériterait un retour d'intérêt au
moment des soldes de peinture.
Au-delà d'un pont
on parvient à Los
Zoilos. C'est à ce carrefour que, ce
matin, au doigt
mouillé, je suis parvenu
à approcher la Piste Verte.
UTM
:
30
S 543236 4134289
Serón 0,7 km
Los Zoilos 0,2 km
A-334 1,1 km
Cargadero de los Canos 2,6 km
Un petit parking fait face à une aire de jeux pour enfants.
Le signal est au rouge mais
il n'y a pas de danger à le franchir et à
progresser vers le Kilomètre 2
et au-delà ;
le dernier train est passé au siècle dernier.
Maintenant en vue de
Serón,
intersection près intersection,
on attaque le dernier kilomètre.
Tandis que la signalisation spécifique de la piste ne fait
jamais défaut,
celle
de l'ancienne voie
ferrée penche vers un destin peu glorieux.
Lors
de mes tentatives matinales pour aborder
la Piste Verte, j'ai déjà visité ce
carrefour perdu, peu hospitalier
au stationnement d'un véhicule.
Une bretelle pentue le relie à une route proche de
Serón.
UTM
:
30
S 544815 4133357
Route
qu'une buse offre de
franchir en souterrain.
Eblouissement au sortir de l'ouvrage :
le Cargadero de Los Canos apparaît.
Il faut souligner
l'effort d'explications constant. Nous apprenons ainsi que :
"Le minerai était expédié à
partir du câble de San Miguel Cabarga. El Cargadero est
une excellente démonstration de fonctionnalité."
Ce site remarquable correspond au Km 0, départ "officiel" de
la Piste Verte.
Le
Cargadero de Los Canos était un grand
réservoir, d'une capacité supérieure
à 40.000 tonnes
sur lequel se déversait le terminus du câble.En
dessous, deux tunnels parallèles permettaient
le chargement par gravité sur les wagons. Leur
état reste excellent.
L'ex-poste
de commandement
central semble tenir encore debout.
Et c'est ainsi, que, tel quelle a commencé
la Via Verde del Hierro,
se perd maintenant sur un ballast hostile à la navigation
cycliste.
Même de taille réduite, cette Piste Verte
parfaitement
aménagée et fort intéressante, souffre
cruellement
de sa "discrétion". Il faut savoir qu'elle existe et tenir
absolument à la parcourir, pour la trouver.