Aïn
Salah et les
Gorges d'Arak
Le Paris-Dakar du Pauvre
Episode 13
Ce feuilleton relate le
tout premier voyage en
Afrique de l'auteur. Il n'a jamais fait l'objet de
publication mais illustre les paysages et certains lieux dont il
est question dans ses livres.
Quel est donc cet automobiliste qui
circule en ID 20 aux abords de la route transsaharienne
défoncée, entre El Goléa et In Salah ?
C'est
moi !
Un mirage ?
Non, une digression.
Ma seconde traversée dans le sens nord-sud ne fait, elle non
plus, l'objet d'aucun récit publié.
Je profite, donc, de cette
photo, prise 11 mois plus
tard, pour
illustrer mon propos. Le parallèle s'arrête
là. "La
Palace", comme
l'appelait
les algériens, n'a que peu de rapport avec la R6. La charge
embarquée non plus. Seuls la route et ses
à-côtés restent à peu
près identiques. Et encore !
Digressons ! mais n'anticipons pas sur le parcours.
400 kilomètres au Sud d'El Golea :
Aïn Salah.
Aïn Salah est la
première oasis
véritablement
saharienne que nous rencontrons.
Cette ville ocre se bat en permanence
contre les sables qui l'encerclent sans parvenir à
parfaitement les contenir.
Les vents sont fréquents. La température n'y est
pas
toujours clémente : 60° le jour, en
été.
La palmeraie doit faire face à deux ennemis : le vent qui
l'ensable et les deux sebkhas environnantes qui favorisent des
infiltrations salées jusque dans les jardins.
La
porte verte s'ouvre le soir, à la
fraîche, quand il ne fait plus que 40°. Elle donne
sur une boutique.
Aujourd'hui,
en hiver, l'ombre ne chauffe qu'à 32° au coeur de
l'après-midi.
Rien
d'excessif.
Rien ne saurait donc justifier la sieste du marchand.
Pourtant, le convaincre d'interrompre son entraînement
à la somnolence, n'est pas rien.
Il finit toutefois par nous accepter comme clients.
Nous veillons aussi à parfaire notre réserve en
eau. Nous ignorons où se trouvent les sources prochaines.
Ain Salah signifie Source Salée. Que ne nous sommes nous pas
enquis de cette traduction plus tôt ! Nous aurions
évité de
vider nos jerricans avant de les remplir. Le liquide
maintenant en notre possession est saumâtre. Mon gosier se
refuse
au
passage d'une eau au goût d'oeuf pourri.
Nous allons veiller, plus qu'à l'ordinaire, à ne
pas
ensabler la voiture pour limiter les efforts et par voie de
conséquence le recours à ce breuvage.
L'espoir de corriger le tir à la prochaine
étape : les gorges d'Arak, nous motive à les
atteindre au plus vite. Deux cent kilomètres,
c'est pas la mer à boire.
Les
gorges sont proches.
J'imagine le spectacle qu'elles offriraient vues du ciel.
Un jour
peut-être pourrons-nous survoler de tels sites sur un
écran, d'un seul clic ?
Un jour peut-être pourrons-nous
voyager dans ce désert avec
des appareils qui indiqueront notre position ? Un jour,
peut-être, ne
pourrons-nous plus nous y rendre aussi librement en raison
de la folie des hommes ou du principe de précaution
appliqué précautionneusement ?
Arak : "eau bonne" dit la carte. Nous aurions gagné
à
lire cette appréciation plus tôt. Mais il est vrai
que par
ici la carte fait office d'éventail ou d'objet de
curiosité. C'est tout
droit
jusqu'à Tamanrasset. Et lorsqu'on doit quitter le goudron ou
ce
qu'il en demeure, la "Michelin" d'Afrique du Nord et de
l'Ouest reste avare de précisions utiles.
La route s'est
améliorée à l'approche
des gorges. Tant mieux. Nous en profitons. Nous avons raison, car,
à la fin de la même année...
il
conviendra de ralentir et de serrer... à droite.
A la fin de l'année,
avec
l'Id 20, cette déviation sera le
théâtre de mon premier ensablement. A
cause de cette photo.
Pour
immortaliser l'endroit j'arrêterai
la
voiture, moteur allumé, frein à main
serré. Il y aura bien longtemps
que je n'aurai pas conduit une voiture possédant un frein
à main en
état de fonctionnement. En repartant j'oublierai de le
desserrer.
Le temps de percevoir la cause de l'incident, j'éprouverai
une certaine angoisse. Si je m'ensable avec cette
voiture, avant Tamanrasset, qu'est-ce que ce sera après ?
D'autant que cette fois je ne voyagerai plus qu'avec moi-même.
Heureusement
la DS se désensable presque toute seule. Position haute. Une
cale sous
la voiture. Position basse. Une planche sous les roues motrices ainsi
dégagées. Et c'est reparti.
La
raison de cette invitation au hors piste...
s'expliquera mieux de loin.
Mais n'anticipons plus. A chaque
jour suffisent
leurs problèmes.
Aujourd'hui
la route est en état. Le bonheur d'aborder un
site aussi grandiose où de
surcroît nous allons pouvoir faire échange d'eau
et
provision d'essence suffit à oublier les vicissitudes
passées, présentes et à venir.
Mais... ce programme idyllique va-t-il se concrétiser ?
Que nous réservent les gorges d'Arak ?
Vous le saurez... peut-être, en parcourant
l'épisode suivant
: