La
Transsaharienne
Alger Tamanrasset
Le Paris-Dakar du Pauvre
Episode 10
Ce feuilleton relate le
tout premier voyage en
Afrique de l'auteur. Il n'a jamais fait l'objet de
publication mais illustre les paysages et certains lieux dont il
est question dans ses livres.
En
reprenant la route nous devons nous imprégner de la
signalisation spécifique. Attention aux chameaux !
Dans le Sahara, me direz-vous, il n'y a pas de
chameaux, il
n'y a que des dromadaires.
Mais ici, j'entends tout le monde dire
"chameau", alors je dis chameau. Se distinguer pourrait faire
"touriste". Or
je ne veux surtout pas passer pour touriste... Je l'ai
déjà été, parfois, par
force, faute de temps, mais n'en ai jamais eu l'esprit.
Cette
fois, je ne viens pas
visiter, mater. Je viens vivre, sans itinéraire
préconçu, sans durée impartie.
Je viens satisfaire un besoin d'Afrique. Un besoin inexplicable. Je
suis encore tout surpris de cet environnement mais je me sens pourtant
chez moi,
moi l'auvergnat. Et sans façon.
Non, je ne voudrais pas qu'on me nomme
"Touriste". En Afrique plus profonde (si, si, il y a !), l'autochtone
qui peine à
trouver trois francs (CFA)
six sous, pour subsister, a du mal à
comprendre que l'on puisse "dépenser" pour venir voir des
paysages.
Qu'on traficote, qu'on fasse du commerce, ça il le comprend,
mais le tourisme "pur et dur" échappe à
son entendement. Certains fonctionnaires frontaliers ne sont pas loin
de partager cette vision des choses. Ils en déduisent alors
que
seul des motifs d'espionnage peut motiver le déplacement.
Le chameau, vers qui il faut revenir de peur de se perdre... en
digressions, le chameau, lui-même, serait un
immigré dans le
Sahara. Ce
seraient les Romains qui l'auraient introduit. Auparavant les
Bédouins ne pouvaient pas s'aventurer très
profondément dans le désert, leurs chevaux
n'ayant pas
l'autonomie suffisante.
Cet
âne ne vient pas illustrer mon propos. Il n'avait pas
d'ambitions transsahariennes et n'a simplement pas eu la
chance d'être annoncé par un panneau routier. Ici,
plus
qu'ailleurs, c'est ce que l'on peut appeler une perte sèche.
On
n'entre pas toujours dans le Sahara par un endroit aussi symbolique.
J'avais, avant de venir, pour seule
référence,
les dessins représentant Tintin, Milou et le Capitaine
Haddock,
tirant une langue jusqu'à par terre, au milieu de dunes et
de
dunes et encore de dunes... Je constate qu'ils n'ont pas eu de chance
car le désert, en majorité, ce n'est pas
ça.
La plus grande partie du Sahara est formée de vastes
étendues plus ou moins plates - les regs - qui sont
couvertes de
cailloux. Les enfilades de dunes - les ergs - en dépit de
leur
célébrité photographique, occupent des
surfaces moindres.
Pour l'instant nous sommes
passés progressivement d'une certaine
végétation, à
moins de végétation, à
presque plus de
végétation visible. Le sable se contente encore
de saupoudrage.
Vingt-quatre
kilomètres
au sud de Ghardaïa, l'insolite d'un croisement nous
fait nous
intéresser à la provenance d'une route surgissant
de
la gauche.
Un amoncellement de tuyaux titanesques attend près du
carrefour son incorporation prochaine à un pipeline.
Un coup d'oeil sur la carte nous apprend que cette route de largeur
étonnante conduit à Hassi Messaoud par Ouargla.
Photo
d'illustration faite
au retour
Je ne sais pas encore que je vais l'emprunter de multiples
fois lorsque je descendrai par la Tunisie (cf : La
Piste Trafricaine),
mais aussi lors du retour de ce périple.
Nous
apprenons en permanence. Heureusement, nous ne nous sommes
pas
garés sur cette
place, chaque pierre marque l'emplacement d'une tombe. Ici des indices
pouvaient nous mettre sur la voie, mais plus au sud nous avons
rencontré des lieux de sépultures moins
évidents
à identifier par des néophytes
L'acclimatation
à l'Afrique et au
Sahara vient progressivement.
Jusqu'à El Goléa, notre prochaine
étape, l'instinct de survie n'y est encore pour rien.
Qu'en sera-t-il ensuite ?
Vous le saurez... peut-être, dans l'épisode
suivant :