La Gare de Junas-Aujargues,
assurément une aubaine pour les Junasssols, tombait
cependant bien mal pour les finances de la communequi n'avait pas encore fini de
rembourser la gare de Junas (à Gavernes), avait lancé une
vaste campagne d'acquisition de
terrains pour d'une part élargir les chemins
d'accès au village, ouvrir un nouveau cimetière...
Photo du 22 mars 2016
Le conseil municipal de Junas, du 6 mars 1878, fait valoir que la
commune renfermeà 150
mètres environ de la station projetée des
carrières de pierre de taille
d'une grande valeur dans laquelle un grand nombre de carriers tant
étrangers qu'habitants
de la commune viennent exploiter. Que
la commune comporte trois maisons de vins dont
le commerce est directement intéressé. Et d'achever par une
requête un peu "malicieuse" :
que la future gare soit
nommée Junas-Aujargues,
car Junas est plus proche de celle-ci
qu'Aujargues... Ce que la compagnie PLM accepta sans coup férir.
Pour lui permettre de continuer à accompagner la frontière entre les communes de Junas et de Villevieille,
une étroite galerie
a été maçonnée à son intention.
Il
y a quelques jours, le fil de fer qui actionne le disque avancé de la
gare de Junas-Aujargues a été coupé au point kilométrique 66,900 de la ligne de Sommières à Nîmes.
Le train 3533 qui quitte Sommières à 10 h. 49 du matin,
ayant trouvé ce disque à l'arrêt, n'a pu continuer
sa marche jusqu'à Junas-Aujargues qu'avec lenteur, conformément aux prescriptions du règlement général d'exploitation.
On attribue cet acte de malveillance à la mauvaise humeur d'un
individu qui avait dû traverser la voie ferrée en ce point
et que ce fil a géné ou peut-être même fait
tomber,
dont le ruisseau "Corbières" sépare les communes de Junaset de Sommières.
Certes, par endroits le ruisseau des Corbières fait office de "frontière"communale, mais pas ici où il se contente de traverser le vallon. C'est d'autant plus vrai que l'ouvrage se trouve sur le territoire de la commune de Villevieille.
Le vallon est aussi un lieu de ressources pour les
villageois.
Autrefois, ils venaient y abreuver les animaux, laver le
linge ou moudre le blé.
L'ancien moulin à eau situé en contrebas révèle
par ses dimensions un ensemble architectural imposant ayant fonctionné
de la fin du XVe au milieu du XIXe siècle...
En 1918, période guerrière, le remblai était moins sollicité qu'à l'ordinaire.
Ligne du Vigan à Nîmes. - Un service de voyageurs de 3e classe fonctionnera les jours pairs seulement dans les trains de marchandises 9979, 9981 et 9970.
Service réduit, peu rapide et peu confortable, certes, mais sur bien
d'autres lignes il n'y avait, à la même période, pas
de service du tout. Parfois même plus de rail.
Photo du 22 mars 2016
Ce sentier remplace "l'ancien chemin de Sommières à Junas", coupé plus loin par la tranchée du chemin de fer.
Les trains sautillaient
un passage d'eau
sur la voûte d'un aqueduc,
aujourd'hui busé, puis quittaient le territoire communal de Villevieille pour celui de Sommières.
"L'ancien chemin de Sommières à Junas",
implanté sur une ancienne voie romaine et qui
marquait là la frontière communale, a été
tronçonné par la tranchée ferroviaire et
détourné
88 mètres au sud-ouest
Carrefour
de chemins anciens et modernes, comme en témoigne l'ancienne maison de
garde-barrière...
L'origine de Sommières, chef lieu de canton actuel de l'arrondissement de Nîmes, écrit "Le Petit Marseillais" du 3 juin 1900, est sans contredit à Villevieille,
l'ancien village qui couronne le plateau et qui, lui-même, dit la
légende, serait né d'un bourg voisin appelé
Merium, que les Romains et peut-être les Gaulois avant eux
avaient choisi pour résidence.
Les premiers habitants de Sommières
auraient été une compagnie de tanneurs que les besoins de
leur profession engagèrent à bâtir leur demeure
aussi près que possible du Vidourle. Emilien
Dumas, dont le nom se rattache à des travaux géologiques
de la plus haute importance pour le département du Gard, a
découvert des traces de murs d'enceinte, d'égouts, de
puits, d'habitations et d'édifices plus importants encore qui
appartiennent évidemment à l'époque de la
domination romaine, ainsi que des constructions brutes que l'on
pourrait attribuer aux Gaulois avant la conquête.
Des fouilles ont
révélé la présence, sous les terrains
nivelés aujourd'hui par la charrue, de fondements, de fragments
de poteries antiques, de restes d'amphores et de vases énormes
qui, selon toute apparence, étaient employés en guise de
silos et enfouis dans la terre pour la conservation du grain.
M. Dumas a recueilli
également des fragments de pierres meulières faites, les
unes avec des laves de l'Ardèche, d'autres en laves des environs
de Rome, enfin des marbres blancs d'Italie et des
Pyrénées.
Sommières
n'était donc qu'un faubourg d'une ville plus importante, qu'une
rampe rapide et quelque peu dangereuse par ses tournants, reliait
à l'agglomération principale.
Il est donc probable que Sommières,
qui compte aujourd'hui 3.800 habitants constituant une population riche
et industrieuse, se réduisait autrefois à un pont
construit par les Romains sur le Vidourle...
sur le chemin de Mauvalat, actuel chemin de Gaillardet, n'a pas exigé un travail de Romain.
Deux culées maçonnées ont suffi à supporter un tablier métallique
que les aménageurs de la voie verte
ont préféré remplacer
par une dalle en béton.
Au bas des culées,
de l'eau circule, ou pas, dans deux petits aqueducs voûtés.
Le chemin de Gaillardet
est accessible, depuis la voie verte,
par un sentier de randonnée
Photo du 22 mars 2016
en provenance, entre autre,
Photo du 22 mars 2016
du Moulin de Corbières, distant d'un kilomètre 300.
quittait bientôt la vallée du ruisseau des Corbières
en amorçant une courbe
en forme de demi-cercle aplati.
Il s'agissait pour elle de rallier Sommières,
après l'avoir évité,
en récupérant, au passage,
les plateformes de deux autres lignes, dont une, la première, créée 10 ans avant elle.
D'abord, donc, venue de la gauche, la ligne de "Lunel (Gallargues)
à
Sommières".
Bois de Massereau
Sommières
Après la ligne droite de
Sommières,
la voie ferrée est percée dans la
roche.
Le poste d'aiguillage installé au pied du pont-charrette
permettait de commander manuellement les appareils de plusieurs voies.
C'est donc ici que la voie se séparait en deux : l'une
filant vers Nîmes, l'autre traversant l'actuel bois de
chênes, se dirigeait vers Gallargues-le-Montueux et
au-delà Lunel !
Au milieu du XIXe siècle,
le domaine agricole de Massereau compte 68 hectares
composés principalement de pâturages et de vignes.
Photo du 22 mars 2016
Avec la
voie ferrée qui coupe le domaine de Massereau, la Compagnie
Paris-Lyon-Marseille*construit deux pont-charrettes
*PLM signifie Paris-Lyon-Méditerranée et non Marseille
tandis que le
domaine pose un siphon sous la voie pour préserver un
ingénieux système hydraulique.
(PLM Méditerranée)
Le poste d'aiguillage
dont il est écrit qu'il commandait manuellement les appareils de plusieurs voies, devait manœuvrer une seconde aiguille, au sortir de la tranchée, pour permettre un dédoublement de la voie.
La largeur du remblai, sous lequel un très discret ruisseau anonyme
et certaines photos aériennes, plaident pour cette seconde voie.
Les trains en provenance de Nîmes, s'engageaient donc
sur le tablier métallique droit Photo du 22 mars 2016
d'un pont-rail.
Après la suppression de la ligne de Lunel, la voie unique a
été déportée à la gauche du remblai. Les photos aériennes de 1948 ne laissent apparaître qu'une seule paire de rails.
Le décret du 11 juin 1863, concède
à la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon
et à la Méditerranée la ligne de Lunel au Vigan.
Le Courrier du Gard publie, le 30 juillet 1868, un jugement d'expropriation
concernant des vignes et chemin, terre, muriers, oliviers, pâtures appartenant à Devèze Aristide, au Mas de Nazon.
Photo du 22 mars 2016
Ces expropriations, préalables à la construction de la
ligne de Lunel au Vigan, comprenaient-elles déjà
les surfaces occupées par les voies
qui, en marge des lignes principales,
desservaient
une remise à locomotives accolée à un foyer-dortoir ?
emportant des personnages
officiels, ne s'arrêta pas à la gare primitive de Sommières,
mais, 190 mètres plus loin,
devant un bâtiment voyageur nouveau, à 9 portes, en service depuis deux jours.
Ce train y entra à
3 heures et demie
pour une Fête
républicaine, au bruit de salves d'artillerie
et aux accents de la Marseillaise, au milieu d'une foule
énorme.
Début octobre 1907, Sommières recevait le Président Fallières, dans le cadre d'une visite aux communes dévastées par les inondations de fin septembre. Après un court arrêt
à Gallargues... le train spécial est arrivé
à 3 H. 1/2 à Sommières.
ont aujourd'hui accès
aux quais. Photo du 22 mars 2016
Tamponnement
en gare de Sommières. - Un train de pèlerinage
télescopé. - Plusieurs blessés.
- Hier matin vers 7 heures, le train spécial
transportant environ 900 pèlerins, à destination de
Prime Combe, arrivait en gare de Sommières et se dirigeait sur
Fontanès.
Photo du 22 mars 2016
Au même moment le train ordinaire venant du
Vigan, malgré les signaux avertisseurs, s'engageait
au-delà de l'aiguillage et croisait le train de
pèlerinage. Les deux trains se frôlèrent sur un
parcours de plusieurs mètres. La locomotive du train du Vigan
endommagea neuf compartiments, du cinquième au
quatorzième.
Il y eut quelques minutes d'affolement. Le train de Nîmes
était bondé. Voyageurs et pèlerins poussaient des
cris épouvantables et se précipitaient vers les
portières du côté resté libre. Ce mouvement
a sauvé un grand nombre de personnes qui auraient
été, sans cela, foulés ou contusionnés par
la pression du train du Vigan...
A la fin du XIXe siècle,
Sommières est une gare étoile : au cœur d'un
réseau ferroviaire important entre la mer, les Cévennes,
Nîmes et Montpellier.
Les équipements se
développent : 2 postes d'aiguillage, 3 grues à eau
pour les machines à vapeur, un château d'eau, un
bâtiment voyageurs de 9 portes, un buffet (l'ancienne première gare), une halle des marchandises, une rotonde et des remises...