J'ai souvenir de mon premier voyage en Espagne : en juillet 1974. Je
suis d'ailleurs repassé ce matin près du
restaurant
où j'avais pris mon premier repas de
voyageur ibérique,
à Aldea - devenue La Aldea - près du delta de
l'Ebre.
Le
patron parlait français et m'avait dissuadé
d'aller en
Andalousie où il faisait une chaleur insupportable. Il ne
pouvait pas deviner que plus tard j'aimerais ça.
La chaleur m'avait alors rapatrié plus vite que
prévu
vers son restaurant et ses petites chambres pour routiers. Pendant
quelques étés j'y ai eu mes habitudes.
Aujourd'hui, j'ai trouvé la porte du restaurant,
murée.
Le pilier d'un viaduc TGV a dû faire trop d'ombre
à
l'établissement. Tout l'environnement en est
chamboulé.
Lors de ce premier voyage, à
proximité
d'Almeria, sortant des
sentiers désertiques pourtant encore peu
battus, je
m'aventurais dans un village perdu : Nijar.
Je me croyais victime d'un recul dans le temps. Je tairais mes
impressions du moment. Un souvenir me reste ; une grande partie de la
population avait le crâne rasé à une
époque
où la mode poussait au contraire. J'ai tenté
d'avoir une
explication et y ai renoncé en raison de la gêne
provoquée. Je reste, 33 ans après, sur des
hypothèses.
Si des embryons de cartes de cet endroit me sont parvenus, c'est
probablement dû au
fait que Nijar s'est développé au coeur d'un Parc
Natural
desservi par une autovia.
Je me demande ce que trois immenses parkings déserts font
auprès du cimetière. Leur calme m'incite
à en
squatter un. Ma camionnette sera ainsi garée
pour
la journée du lendemain.
Au réveil le parking s'anime. On est dimanche matin. Est-ce
le
jour des visites aux disparus ? Des femmes en noir descendent du
village. Ce sont ensuite aux automobiles de venir déposer
leurs
lots d'endeuillés.
Nijar a évolué. Déjà, de
passage en 1981,
j'avais noté du changement. Aujourd'hui l'uniformisation
mondiale a sévi. Sûrement en bien. Mais rien n'est
tout
blanc ni tout noir.
Ma première ascension me fait passer devant la Guardia
municipal promue au rang de Policia Rural et dotée d'au
moins 5
voitures et trois motos. La flotte automobile de la Guardia Civil n'est
pas garée sur mon parcours.
Il me souvenait avoir jadis
peiné à
monter en voiture vers Lucainena de Las Torres. La pente
résiste encore aux normes européennes. Mon VTT
résiste
à la tentation de renoncer à en gravir ses
pourcentages.
Que la Valle de Huebro
se
mérite, rien que de naturel !
La récompense est
à l'oeil.
Le chemin conduisant vers le Collado de
Romeral et le Collado de
los Posos a
été déplacé et
élargi.
Peut-être des chemins
pourraient
m'éviter de redescendre à Nijar pour atteindre
mon
prochain objectif. Je ne dispose d'aucun renseignement me permettant de
le tenter.
Et puis, le Valle de Huebro ne
masque pas sa beauté dans la descente.
Le Collado de la
Umbrilla de la
Mata
sépare deux vallées
sur la route AL-3107.
La seule difficulté
consiste à
déterminer quel passage porte ce nom. Les cols
géographiques ne manquent pas.
Le Collado de
la Umbrilla de la Mata n'affiche pas ses 577
mètres d'altitude.
Pas de quoi décourager
une roue de BTT.
Je reconnais au passage la
boutique où j'ai acheté un cendrier
voilà 25 ans.
Je laisse le Collado
d'Almeria et le Collado de
Polopilles à leurs petites
altitudes. Les
trouver aux abords de l'autovia risque de me m'exposer trop longtemps
à la merci d'un soleil dominateur.