Roses des Sables et Mille Perthuis
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Premiers pas en Afrique
Le Paris-Dakar du Pauvre

Episode 4


Ce
feuilleton relate le tout premier voyage en Afrique de l'auteur. Il n'a jamais fait l'objet de publication mais illustre les paysages et certains lieux dont il est question dans ses livres.

R6 Episode précédent :

Episode 3 : En Andalousie...


 

Je peux le révéler aujourd'hui, mes écrits de toute manière m'auraient trahis, c'est deux années complètes que je vais passer en Afrique.
Je sais qu'on n'y cuit pas les missionnaires dans les marmites
, mais on imagine aisément que durant tout ce temps j'en ai vu de drôles.

Ane - Le Paris-Dakar du Pauvre



Mais je n'ai jamais été autant impressionné que ce tout premier jour pour mes tous premiers pas sur le continent. Je n'y étais pas préparé.



C'est qu'une fois là, il ne s'agit plus de se contenter de regarder en spectateur. Il faut agir.

Premier exercice : trouver un garagiste apte et disponible pour resserrer la culasse de la Renault 6, tout en payant un minimum. Nous disposons de 15000 francs pour l'aller et le retour... et moi, pour après le retour. On n'est pas payé pour se balader !
Marché au Maroc Le Paris-Dakar du Pauvre



Ensuite il y a toutes les obligations de contact avec la population. Il faut se nourrir ! Donc acheter. Donc marchander. Ne pas le faire serait incorrect.


Nous profitons de nos derniers instants en Espagne pour confier le véhicule à un garage Renault. Tant qu'on le peut, c'est plus rassurant. On a quand même le Sahara et la Sahel à traverser deux fois !

En attendant, c'est la frontière qu'il faut franchir en direction du Maroc. Une frontière terrestre. Ca change du Perthus où nous n'avons ralenti que par pure forme. Ici, une file interminable se termine devant nous ou derrière, ou à côté. Il y a des va-et-vient incessants. Nous sommes dans un "grouillement" indescriptible.
Comment allons-nous nous en sortir ?


Je considérais jusqu'à présent que le passage de frontières était ma spécialité. J'ai voyagé ! En Europe.
Dans les fjords en Norvege

Je suis allé au Cap Nord, sans carte, sinon d'identité; sans savoir quels pays appartenaient alors au "Marché Commun" et n'exigeaient pas de passeport. J'ai traversé la Finlande nuitamment de nuit (en novembre, c'est la règle) dans l'impossibilité que j'étais de revenir par la Norvège enneigée.

Cap Nord
J'ai dirigé des centres de Vacances à la frontière suisse, des camps itinérants en vélo dans ce même pays, et dans d'autres alentours et moins alentours comme l' Espagne. Tout près d'ici, en Andalousie.

Combien de fois les jeunes confiés par divers services de l'Etat n'avaient pas toute la panoplie des papiers requis ? Je les ai toujours fait passer dans un sens et dans l'autre. Je n'ai jamais abandonné personne en cours de route. Mais là !
Le jeu semble consister à se procurer un formulaire à remplir pour le présenter au contrôle. Arriver au guichet demanderait plus d'une vie.
Des intermédiaires monnaient le précieux document. Je me suis fixé pour principe de ne pas entrer dans ce système. De ne pas m'offrir du temps. On dit qu'en Afrique, le temps ne compte pas, alors je n'entends pas l'acheter.
Sous je ne sais quel prétexte, je finis par accompagner un autochtone apparemment officiel, jusque très près de la guérite et là, discrètement, je m'insère dans la file. Comme si cela était naturel. Comme si le gradé m'en avait prié.
Vous êtes combien ? interroge le fonctionnaire dans la guitoune?
Je me surprends à répondre : 7
Muni de 7 formulaires, je peux en distribuer à quelques compatriotes moins hardis et en garder deux exemplaires pour une autre fois. Sait-on jamais !
Ils me serviront.

Château marocain
Mon inquiétude grandit au fur et à mesure que nous approchons du fatidique contrôle. Nous voyons nos prédécesseurs vider entièrement leurs véhicules afin que policiers et douaniers inspectent la totalité des marchandises.
Certes nous n'avons rien de bien illégal, mais nous possédons une CiBi qui ne s'appelle pas même encore CiBi. Je l'ai dissimulée dans une console en contreplaquée sensée abriter un autoradio bien visible. Le combiné téléphonique est rangé à part dans un sac de voyage.

Nous sommes à une époque où n'existe pas de téléphone portable. Le filaire fait parler davantage de lui qu'aux correspondants. On a coutume de dire que "la moitié de la France attend le téléphone et l'autre moitié la tonalité".
Si cet appareil est rare en France, j'imagine ce que va en penser un douanier africain atteint pour moins que ça d'accès de fièvre espionite.
Mais c'est à l'idée d'avoir à vider la voiture, la cantine en fer, les sacs, les caisses et tout ce qui se plaît à naviguer librement, que j'angoisse le plus.
Nous sommes certes en Afrique. Mais encore en Espagne. L'Afrique africaine est à deux pas.
Allons-nous les franchir ?

Vous le saurez, peut-être... dans le prochain épisode :

R6
Cinquième épisode : La traversée du Rif


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