La
voie verte,
interdite aux chevaux-vapeur des véhicules à
moteur
et aux chiens en
liberté, poursuit sur l'ancienne plate-forme
ferroviaire de la ligne de Pamiers à Limoux.
En 1897, alors que la ligne n'était
pas encore ouverte :
Mirepoix. - Ecrasé
par un train
Hier
matin, à six heures, un ouvrier terrassier se rendait de
Mirepoix à
Saint-Amadou en suivant la
ligne ferrée en construction.
Arrivé à
Coutens, ce malheureux qui devait être pris de boisson s'est couché
sur la voie, et malgré les conseils de plusieurs personnes
et bravant
les appels d'un train de ballast qui arrivait, il a persisté
à rester
couché sur les rails.
Le corps de ce
malheureux a été affreusement
mutilé ; la
tête était en bouillie et une jambe
était
séparée du corps.
M. le docteur Astré, appelé, n'a pu que
constater le décès.
Les convois, plus
tard, dans un contexte moins tragique, s'inséraient entre
les garde-corps
Les voies de chemin de fer sont parfois témoins impuissants
des drames de la vie :
Infanticide aux assises
La
chambre des mises en accusation de la cour d'appel vient de renvoyer
devant les assises de l'Ariège Joséphine
Marceline G., âgée de 18 ans,
domiciliée à Coutens,
inculpée d'infanticide.
Ayant
clandestinement mis au monde, le 6 janvier 1915, une fillette,
Joséphine G. la laissa périr,
étouffée sous
un matelas.
Quatre
jours plus tard, ayant roulé le petit cadavre dans un
tablier et
enveloppé le tout dans un papier d'emballage, elle se rendit
à pied à
Mirepoix,
où elle prit ensuite le train afin de
regagner Coutens,
abandonnant sur la
banquette du wagon - sous le coussin de cuir de
cette
banquette - le funèbre colis, qu'un jardinier de
Pamiers, M. L...,
découvrait le lendemain 11 janvier, en montant dans le train
en
partance pour Mirepoix.
au-dessus, à nouveau, de l'Ancien Canal du Moulin de Besset*,
*Géoportail, nom d'un chien, voit là un "Ancien Canal du Moulin de Basset !
dont le débit semble avoir été revu
à la baisse.
Les ponts
maçonnés ont traversé les
âges sans trop de dommages.
Les ponts à tablier métallique ont connu deux
vies. Ils auraient pu en connaître trois. La Dépêche du 20 avril 1896
fait état d'une lettre des représentants des
cantons de
Pamiers, Varilhes, Saverdun et Mirepoix, au ministre des travaux
publics.
Monsieur le ministre,
La nouvelle que la partie de la ligne de Pamiers à Bram et
Limoux, comprise entre ces deux dernières
localités et
Moulin Neuf, étaient remises à la compagnie du
Midi,
a profondément
ému les populations des cantons dont
nous sommes les représentants au conseil
général
de l'Ariège. Alors qu'elles ont un
intérêt
considérable à ce que la ligne entière
soit
livrée, elles comprennent que la marche actuellement
adoptée doit aboutir à un retard dans la mise en
exploitation de la partie entre Pamiers et Moulin-Neuf.
C'est en leur nom et
à cause de leur intérêt incontestable
que nous avons l'honneur, monsieur le ministre, de vous
soumettre les observations qui suivent :
La raison qui empêche la remise totale de la ligne
à la
compagnie du Midi, est l'état des travaux dans
l'Ariège. Ce ne serait pourtant
être un obstacle.
A
part quelques portions de ligne qu'on peut achever rapidement, si vous
le demandez à M. l'ingénieur en chef de
Foix, il n'y
a de sérieusement en retard que les passerelles et les ponts
métalliques. Quels temps que doivent encore exiger leur
construction, cela ne peut pas arrêter la pose de la voie
entre
Pamiers et Moulin-Neuf.
Vous savez mieux que nous,
monsieur le ministre, qu'en pareil cas on remplace les ouvrages
à construire par des ouvrages
provisoires en bois
sur lesquels la voie est posée et qui disparaissent lorsque
le
pont ou la passerelle métallique définitifs ont
été mis en place.
C'est
d'une pratique courante dont il y a des exemples nombreux, nous en
citerons deux : la ligne de Mont-de-Marsan à
Tarbes,
inaugurée en 1859 par un train impérial et
exploitée alors qu'il n'y avait encore que des ponts en bois
provisoires...
Les ponts
qu'emprunte maintenant la voie verte, ont-ils
échappé au bois provisoire ?
Le premier, voûté
sur le ruisseau de Grano
(Le Grand),
soutient la pile
d'un second ouvrage
Photo du 23 juin 2016
Mirepoixfut
longtemps d'accès difficile. Tapie à deux
cents lieues de Paris, au pied des Pyrénées,
baignée des eaux capricieuses d'une rivière
tributaire de
l'Ariège, l'Hers ou le Lhers,
elle n'avait encore, au
déclin du siècle dernier, d'autre moyen de
communiquer
avec le reste des humains que sa diligence cahotante et
vénérable qui partait au gré
des coursiers
tintinnabulants et arrivait à la gare de Pamiers, quand il
plaisait aux dieux - et au conducteur.
Cet isolement d'un petit
monde de quatre mille âmes - ce Mirepoix qui donna
son nom
à l'une des plus anciennes familles de France, ce Mirepoix qui
fut évêché jusqu'en 1789 et chef-lieu
de district,
c'est-à-dire d'arrondissement, à l'aube de la
Révolution - ne voit-il pas une excellente condition pour
vivre,
pendant des siècles, sur son propre fonds, pour constituer
au
cours des âges, à force de patience et de
goût, une
véritable petite capitale, et comme la naïve
miniature
d'une grande ville d'art ?
la galerie
maçonnée, voûtée,
de l'ouvrage ferroviaire.
Lors
de la construction de la ligne de chemin de fer, Mirepoix n'a pas
échappé aux incidents entre ouvriers
français et étrangers :
Mirepoix (Ariège). - Un conflit a
éclaté ce matin entre ouvriers
français et espagnols travaillant à la ligne ferrée.
Cent ouvriers
français, armés de gourdins, ont conduit une
vingtaine d'Espagnols à
Mirepoix chez M. Débat, entrepreneur du troisième
lot.
Les Français
demandent le renvoi des Espagnols.
Aucun incident sérieux ne s'est produit grâce aux
gendarmes qui ont dû protéger les Espagnols...
Il était prévu qu'il s'arrête
à quai, devant le bâtiment
voyageur,
à
7 heures 34,
où
il
était attendu, côté voies comme côté cour.
Les voyageurs d'aujourd'hui, c'est ballot,
Photo du 15 mars 2016
ont été transférés dans l'ancienne
cour des marchandises.
La gare de Mirepoix
est ouverte depuis le premier
janvier 1898, pour les trains à destination de
Limoux.
Le
premier train en
provenance de Pamiers, lui, n'entrera en gare que le dimanche 20
novembre 1898, accueilli par une
fanfare et les enfants des écoles.
Le soleil semble avoir été de la
partie, ce jour là. Et c'est tant mieux :
Mirepoix.
- Réclamations. - Il est vraiment
écœurant de voir dans quel état se
trouve le chemin de halage qui conduit de la gare en ville. Les voyageurs qui arrivent ou
qui
vont prendre le train ont de la boue à demi-jambe.
Il nous semble que
la compagnie des chemins de fer du Midi pourrait faire transporter du
gravier sur sa propriété pour durcir le chemin.
En ce qui concerne
l'administration des chemins vicinaux, voilà
déjà deux mois que des tas
de gravier espacés existent sur la route empêchant
la circulation.
Attend-on l'été pour les répandre ?
10 ans plus tard, c'est l'électricité qui
patauge. Entre-temps, peut-être, le problème de
gadoue aura été résolu.
Hier encore, l'avenue de
la gare était dans l'obscurité la
plus complète...
Le
temps, c'est sûr, n'était pas clément
dans la nuit du 2 au 3
mars 1903 :
Dans la nuit de lundi à mardi, un ouragan
épouvantable s'est abattu sur notre localité... A la gare,
la grue servant au chargement ou au déchargement des gros
poids a été renversée.
M. Albert Sarrault, sous-secrétaire
d'État au
ministère de l'intérieur, est arrivé
à
Mirepoix, hier mercredi 15
août, par le train de
10 h. 3 du matin.
L'état de M. Sarraut est des plus satisfaisants.
Nous espérons que les quelques jours de repos absolu
que le vaillant collaborateur de M. Clemenceau se propose de passer dans notre
beau pays de l'Ariège aideront efficacement au prompt
et complet rétablissement de sa santé.
Marie
Escholier, dès l'entrée dans la Grande Guerre,
tient un journal, publié plus tard sous le titre
"Les saisons du vent". On peut y
lire :
18
août 1914 :
"La fièvre des premiers jours se calme. Mirepoix reprend
son aspect de toujours, seulement c'est tout de même
étrange de ne plus
voir les hommes jeunes, il manque vraiment un des
éléments de la vie
ordinaire, on dirait que le nombre de femmes et de vieilles barbes a
augmenté dans d'extraordinaires proportions."
Pourtant, des hommes jeunes, il en restait au Camp de Mirepoix. On
réquisitionnait même des haricots pour eux.
Mirepoix le 14
novembre 1914.
Monsieur le Maire,
J'ai l'honneur de vous informer que le prix d'achat des haricots par la
réquisition a été porté
à
50 fr. le quintal métrique, soit 40 fr.
l'hectolitre.
Veuillez
communiquer cette augmentation de prix à tous vos
administrés détenteurs de ce légume en
les priant
de hâter le triage ; à la date du 10
novembre il sera
procédé à
la gare de Mirepoix,
à la réception de tous les haricots
triés qui
seront transportés par vos soins. Ces grains seront
payés
séance tenante à caisse ouverte, à
partir du 18 courant.
Un membre de la commission se tiendra à la gare
pour les recevoir et les noter...
Dans la suite de l'article, ces haricots auraient fait des
détours pour revenir
majorés de 16 frs. par 100 kilos. Mais
cela est une
autre histoire, a priori éloignée de la gare.
La section de ligne de Mirepoix à Limoux, ouverte aux
transports
à petite vitesse, ne tarde pas a montrer ses insuffisances.
Trains
de marchandises les jours de foire à Mirepoix.
- Les bouchers et
marchands de bestiaux de Limoux, Espéraza, Alet, Quillan,
etc., se
plaignent de la lenteur des transports de leurs animaux les jours de
foire à Mirepoix.
Cet
inconvénient est tellement préjudiciable
à leurs intérêts qu'ils se
voient assez souvent obligés de se pourvoir ailleurs...
la
N 625 (actuelle D 625) à l'angle
d'une maisonnette de
garde-barrière,
disparue depuis, dans l'enclos d'une courette.
L'ancienne
plateforme
ferroviaire disparaît, elle, sous le terre-plein du rond-point
de
l'avenue Charles de Gaulle et, sous forme de voie verte, prend la
direction de Moulin-Neuf.