Depuis
un an, j'envisage de
me rendre dans la Sierra de Prades, près
de Tarragone, où une carte tombée
de mon ordinateur m'incite à aller chasser de nombreux cols.
Un déplacement
d'une semaine, compte-tenu des voyages aller et retour. Semaine de beau
temps,
bien entendu.
La météo du printemps 2008 tarde à se
mettre au diapason de mon projet.
La
mi-juin sonne l'heure d’autres escalades. Comme l'an
passé, je compte
descendre en Andalousie, retâter de la Sierra Nevada. Entre
autre.
L’ensoleillement garanti sur la partie est de la
péninsule ibérique à partir du mardi
17 juin, me décide à marier ces deux projets. Lundi
16 : Saint-Pons,
Perpignan, Barcelone, Tarragone, Reus et Prades. Jusque là,
nul besoin de
cartes, si ce n’est au départ du parking de Vallirana, au sud de
Barcelone, où, à chacun
de mes passages, mes jambes demandent
à se dégourdir sur
les pentes de cols environnants.
J’ai établi un parcours autour de cette
cité. Il
s’avère impossible à
réaliser en une fois.
Ni la
difficulté ni la distance ne sont en cause. La
traversée
de nombreuses
« urbanizacions » perturbe la
localisation des
objectifs.
Je me contente aujourd’hui de "picorer"
les seuls Coll del Corral
et Coll de Carrascal.
Le beau temps
n'est envisagé que pour demain.
Chose promise,
chose due.
J'arrive à
Prades
entre deux orages.
L'emplacement du camping tient du secret de la défense
municipale. Dans le
village, pas une pancarte, pas la moindre petite indication. Une astuce
peut-être pour forcer le touriste à la visite
générale ?
Le
camping, si c’est lui, ne
s'offre pour enseigne que quelques drapeaux catalans et
européens. Et
comme le bureau d'accueil, le restaurant et l'épicerie
affichent portes closes,
je me dois d'attendre 90 minutes avant de recevoir le prix
d’intuition du jour.
L'épicière s'active aussitôt
à joindre le "Jefe" au fond de sa piscine avant de
s'enhardir à m'admettre dans les lieux.
Je suis quasiment le seul occupant... du moment.
La plupart des emplacements semblent loués à
l'année, et occupés, hors
vacances, principalement les week-end.
Mardi, vers huit heures, je tente de m'extraire du village pour entamer
le premier des quatre parcours prévus. Il s'adapte
parfaitement
aux conditions climatiques et aux jambes incertaines. La bassesse du
plafond ne laisse pas de m'inquiéter.
L'irrégularité de l'entraînement de mon
VTT, aussi.
Les orages nocturnes ont laissé trace de leurs passages
à l'intention des dormeurs profonds.
Le jour est gris.
Je roule plus d'une
heure sans parvenir à
quitter Prades. Je dois consentir à me renseigner. Une fois.
Deux fois. Trois
fois.
Le
chemin du Coll de les Forquets n'a pourtant
pas à rougir de son état. Pourquoi se complait-il
ainsi dans l’anonymat ?
Un
carrefour m'arrête bientôt. Il semble au service
du Coll
de les Forquets. Il n'en est rien.
Le Tossal del Basili, à main gauche, les jours sans
brouillard,
s'appuie sur deux cols, dont le premier rencontré reste
géographique.
Un
chemin, sur la gauche, rejoint une route. J'en ai fait un point de
repère.
Sur
ma carte, à quelques
mètres, sur la droite cette fois, un pointillé
relie le chemin au Coll de
la Forguina.
Le sentier correspondant, correspond. Probablement grimpe-t-il
là où il doit.
N'importe quel marcheur l'atteindrait avant la fin de ma
réflexion. Je renonce
à pousser mon vélo au travers d'une
végétation abondante. A ce stade du
parcours je veux éviter de gaspiller du temps. Au cas
où !
Le col paraît plus accessible par l'autre face.
Un autre jour ?
Autour de Prades, les chemins nouveaux abondent.
Je me dois d'en essayer certains,
mais
ils conduisent à d'autres cueillettes.
Faute
de documentation en harmonie avec le terrain, faute de
fléchage, je confie à ma seule
intuition la
recherche du Coll del
Bosc.
Une pente sèche, une des rares en ce jour humide,
me met à pieds jusqu’à l'apparition de
la vallée opposée.
Ce magnifique passage sera le
col recherché !
Une faiblesse
passagère du stratus me dévoile la possible
implantation de poteaux à
quelques gouttelettes d'eau.
Le
syndicat d'initiative certifie
l'emplacement du Coll
del Bosc.
Coll
del Bosc.
A partir de quel Coll del
Bosc dois-je tenter de repérer la suite de mon
itinéraire. A partir du
vrai ou du véritable ?
J'opte pour un chemin sans prétention à
l'opposé du versant à ne surtout pas
dévaler. J'espère finir par trouver la T-700
pleine
de promesses.
Le chemin aboutit à 200 mètres du Coll de
l'Arena,
et à peine plus d'un kilomètre du Coll de la
Mola.
Malgré la présence d'un panneau stop, la T-700
poursuit son chemin par la droite. Moi aussi. Pour un aller-retour.
A 1500 mètres, sur
la route de Montblanc,
le Coll de les Masies donne accès
à deux chemins.
Le premier monte au
Coll
d'en Ponç.
Le second commence par descendre
vers
le
Coll del Palau.
Le
Coll de les Masies,
franchi pour la troisième fois,
je rejoins
le
Coll
de la Mola
pour emprunter maintenant la TV-7005, à main droite.
La borne du
Kilomètre 1 voisine avec le Coll
de la
Serra de Riuqui voisine,
trois cents mètres plus loin, vingt mètres plus
haut, avec le Coll de la Pinadeta.
Une troisième passe, sans nom mais pas sans importance,
jouxte un bassin d'eau d'irrigation. Encore un point de
repère.
Plus
qu'un kilomètre et j'abandonne l'asphalte par la gauche.
Le chemin grimpe au-dessus de Villanova de Prades, sous une fine pluie.
Un
premier carrefour
m'interroge. J'opte pour l'option basse après avoir
testé inutilement la haute.
Le col en vue,
fait tout pour tromper le chasseur.
Ma
carte, pour une fois
formelle, situe le Collet
de les Clososà
encore quelques gouttelettes
de pluie.
Certes, le Collet de les Closos ne paye
guère de mine, mais il
offre l’avantage d'offrir un vrai point de passage.
La piste croise en son
endroit deux GR de couleurs différentes. Elle croise aussi
mon estomac à
l'heure du pique-nique.
Le Coll del
Pubill se laisse approcher à vue. Deux chemins
proposent d’y concourir. Le
meilleur conduit à un cul-de-sac pour vélos. Mon
VTT en témoigne.
Le plus herbeux
rétrécit peu à peu.
Un sentier descend traverser le Barranc
del Mataro, à sec malgré les orages
récents,
il reprend ensuite de l'altitude
pour finir au Coll del
Pubill.
Le chemin rejoint, est certes fils
unique, mais offre de le suivre en deux sens opposés.
La
logique voudrait que je
l'emprunte par la gauche vers un col trop visible pour ne pas me
méfier et... prendre
à droite.
La multiplicité des carrefours ampute peu à peu
mes certitudes en matière
d'orientation.
La traversée d'un riu, non prévue au programme,
me force à reconnaître ma mise
hors circuit.
Je
reprends espoir avec
l'apparition subite du marquage coloré d’un GR
sorti de je ne sais où. Il me
fait augurer d'une indication prochaine.
Le
bétonnage de la piste me
convainc bientôt de l'approche d'une zone habitée.
Ma carte,
dépassée par la frénésie
des travaux publiques, ne sait plus où m'envoyer.
Ai-je déjà franchi ce mystérieux Coll
de Rossinyols que j'en viens à
qualifier de noms d'oiseaux.
En ce cas, le Coll de Cabrers se trouverait
quelque part sur un
chemin à droite. Mais des cols, il y en a partout.
Au club des 100 cols géographiques, j'occuperais une place
de choix.
Je reviens au chemin cimenté
qui pour nos retrouvailles m'offre très vite un col, anonyme,
Coll de
Rossinyols
mais
baptisé à proximité de
Prades par une pancarte directionnelle. Le poteau indicateur,
planté en
pleine nature, facilite à merveille les concentrations de
rossignoles.
Le randonneur partant du village, trouve le renseignement au moment
où il n'en a plus besoin. L'initiative reste toutefois
louable.
L'hypothèse
de me trouver confronté
à la difficulté de rallier les deux derniers cols
m’avait effleuré. Aussi, je
dispose d’un plan B qui consiste à
remonter
vers le Coll de Cabrers
à partir des abords de Prades.
Cette option bienvenue m'offre en prime un accès au Coll de
Cabrers par
une piste cimentée.
La
fin du parcours recèle
encore une dernière surprise.
Je rejoins Prades au carrefour où je l'ai quitté,
mais du côté opposé de la
route.
La boucle frise la perfection ;
je dois encore regagner le camping. Malgré
un temps incertain, des cartes
approximatives, cette première randonnée a tenue
toutes ses promesses. 13 cols (+
2) pour relativement peu d'efforts.
Au camping, les débroussailleuses ont
pris le pouvoir. J'ai encore le temps d'aller chasser les Coll del Vidrier et Coll de l'Andreu
sans manquer l'essentiel de leur concert.
Débarrassé du sac à dos, je constate
trop tard que je le suis aussi de l'appareil photos.