Depuis
son
départ de Saint-Pons, la route dessine ses lacets sur le
versant méridional du
Lauzet. A gauche, ce sont d'abord les jardins de l'Horte, les
bâtiments de la
colonie de vacances de Claire-Fontaine (tout près et en
contre-bas de la route)
et le petit faubourg de Senmen, sur le bord de l'Aguze. Puis,
s'élevant sans
cesse, on domine le ravin du ruisseau de Brassac, sur les pentes duquel
le
Moulin-du-Diable accroche un instant le regard. Aujourd'hui pitoyable
ruine
oubliée dans sa solitude, c'était,
paraît-il, au siècle passé, un endroit
très
fréquenté et le rendez-vous de la jeunesse de
Saint-Pons et des fermes du
vallon qui venait y danser le dimanche.
Quelques
virages, celui dit des « Escarabils », celui de
Verdières, et le frais vallon
de Brassac s'ouvre sous les yeux du promeneur. Le hameau s'y
développe bien à
l'aise au milieu de vertes prairies. On laisse à gauche le
départ de la route
qui y conduit puis, après un long détour dans
l'est jusqu'à l'extrémité du
vallon, au col de la
Borie de Roque, on retourne vers le nord et le
Sommail,
dont le mur barre l'horizon. On passe alors à Chappertis
après avoir dépassé
l'embranchement sur la Saurine (à droite).
De
Chappertis au Cabarétou
Tout
à fait
dans le haut du vallon de Brassac, non loin de Chappertis, sous les
bâtiments
bien en vue de l'école de plein air de
Bayssières, se montre la ferme du Petit
Rieumajou (Cambiès, Pierre-Jean). Ses modestes constructions
basses s'alignent
sur une terrasse exposée au midi. Le tourisme n'a pas encore
défiguré cet
ensemble. Il ne met même pas à profit la source
d'eau ferrugineuse et
pétillante qui s'est appelée longtemps
« fontaine de santé » et qui coule
à
quelques mètres de la pointe de l'épingle
à cheveux que dessine la route à
hauteur de la ferme.
On
s'élève
ensuite en roulant vers l'est sur une route à la pente
peut-être un peu sévère,
mais remarquablement régulière, tracée
sur les flancs du Sommail proprement
dit.
C'est
d'abord la bifurcation vers Angles et Le Soulié,
à gauche, puis, en un large virage, le col des Bouteilles,
faiblement marqué
sur la grosse échine montagneuse qui descend des hauteurs et
devient, dans le
bas, le Lauzet, cloison dressée entre le vallon de Brassac,
par où on est monté
de Saint-Pons, et celui de Tarbouriech, que l'on va traverser dans le
haut.
Quelques
minutes après le départ de la Salse (à
pied bien entendu) on va successivement
franchir les ruisseaux du Verdier puis de Brabach. Le chemin est
très beau et,
entre les deux cours d'eau, on a l'occasion d'observer sur une dizaine
de
mètres un spécimen de l'ancien pavement de ces
voies ; des deux côtés des
dalles sont disposées, sans doute pour le passage des roues
du char tandis
qu'au milieu des galets sont placés de champ pour favoriser
vraisemblablement
l'adhérence au sol des pieds des mulets. Chemin faisant ou
remarquera aussi le
triste état de la châtaigneraie.
Mais
bientôt le
ravin s'efface et le chemin parvient au point culminant de son trajet :
le col de Belle-Viste, faible
ensellure
rattachant la montagne du Bureau à Belle-Viste et
séparant les bassins du
torrent de Bolbès au sud de ceux des torrents qui descendent
du versant
septentrional de chaque montagne, le Bureau à l'ouest et le
ruisseau des
Syeires à l'est.
Il
suffit,
à
hauteur du col, de s'engager à droite sur la lande, pour
fouler le sol de
Belle-Viste que la carte au 25.000e ne
connaît
que
sous le nom de « La Grande Plaine », vieille
dénomination rendant bien compte
du caractère essentiel du site.
Dans
tous les
sens le touriste se promènera à l'aise sur cette
étrange « Grande Plaine ». Il
s'étonnera
d'y rencontrer des sortes d'enceintes en pierres sèches. Ce
sont
les ruines des
enclos dans lesquels, autrefois, les jeunes arbres étaient
mis
à l'abri des
trop fortes tempêtes pendant le temps nécessaire
à
leur acclimatation à ces
régions où ils étaient ensuite
dispersés.
Il pourra rendre visite au Roc de
Belle-Viste, à 300 m. environ dans le sud du Signal. Il
pourra
encore, sur le
versant nord cette fois, à 3 ou 400 m. du Signal, rendre
visite
à la Fontaine
de Pisseloup (1050 m.), source du ruisseau des Syeires. Mais il ne
pourra pas
descendre sur le versant oriental ; le seul ancien chemin qui de la
Pinchinière
montait autrefois à Pisseloup puis sur le flanc de
Belle-Viste
descendait à
Cailho et à la Salse a disparu.
Aussi
bien,
après sa visite, le promeneur reviendra-t-il au chemin pour
continuer sa marche
vers le nord. Il traversera le col
de Belle-Viste (1085 m.) et commencera à
descendre du plateau sur lequel il se trouve depuis le col de Farrals.
Au-delà de cet embranchement, le chemin reprend la direction du nord. Sur un sol quelque peu rocailleux, on s'élève de plus en plus ; les hauteurs paraissent de moins en moins élevées, les arbres se font plus rares, le fond du vallon se montre à droite où la lande, striée de jeunes plants, recouvre la cuvette faiblement creusée que limite au nord une bosse élevée de 1083 m. flanquée sur chacun de ses côtés par deux cols nettement marqués : le col de Couyolet (1071 m.) à l'ouest et le col de Rière (1066 m.) à l'est.
A un kilomètre environ de Riviérals, dans un site dépouillé, torturé par les éléments qui n'ont laissé debout que quelques troncs d'arbres semblables à des poteaux télégraphiques, on atteint le col de Couyolet ou d'Espelègue, entre le vallon de Riviérals et celui de Flacheraud.
A
3 ou 400 m. dans l'est du
col de Couyolet
un autre col se présente : le col de
Rière qui donne accès à la
ligne de hauteurs reliant le Sommail à l'Espinouse par le
col de Fontfroide. Le
chemin qui, depuis le col de Couyolet, avançait en direction
de l'est, tourne
alors à gauche pour reprendre la direction du nord et
traverser le col. Mais
avant le virage un autre chemin s'éloigne et retourne dans
le vallon. Il va
inscrire son tracé sur les pentes de la montagne de Chiffre
puis du Grand Col
ou Garrigue-Longue et redescendre sur la rive gauche du torrent au bord
duquel
il se termine à hauteur de Riviérals.
Des Syeires à Violgues
Le sentier s'éloigne de l'angle nord-est des Syeires. Bien en vue sur la lande, il se dirige vers l'est et descend à la lèvre de la gorge tapissée de hêtres au fond de laquelle coule le torrent de Riviérals. Sous les arbres, en quelques lacets court et raides, il tombe littéralement sur le cours d'eau que l'on franchit à gué sur de larges rochers plus ou moins faciles d'accès selon la saison. De l'autre côté de l'eau, en un trajet parallèle à celui du torrent qui, pour sa part, dégringole rapidement vers le sud, le sentier s'élève sans cesse tout le long de l'abrupte paroi du ravin. Un parcours en ligne droite de 300 m. environ sur un sol découvert et rocailleux suffit pour atteindre le col de la Venti-Bouco, à 970 m. d'altitude et à moins d'une demi-heure de marche des Syeires.
Au col de la Venti-Bouco on a débouché sur ce qui a été pendant longtemps la grande voie de communication du secteur : le chemin de Riviérals à Violgues. Pour descendre sur Violgues on ne suit pas le torrent de Riviérals. Rejeté plus au sud par l'éperon de la Venti-Bouco, celui-ci, sous le nom du ruisseau de Saillens va creuser son cours dans une gorge tellement étroite et profonde que les pêcheurs chevronnés sont seuls à en connaître et pratiquer les voies. C'est sous les pentes orientales de la Venti-Bouco que prend naissance le torrent de Fandeille (plus bas, de Violgues) dont le chemin, toujours loin et bien au-dessus de l'eau, va longer la rive droite.
Peu
après le départ du col de la Venti-Bouco, dans
l'endroit même où le chemin incline son
tracé pour pénétrer dans le ravin
qu'il
va descendre, se rencontre un bosquet propice au repos après
l'effort d'une
marche sur un chemin sans ombre depuis le gué sur le torrent.
D'autant plus que
de ce point les perspectives qui se découvrent vers l'est
incitent elles aussi
à la halte.