Les "cinq
dernières minutes" avant l'arrivée
de
son train pour Valence,
Raymond Souplex
se mit à chercher
son
ticket
tombé sur les voies. Il ne le retrouva malheureusement pas
et c'est la mine dépitée qu'il dut prendre place dans un wagon de marchandises.
Mais cela est une autre histoire ;
différente, diront les connaisseurs, de celle de
l'épisode
"Un gros pépin dans le chasselas",
tourné en 1972 à Chomérac et dans ses
environs.
Rapport
Dombre du 20 mars 1860
Nous ne savons ni pourquoi
le trajet par Chomérac
a été choisi ni pourquoi la
gare de Chomérac a été
installée à 1 500 m. du bourg,
au quartier du Couraillou, encadrée N. et S. par les
propriétés L. Bouvié.
L'industriel Ganivet, à Champ-la-Patoire, l'avait
réclamée dans son voisinage.
De Baix partait une voie
(romaine) qui
passait par Alissas et aboutissait à Privas. De Privas on
allait
au Cheylard et à Saint-Agrève par deux chemins...
A
part quelques modifications de détail, les routes modernes
et les
chemins de fer ardéchois n'ont fait que suivre la direction
desvoie
romaines.
du "chemin vicinal ordinaire
N° 10 de Chomérac à Gratenas",
actuelle route du Flacher.
Du haut de l'ouvrage, le passant promène son regard du château de Bijou
aux manufactures textiles
du "Champ la Lioure".
L'origine de cet ensemble industriel de premier plan remonte au XVIII e
siècle où, sur l'emplacement d'un moulin, va
s'édifier un complexe industriel destiné
à la
filature et au moulinage,
qui va regrouper sur une
superficie de 60 ha tout un ensemble de moyens exploités par
une main d'œuvre abondante.
Le développement repose en grande partie sur un homme,
Josué Chabert, (1808-1886) doté de
qualités
exceptionnelles qui vont en peu de temps le hisser du poste de
contremaître au statut de chef d'entreprise.
Ce développement sera poursuivi par un de ses fils, Edmond,
avec
la fortune apportée par son épouse, Marie
Gignoux, une
riche américaine.
Cette
microsociété constitue sans aucun doute une des
manufactures textiles
les mieux structurées du département de
l'Ardèche, basée sur une
organisation visant à l'autonomie.
La construction de la
voie ferrée, sur remblai, a
créé un "mur" dans les terrains
66
mètres plus loin, 2 mètres plus bas, avec la
Payre.
Au fil du temps, l'utilisation du passage
a évolué.
Les
produits élaborés (à Champ la Lioure)
faisaient l'objet de nombreuses reconnaissances
officielles qui leur valurent bien des médailles lors
d'expositions
nationales et internationales.
Les bâtiments occupent une surface de plus d'un
hectare et
abritent l'outil industriel, les logements des contremaîtres
et
des ouvriers, une école,
un orphelinat
pouvant accueillir plus de cent jeunes filles.
Les annexes nécessaires au fonctionnement (canaux,
écluses, centrales de production d'énergies,
charbon
d'abord puis gaz par la suite, écuries, jardins potagers...)
complètent les équipements
ainsi que la ligne de
chemin de fer mise en service en 1862 et qui longe le site.
Champ la Lioure se distingue aussi tout particulièrement par
les
vestiges jalonnant sa période de gloire, et toujours
parfaitement visibles : un parc avec bassin
d'agrément, un
château "le Bijou", une orangeraie, une chapelle, un bureau
de
poste...
et entrait pleinement sur le territoire communal d'Alissas.
L'emprunteur de la voie
douce de la Payre,
enjambe "à la monsieur Jourdain",
une des "branches initiales du ruisseau de Pontillar"
dont le pont a laissé une empreinte plus importante sur le
cadastre que sur les photos aériennes d'époque et
que sur
le terrain actuel.
au profit, entre autre, d'une
deuxième branche du ruisseau de Pontillar.
Aujourd'hui,
la galerie
voûtée
est affectée à la route de Chalem de
Mars ;
un
"chemin privé sans issue, défense d'entrer".
Le ruisseau de Pontillar,
jusque là tracé mais pas nommé sur les cartes
actuelles, se fait une troisième fois discret sous le remblai.
L'IGN au contraire se décide à le citer sous le pseudonyme de "ruisseau
de Bouzarin".
Les cartes y voient même là la branche initiale principale du
ruisseau.
qui s'ouvre au-delà de la halte
d'Alissas ?
Toujours est-il que...
La revue "Louveteau" rapporte la "bonne
action" d'un garçon de 10 ans qui sauve un train entier.
Avez-vous
lu dans les journaux l'histoire d'Emile Gastillon, petits
frères ? Écoutez :
- Valence, 5 octobre 1930. - Sur la ligne de Privas
(Ardèche), des éboulements se sont produits près de la halte
d'Alissas. Un enfant de 10 ans, Emile
Gastillon, ayant entendu le bruit des rochers, partit en courant
prévenir le chef de poste. Celui-ci put faire manœuvrer
les
signaux avant l'arrivée du train et éviter ainsi
un
déraillement.
En
1871,
le train de 8 h 10 à Livron,
8 h 36
au Pouzin,
ne s'arrêtait pas à la halte d'Alissas.
Pas
par panne de freins en ce lieu propice aux péripéties, mais parce qu'il
faudra patienter jusqu'en 1893 pour pouvoir monter ou descendre d'un
train à Alissas.
Suite à
un vœu du conseil municipal d'Alissas du 26 avril 1875...
Transports
à grande vitesse
La compagnie des chemins
de fer de Paris-Lyon-Méditerranée a l'honneur
d'informer le public qu'à partir du
5 janvier 1893 elle ouvrira les haltes
d'Alissas
(Ardèche)... au service des voyageurs sans bagages et au
transport, avec billets, des chiens accompagnés.
En
1896, la halte
fonctionne mais l'imprimeur du Chaix n'a pas assez d'encre pour le
faire savoir.
En
1912, il fallait
quitter Livron à 7 h 13 pour poser le pied
en "gare" d'Alissas à 8 h 10.
Le
11 octobre 1907, annoncé ou pas au Chaix, l'arrêt s'impose :
En gare d'Alissas un train de
voyageurs est en détresse, et ne peut ni avancer
ni reculer,
car, en amont, la ligne est
totalement emportée...
en aval de la gare le ponceau a
été en
partie détruit.
Sur
une longueur de 40 mètres, il ne reste plus que des rails
suspendus dans le vide.
Les réparations des dégâts
causés à
la voie ferrée demanderont près de trois semaines
et tant
qu'elles ne seront pas terminées, les trains ne pourront pas
arriver à Privas.
Le 10 octobre 1893, le trafic est
rétabli entre Livron et Alissas qui devient terminus
très provisoire de la ligne de Privas.
En temps ordinaires, comme le fait aujourd'hui la voie douce de la Payre,
les voyageurs croisaient
à niveau
le
chemin de la Chaumette,
devenu le chemin de
la Roche, laissant dans son creux le village qu'une prophétie
menaçait d'engloutissement dans une rivière
souterraine.
Trains et passagers s'éloignaient en direction de la gare de Privas.