Toulouse, 16 juin.
- M. Fages, employé à la gare
de Nant-Comberedonde
(Aveyron), occupé à la manœuvre d'une rame de wagons, a eu la tête
écrasée par un autre wagon, qui avait été violemment poussé en arrière
par le vent soufflant en tempête.
1909
M. Bounhol, âgé de 28 ans, chef de gare à
Nant-Comberedonde, sur la ligne de
Tournemire au Vigan, dirigeait le 5 janvier, une manœuvre de
wagons,
lorsque soudain il glissa sur le rail et eut le pied droit complètement
écrasé par les roues d'un des wagons.
Après avoir reçu sur place les premiers
soins, le blessé fut transporté
au Vigan, où un docteur lui fit un pansement ; après quoi il fut
transporté à l'hôpital suburbain de Montpellier. M. Bounhol est natif de Lozère. Il
était à la station de Nant-Comberedonde
depuis quelques mois seulement.
Et maintenant que nous avons passé la petite gare de Nant-Comberedonde,
une descente de 8 kilomètres qui va zigzaguant jusqu'à Nant
s'ouvre
devant nous... Nant, enfin ! C'est un
petit pays charmant comme il y en a tant d'autres
dans la vallée de la Dourbie, avec de l'eau et beaucoup de verdure...
Un comptable nommé chef de gare ne présage rien
de bon pour l'avenir de la ligne.1937
L'économie résultant de la suppression du trafic des voyageurs sur la
ligne Tournemire - Le Vigan s'élèverait à 1.300.000 francs.
On discute des lignes d'autobus de remplacement
du train.
15 mai 1939
Le service voyageurs est supprimé sur la
ligne de Tournemire-Roquefort au Vigan.
18
mai 1952
Fermeture de la ligne entre l'Hospitalet-Larzac
et Avèze.
Aujourd'hui
La gare de Nant-Comberedonde est
reconvertie enhôtel -
restaurant :"la
Gare aux Anes".
1903
Un train partant de Tournemire vers neuf heures du matin, a été bloqué
dans les tranchées précédant la station
de Nant-Comberedonde par les neiges du plateau du Larzac, que le
vent avait accumulées dans ces tranchées.
Au sujet du train bloqué par les neiges en janvier
1909,le Républicain du
Garda sa version
des faits :
A Comberedonde, un train a été
complètement bloqué avec ses voyageurs. On a dû leur porter secours et
des vivres, ainsi qu'aux habitants de Comberedonde. 1918
Chemins de fer du Midi Le Public est informé que la section
de Nant-Comberedonde au Vigan de la ligne de Tournemire - Roquefort au
Vigan, sera rouverte à partir du 1er décembre 1918,
à 0 heure.
La
circulation des trains s'effectuera sur cette section conformément aux
indications de l'affiche générale de la marche des trains (service à
partir du1er juillet 1918).
et s'éloignait en direction de la gare de l'Hospitalet.
1901
Vœu présenté par M. Galtier.
Considérant que le plateau du Larzac, quoique très intéressant par la
nature de ses nombreux produits, est absolument déshérité en ce qui
concerne les voies ferrées ;
Que l'étude d'une ligne desservant ce plateau aurait l'avantage
d'attirer l'attention de l'État, qui pourrait s'y intéresser et
traduire ses intérêts par des sacrifices pécuniaires ;
Que l'Administration de la Guerre crée actuellement un camp très
important à la Cavalerie ;
Que dans cette circonstance, la
construction d'une ligne de chemin de
fer partant de Nant-Comberedonde et allant à Lodève en passant
par le
Caylar, la Vacquerie, Saint-Pierre-de-la Fage, Saint-Etienne-de-Gourgas
et Soubès présenterait un intérêt régional immédiat en même temps qu'un
intérêt stratégique indiscutable...
Une centaine de mètres à gauche, sur le talus, se
tenait jadis "l'arbre du crime" ;
un chêne vert disparu, fendu en deux par la foudre, mais
qui figurait encore
UTM :31 T 525148 4867822sur les
cartes des années 1950,
un siècle
après une tragédie. Le 15 mai (1854)...
au point du jour, un jeune berger découvrit, couché sur le bord de la
route, entre Sauclières et l'Hospitalet, les corps de deux
hommes, paraissant être des cultivateurs, horriblement défigurés et
mutilés. L'un
ne donnait plus signe de vie, et sa mort devait remonter à plusieurs
heures. L'autre respirait à peine ; les soins les plus empressés furent
prodigués à ce malheureux, et, dans la journée du 15, il put fournir à
la justice quelques renseignements sur l'horrible attentat qui avait
coûté la vie à son camarade et qui avait mis la sienne dans le plus
grand danger...
La Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyronpubliait
en 1946 : Aven
des Combettes, sur la commune de la Couvertoirade, causse du Larzac, à
1300 mètres au S.O. O. de la station du chemin de fer de
Comberedonde...
c'est-à-dire dans les parages...
Dans les parages, s'il
n'avait pas été ajouté : "à
50, 100 m. de la voie,
au N.E. d'un pont qui traverse la voie".
Le "pont
qui traverse la voie"
ne
se situe pas à 1300 mètres de la gare de Comberedonde
Si l'aven
des Combettes se trouve effectivement à 50,
100 m. de la voie, au N.E. du pont qui traverse la voie,
son entrée se cache au regard du passant dans les feuillages
environnants.
De
tout temps, en de nombreuses circonstances, on en appelle à l'administration compétente.
Cet appel n'est pas toujours heureux,
déplorait "Le Soleil" du 23 septembre 1896. Ce sont les "administrations compétentes"
qui ont construit la ligne de
Tournemire au Vigan, dont nous avons annoncé l'inauguration à la
fin du mois d'août ;
ce
sont les ingénieurs de l'État qui ont exécuté les travaux de cette
ligne, avec l'argent de l'État-providence, et la Compagnie du Midi n'a
été chargée que de l'exploitation.
Eh bien, il n'y a pas lieu de féliciter "l'administration compétente".
Certes,
le travail est bien fait : les viaducs sont imposants, les courbes
gracieuses, les tunnels d'une solidité éprouvée ; mais si, dans le
tracé
de la voie, on avait posé en principe : dépensons le plus, en ne
tenant
aucun compte des besoins du transit des voyageurs et des marchandises,
on n'eût pas eu à modifier un seul des plans exécutés avec tant de soin
artistique.
Cette
ligne a coûté trente-deux millions de francs, pour un parcours de
soixante-deux kilomètres. Mais les ingénieurs en ont construit pour
leur argent : la ligne compte trente-deux tunnels, dont un, entre
Tournemire et Labastide, mesure 1.800 mètres de long ;
tantôt la ligne grimpe à 650 mètres
d'altitude*, tantôt elle descend à
250 mètres ; et tout cela pour desservir une dizaine de
villages.
*805 mètres à Comberedonde.
Et
encore les gares sont-elles placées à des distances considérables des
agglomérations d'habitants : celle de Nant-Comberedonde est à sept
kilomètres* du chef-lieu de
canton, dans un pays exposé, en hiver, à de
violentes chutes de neige...
* huit
kilomètres
Cette
ligne du Larzac est artistique ; en la construisant on a fait du
beau
travail d'ingénieur. Mais les recettes qu'effectuera la Compagnie du
Midi constitueront une bien maigre rémunération des millions semés dans
ce pittoresque labyrinthe de montagnes, sans espoir de moisson.
Le
GR 71D qui empruntait l'ancienne plate-forme ferroviaire depuis son
entrée sur la commune de la Couvertoirade, bifurque soudain à gauche,
mais attendait patiemment l'occasion de l'enjamber.
1896 Je
viens de parcourir, presque entre deux trains, la nouvelle voie
ferrée, inaugurée tout récemment, du Vigan à Tournemire.
On m'avait dit tant de bien de
cette ligne des Cévennes que je n'ai pu résister à la tentation de l'aller voir. Eh bien, l'impression que j'en
rapporte n'est pas celle sur laquelle je comptais ; je me figurais voir
des sites absolument nouveaux, des coins de Suisse ou des Pyrénées, des viaducs
vertigineux et des villages pittoresques et je n'ai vu qu'un peu de tout
cela qui puisse attirer l'attention des touristes.
Par exemple, une
particularité absolument inédite de cette ligne, c'est la différence de
végétation qu'on rencontre en deux points absolument bien tranchés ; ici, la vallée de l'Arre, très verte, très riche, et d'une
végétation exubérante ; là, le plateau du Larzac, gris,
inculte et sec, qui emplit de mélancolie l'âme du voyageur.
Le Larzac, c'est,
en effet, le désert, un désert de soixante mille hectares, où poussent ça et là
quelques kermès rabougris que viennent brouter, l'été, les nombreux
troupeaux de brebis qui alimentent les fromageries de Roquefort. Les villages y
sont rares ; on les distingue à peine avec leurs maisons grises et
silencieuses...
Cette nouvelle ligne des Cévennes
ne possède pas moins, sur un parcours de 62 kilomètres, de 24 tunnels (sic) et de 10
remarquables viaducs parmi lesquels celui de Sainte-Eulalie et ceux déjà cités
d'Aumessas et d'Arre.
Le point culminant de la voie ferrée est à Nant-Comberedonde,
800 mètres ; le point le plus bas est au Vigan, 221 mètres. L'importance
stratégique de cette ligne est nulle et le commerce seul est appelé à en bénéficier
;
il faut croire qu'elle contribuera à enrichir ces vaillantes et modestes populations
des Cévennes qui attendaient avec tant d'impatience son ouverture. - A.C.
En 1896,
année de mise en service de la ligne, "L'Écho du Tarn", comme
précédemment "Le Soleil", critique les dépenses somptuaires effectuées pour la construction de cette voie ferrée.
Ils partagent aussi leur admiration des ouvrages, même si l'Écho du
Tarn, moins bien éclairé que le Soleil, n'a vu que 24 des 32 tunnels
creusés.
Aucun
des deux journalistes n'a de mots pour les ouvrages, pourtant visibles au travers de la fenêtre des compartiments, comme les
murs de soutènement à arcades,
ou pour ceux, raffinés, bien que cachés, des innombrables ponceaux et aqueducs.
1903
Tournemire
(Aveyron) 20 janvier. - Samedi, le train qui part de
Tournemire vers neuf
heures du matin a été bloqué dans les tranchées précédant la station de
Nant-Comberedonde
par les neiges du plateau du Larzac, que le vent
avait accumulées dans ces tranchées.
La machine aurait déraillé et une autre machine venant du côté du Vigan
au secours de ce train est également en détresse.
Des
équipes de travailleurs sont sur les lieux avec le chasse-neige et on
ne sait à cette heure quand la circulation pourra être rétablie.
Le service des trains est assuré entre L'Hospitalet et Tournemire.
qui trouvait là, enfin, l'opportunité de traverser
la ligne de chemin de fer.
En 1896,
des trains légers assuraient trois allers-retours Tournemire - le Vigan, chaque jour, dans
des temps variant entre 2 heures et 2 heures trois quarts.
Les convois ne dépassaient pas les 60 km/h. et desservaient toutes les gares et halte.
En complément, un train de marchandises effectuait quotidiennement le trajet entre les deux villes.
En 1897, les trois trains allers et retours transportaient 26 voyageurs par jour.
Sur l'année, seules 14.700 tonnes de marchandises avaient été déplacées par le chemin de fer .
Les
critiques de journalistes quant à l'utilité de la ligne ne se révèlent
pas infondées, même si au fil des ans, la fréquentation des trains va considérablement augmenter... jusqu'à l'arrivée de la concurrence routière.
La voie ferrée
descendait au nord-ouest entre Billières et le Champ de Revens
1894 - Vœu : Que
sur la ligne de Tournemire au Vigan un abri soit établi à la halte de
la Portalerie et que les voyageurs puissent monter et descendre avec
des bagages n'excédant pas 30 kilos.
Par une dépêche, en date du 5 décembre 1893,
M. le Ministre des Travaux publics fait connaître qu'aucun arrêt n'a été
prévu sur ce point et que, par suite, le vœu émis par le Conseil
général est sans objet.
1909 - Neige : J'ai
pu rejoindre un des voyageurs qui se trouvaient dans le train bloqué
par la neige entre les gares de Tournemire et du Vigan : il m'a raconté
avec force détails, les péripéties de leur voyage mouvementé et des
souffrances qu'ils endurèrent pendant plus de vingt-quatre heures.
Ce
fut après avoir quitté la gare de Millau que le convoi fut surpris par
la tourmente ; il fut soudain enveloppé dans un tourbillon de neige. La
locomotive s'enfonça dans une tranchée de 3 mètres de profondeur et fut
entièrement comblée par celle-ci.
Le
mécanicien essaya de faire machine en arrière, mais ce fut en vain. En
quelques instants, la bourrasque avait dressé un autre mur.
Le train ne pouvait reculer et les
voyageurs furent absolument emmurés dans la neige...
C'est la
construction de la voie ferrée qui a détourné le chemin initial "de la
Blaquèrerie
à la Portalerie", vers le PN 8.
1909 ... L'un des voyageurs
parvint, à grand'peine, à grimper sur la toiture des vagons et put, au
prix de mille dangers, se frayer un passage et arriver jusqu'à la
machine ; d'autres, s'armant de courage, suivirent son exemple.
Les vivres furent rationnés ; tous les
voyageurs se partagèrent la maigre pitance des agents du train et
quelques victuailles.
Déjà
plusieurs d'entre eux, souffrant du froid atrocement, se laissaient
gagner par le découragement, lorsque sur l'avis des employés, il fut
décidé qu'à l'aide de pelles et de pioches on essaierait de percer un
tunnel sous la neige pour gagner la station la plus rapprochée, la gare
de Portalier (sic), distante de 200 mètres...
Le
journaliste, ou le linotypiste, transforme "la Portalerie" en
"Portalier", et fait de la bâtisse une gare alors même que la simple halte
demandée en
1893 avait été refusée.
Quant à la distance de 200 mètres, elle est très sous-estimée.
Tous les
journaux qui relatent l'incident, le situent au PK 549, soit
1,1 km du PN
de la Portalerie.
Altitude 738,128 mètres
Les
convois, qui n'avaient pas encore atteint le PK 549,
1909 ... Entre-temps, des machines de secours
avaient été expédiées et ce n'est qu'après vingt-quatre heures
d'attente et avoir enduré toutes sortes de souffrance que le train put
être dégagé et continuer sa route sur le Vigan.
Les
voyageurs sont restés pendant vingt-quatre heures dans une situation
désespérée, passant par toutes les affres de la faim et du froid.
On
a essayé de les ravitailler par les soins des habitants du village de
Comberedonde, mais ceux-ci étaient bloqués et avaient des vivres à
peine suffisants.
Deux machines très fortes ont été envoyées par la Compagnie du Midi.
Elles ont pu remorquer, au milieu des pires difficultés, le train en
détresse.
Le Journal, 20 janvier 1905 Millau,
19 janvier. (De notre correspondant particulier.) - De violentes rafales
de neige, poussées par le vent dans les profondes tranchées de la ligne
de chemin de fer, entre l'Hospital et le Vigan, ont interrompu
complètement la circulation des trains.
De nombreux ouvriers travaillent à déblayer la voie.
Altitude 725,559 mètres
Le
froid est toujours très vif. Toutes les montagnes du Larzac, traversées
par la ligne de Tournemire au Vigan, forment un immense glacier.
M. le Ministre a déclaré que la ligne
de Tournemire au Vigan avait été comprise parmi les lignes dont
l'ouverture probable avait été renvoyée au deuxième semestre de 1895 ;
mais qu'en raison de l'hiver
rigoureux que nous avons traversé, les travaux de superstructure
avaient dû être arrêtés sur toute la ligne...
La voie déferrée quitte le territoire communal de la Couvertoirade pour celui de Nant
avant de s'effondrer dans un trou creusé par des eaux inconnues des cartes et cadastres.
Vu la
configuration des lieux, il fallait bien qu'en cet endroit, les eaux,
de quelque nature qu'elles soient, trouvent une échappatoire.
Etait-ce sous un ouvrage emporté par les flots ?
La voie déferrée
retrouve sa chaussée carrossable,
sur laquelle elle poursuit
sa descente à l'ouest, nord-ouest.
En 1922, les trains, sur la ligne de Tournemire au Vigan, transportent 136.000 voyageurs, soit 372 par jours ; 14,3% de plus qu'en 1897.
L'augmentation du trafic marchandises est moins spectaculaire, passant de 14.700 à légèrement plus de 33.00 tonnes.
L'emploi de machines plus puissantes, pour ne plus avoir à s'y reprendre à deux fois pour gravir certaines rampes
et pour raccourcir le temps de parcours, ne suffit pas à endiguer le déclin du trafic voyageurs. La S.N.C.F., âgée d'un an, met fin au transport des voyageurs le 16 mai 1939.
Pour cause de guerre, elle rouvre temporairement ce service du 3 septembre 1939 au dimanche 25 février 1940.
A la gauche d'un passage canadien, un chemin datant de l'èpoque ferroviaire, plonge franchement,
qui désenclavait les terres situées au nord de la voie de chemin de fer.
En 1896, "L'Écho du Tarn", et le journal "Le Soleil", ont critiqué joyeusement la construction de cette ligne.
"L'Avenir des Cévennes", le régional de l'étape, a pris trois années de
réflexion avant de se joindre aux réquisitoires, sous couvert d'un
récit de voyage du club cévenol.
En se quittant la veille, on s'est donné rendez-vous pour le lendemain
matin à la gare du chemin de fer, car il s'agit de traverser le plateau
du Larzac et d'atteindre le Vigan, pour y coucher.
Au coup de sifflet réglementaire, nous montons dans le compartiment qui
nous a été réservé, et nous quittons Millau, nous dirigeant sur Tournemire.
Ce n'est pas une des moindres curiosités du pays que cette
ligne de Tournemire au Vigan, livrée à l'exploitation le 25 août 1896
seulement, après avoir été rétrocédée par l'Etat à la compagnie du
Midi.
Bien qu'à voie unique,
elle a coûté, dit-on, des sommes folles, à cause des importants et
multiples travaux d'art
que son établissement a nécessités. Ainsi, sur un parcours de
60 kilomètres, on ne compte pas moins de 32 tunnels et 14 viaducs, les
uns
droits, et les autres en courbe !
En
lave de Tournemire, s'étend le village de Roquefort. Nous passons
devant
ses maisons adossées au puissant contrefort du Causse de
Saint-Affrique, qui recèle dans ses flancs les caves, où se fabrique le
fameux
fromage dont la réputation est universelle.
Penché à la portière, un
mauvais plaisant prétend même sentir de peu suaves émanations, qui lui
paraissent provenir du lieu sus-dit...
Roquefort,
situé à 19 km à vol d'oiseau, ne propageait pas ses effluves fromagères jusqu'ici, c'est à peine si
les narines des voyageurs pouvaient percevoir quelque odeur de fumier en passant à l'écart
de l'une de ces bergeries qui se confondent avec le chaos fantastique des
rochers. Le fumier ne stagnait pas sur place, il était expédié hors du Larzac plutôt qu'utilisé à fertiliser des coins de terre ingrate.
Mais
ce précieux produit est un objet de commerce, on l'expédie dans le
vignoble de l'Hérault et de l'Aude, à un prix très élevé, on m'a
indiqué jadis 32 fr. 50 la tonne.
C'est
par milliers de tonnes que les expéditions ont lieu. Le chef de gare de
l'Hospitalet me disait qu'en vingt-huit jours il venait d'expédier
245 vagons de 10 tonnes et c'était inférieur à ce qu'avait envoyé la gare
de Nant-Comberedonde.
D'autres transports ont lieu par la gare de Sainte-Eulalie qui domine la vallée profonde du Cernon.
L'occasion du jour est un article consacré au Causse du Larzac.
Un des plus curieux plateaux du
pays des Causses est sans contredit, celui du Larzac, tant par son
aspect général, ses singulières particularités et son étendue.
D'une
superficie de 1.000 kilomètres (sic) il se développe à une altitude variant de
600 à 900 mètres, tourmenté de nombreux accidents de terrain, entre
Millau et le Caylar (Nord-Sud), les vallées de la Dourbie ou de la Vis,
et la ligne Bédarieux-Millau (Est-Ouest).
Il
est traversé dans ces mêmes directions par les grandes routes
nationales Paris-Perpignan, Aix-Montauban qui se croisent au village de
la Cavalerie, et la voie ferrée Tournemire-Le Vigan, hérésie économique dont la seule excuse est de desservir le camp militaire.
Les
cyclistes peuvent s'épargner la peine de consulter deux feuilles
placardées sur l'accotement, indiquant que la chaussée, qui a pour nom "voie communale de la
voie ferrée", est interdite aux véhicules
d'un poids supérieur à 3,5 tonnes.
La "voie communale de la
voie ferrée", donc, croise,
La gare,
implantée au milieu de nulle part, se situe à quelque 1200 mètres du
centre du village qu'il n'est pas toujours simple de rallier.
1902
En sortant de la gare de l'Hospitalet,
je prends le premier chemin qui s'offre à moi et qui paraît se diriger
vers la ville ! Entre deux haies de pierres... mouillées sous les
rafales de fine pluie, je m'approche de la cité.
Je croise deux indigènes "Quel est le meilleur hôtel du pays, s'il vous plaît Messieurs ?
Les deux indigènes semblent réfléchir, puis ils me déclarent
sentencieusement que c'est l'hôtel X..... que je trouverai en marchant
devant moi.
Je le trouve ; j'y pénètre, les gens sont stupéfaits de voir un voyageur ; on
me fait cependant monter au premier où pour deux francs on me sert deux
sardines, des pois chiches, de la morue, des oranges et un café cognac.
Ce récit porte à croire que l'hôtel café de la gare n'existait pas encore.
L'aménagement du camp du Larzac qui assurera à l'établissement une importante clientèle, n'a été achevé qu'en juin 1902.
1899
Le service du génie a arrêté
l'ensemble des travaux d'installation du camp du Larzac, au sud du
département de l'Aveyron. Ce camp de 4.000 hectares est situé sur le
terrain des communes de l'Hospitalet, la Cavalerie et Millau.
Les régiments des 13e et 16e corps viendront, par brigades, s'exercer
sur le plateau du Larzac, aux feux de guerre et aux évolutions de
combats des trois armes.
Les garnisons excentrées du Puy-de-Dôme et du Roussillon seront
transportées au camp par chemin de fer.
La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, 22 mars 1899
1937
M. Soleil, chef de gare, vient d'être
nommé, sur sa demande, chef de gare à Laissac...