Le Petit Provençal du 1er janvier
1887
relatait un fait de vol avéré :
Un vol de cinq poules et
deux lapins a été commis dans la nuit du 29 au 30
courant, au préjudice de Mme
veuve Cazalet, qui tient le buffet
de la gare. Une enquête a
été ouverte immédiatement, mais on n'a
encore pu
mettre la main sur ces adroits filous.
L'information de "L'Indépendant du Cher" du 9 mars 1907, était plus dramatique :
En gare de Quissac, le
train du Vigan
a pris en écharpe un homme d'équipe
nommé Raoul
Berthezeenne, qui a été
traîné sur un
parcours de 40 mètres et dont le cadavre a
été
littéralement broyé...
Un
journal, a relaté
dans son dernier numéro, l'accident mortel survenu en gare
de
Quissac, il y a environ 3 mois ; un autre employé
fut
broyé par un train en manœuvre.
Nous ne croyons pas trop nous avancer en disant qu'il faut en
rechercher la cause au manque d'employés...
Quand donc notre chef de gare se décidera-t-il à
demander
à la Compagnie une augmentation d'hommes
d'équipe ?
Aurait-il dû
aussi demander une augmentation du nombre de chef de gare ?
Au moment où
le train entrait
en gare, vers 9 h. 50,
M. Prévôt, chef de
gare, retenu par son service dans son bureau, se précipita
au
dehors, pour traverser les voies. Mais à la suite d'un faux
pas,
suppose-t-on, ou d'une glissade sur un rail, M. Prévôt
fit une chute, tombant juste devant la locomotive du train qui passait
sur la voie descendante, et cela si près, que le
mécanicien ne s'aperçut même pas de
l'accident. Ce
n'est qu'aux cris poussés par les témoins
terrifiés, qu'il sut ce qui venait de se passer.
On se précipita, mais le malheureux avait
été
littéralement écrasé. La mort avait
été foudroyante.
La victime, au service de la Compagnie depuis de longues
années, était âgé de 53 ans.
En gare de
Quissac, le
personnel n'était pas victime exclusive des
accidents : Hier
14 juin 1907
le train de voyageurs du Vigan à Nîmes qui arrive
en gare
à 9 h. 55 a écrasé
un nommé
Baptiste, âgé de 60 ans, qui traversait la voie
pour
prendre ledit train. Le pied gauche du malheureux, sa main droite, ont
été écrasés et il a
reçu des
contusions à la tête. Ses jours sont en danger.
Accident
évité :
Lettre
de félicitation. M. Teissonnière,
facteur à la gare de Quissac :
9 mai
1905, a secouru, au péril de sa vie, une femme sur le point
d'être
écrasée par un train.
Début novembre
1908, une
collision a eu lieu entre deux locomotives à la station de Quissac,
dans la gare.
Il n'y a eu cette fois aucun
accident de personne. Les dégâts
matériels sont
importants. La circulation a été interrompue. Les
retards
sont considérables.
M. Baudin, ministre des travaux publics, de passage,
s'est arrêté quelques instants à
Lézan et
à Quissac pour recevoir, dans
les salles d'attente des
gares,
les conseillers généraux, maires et
fonctionnaires qui
s'étaient groupés pour le saluer...
pendant que la musique des pompiers jouait la Marseillaise.
En
1896, les voyageurs arrivés de Nîmes
ou de Montpellier à 7 h. 11,
à destination du Vigan, bénéficiaient
d'un quart d'heure pour profiter du buffet ;
ce
qui n'était pas le cas pour ceux qui changeaient de train pour Lézan,
le Mas-des-Gardies,
Alais ou
Anduze. Ils devaient attraper leur correspondance en 6 minutes.
Côté cour,
le bâtiment
voyageurs
était desservi
par l'avenue de
la Gare.
Le train repartait
au nord-ouest
sur une
emprise occupée de nos jours
par larue
du "Quai de la Gare".
Les
voies de stationnement et la cour des marchandises ont fait place
à
une gendarmerie.
UTM: 31
T 580343 4862720 La Voie Verte de
Quissac-Sauve, longue
de près de 6 km, emprunte le tracé de l'ancienne
ligne
Nîmes - Le Vigan via Sommières et Quissac. Cette
voie
ferrée, construite entre 1875 et 1885 (sic), est
désaffectée depuis 1991. Le
Conseil
Général
du Gard en a fait l'acquisition, sur une longueur total de
près
de 100 km, de Caveirac au Vigan et de Quissac à
Lézan.
Vous découvrirez à Quissac sur les bords
du
Vidourle, le
Vieux Pont du 14e siècle et son ancien moulin du 17e siècle,
l'écluse du Bosc et son moulin du 19e siècle...
Le train
parvenait
Photo du 21 avril 2013
à
la croisée de la "voie communale n° 1 de Quissac à Logrian
Deuxième affaire - Vol
qualifié. - FrançoisCharles Pouzas, âgéde 30 ans, sans profession ni domicile fixe,est accusé de volqualifiéau préjudice de M.
Rivet, au château de
Sabatier, commune de Quissac.
Le 5 octobredernier
(1899), vers 11 heuresetdemiedumatin, M. Rivet, propriétaire du
château de Sabatier, se
promenaitdans son jardin àquelque
distance de sonhabitation lorsque le nommé Pouzaz vint luidemander l'aumône. M. Rivet
l'ayant reconnupour
l'avoirreçu à trois
reprises, et àpeu
d'intervalle, lui en fitl'observation.
Pouzasmontra alorssajambe
sur laquelle on voyaitdes traces de blessures,en disant qu'il était dans
l'impuissancede
travailler. M. Rivet se retournait pouraller chercherde
la monnaie lorsque deux individus quise tenaient cachés derrière les
arbustesdujardin se jetèrent sur
lui et le terrassèrent.Pendant que l'un d'euxle
maintenait par le cou, l'autre etPauzaslui attachaient les mains avecune ceinture.Pouzas s'emparadela clef de la maison.Aprèsen avoir ouvert la porte qu'ils
prirent le soin de refermer sureux, les trois malfaiteursintroduisirent M. Rivet dans le vestibule,
lecouchèrent sur le dos et le menacèrent
de le tuer s'il neleurindiquaitoù était caché son argent. M. Rivet leur ayant
indiqué lacommodede sa chambre, située aupremierétage, Pouzas et l'un de ses complices s'y
rendaient pendant que le troisième individu
gardaitleur
victime, un couteau à la main, menaçant de le
frapperau
moindre cri.
Peuaprès,les
deux individus qui avaient gagné le premier étage,redescendaient sans avoir rien trouvé dansle
tiroirqui leur avait été
désigné et qu'ils avaient fracturé. Ils obligèrent
alors M. Rivet àmonter avec eux pourleur
ouvrir les autres compartiments
du meuble dans
lesquels ils découvrirent une somme de 25 000 fr.
en pièces d'or dontils s'emparèrent en négligeant d'emporter les titres et les billets
de banque qui setrouvaient
àcôté.
Le vol accompli, les trois
malfaiteurs s'éloignèrent en laissant M. Rivetligotédans le vestibule. Pouzas seul a été
retrouvé et comparaît aujourd'huidevant le jury. Après une délibération quia
duré une heure et demie, Pouzas est condamné à dix ans deréclusion. Ministère public :MeCélice,
avocat général. Défenseur : M. Laurès,du barreau du Vigan.
Gard
- Château assiégé par des bandits. Détails sur le vol dont a été
victime
M. Philippe Rivet, propriétaire du château Sabatier, à Quissac.
M. Rivet
se trouvait seul, dimanche, à onze heures du soir, au château, ses
domestiques étant allés à la fête du village voisin ; tout à coup
il
entendit un grand fracas au rez-de-chaussée. Trois malfaiteurs
enfonçaient la porte d'entrée. Le château étant situé au milieu de grands bois et absolument isolé. M. Rivet
s'arma d'un fusil à deux coups et barricada toutes les portes.
Sans se
laisser intimider, les bandits enfoncèrent les portes et pénétrèrent
dans la chambre.
M. Rivet fit feu, mais sans atteindre les assaillants. Une lutte
corps à
corps s'engagea. M. Rivet, âgé de soixante-trois ans, fut
facilement
terrassé. Les
malfaiteurs l'obligèrent alors à leur ouvrir sa commode où ils prirent
6,000 fr. en billets de banque de 1,000 et de 100 fr.
Sachant qu'il avait
encore de l'argent, ils le forcèrent ensuite à les conduire à la cave
où il avait caché 15,000 fr. en or. Ils remontèrent dans les
appartements, garrotèrent M. Rivet, l'attachèrent, et se
retirèrent
après avoir fait main basse sur des bijoux représentant une somme
considérable.
Sur les
terres du château de Sabatier, les convois s'engageaient sur le tablier
Au sujet de
la deuxième agression de M. Rivet de Sabatier, "La Mayenne" du 31
janvier 1900, précisait : Les malfaiteurs, prirent
21 000 francs, burent et mangèrent au rez-de-chaussée, très
tranquillement et promirent à M. Rivet de revenir quand le besoin
d'argent se ferait sentir.
Cinq ans
auparavant, le 31 août 1895,
"Le Petit Provencal" relatait un précédent épisode des mésaventures de
M. Rivet : Ce matin, à 9 heures,
M. le maire
faisait connaître à ses administrés, par une publication à son de
trompe, qu'un bœuf sauvage, échappé sans doute de quelque manade, se
trouvait dans les bois de
M. Rivet, au château de Sabatier,
et invitait
tous les chasseurs à se rendre sur les lieux pour venir à bout de cet
animal sauvage.
Les
bruits les plus inquiétants circulaient en même temps dans la
localité :
ce bœuf aurait foncé sur le garde particulier de M. Rivet, et sans
une
feinte habilement ménagée, ce dernier aurait été sa victime.
Aussitôt
plus de trente hommes armés de fusils sont partis pour la Combe de
Ferrier, qui devait devenir le théâtre de leurs exploits.
On a battu les broussailles avec soin, et après avoir aperçu des traces
irrécusables de la présence du taureau, on eut finalement le plaisir de
lever cet animal dangereux. C'était un bœuf de taille moyenne, de
couleur rouge et de race lozéroise.
Il
faut avouer qu'il est parti comme un trait sans même essuyer le moindre
coup de feu et que son départ a ramené la tranquillité dans l'esprit
de quelques uns de nos chasseurs. Plusieurs, en effet, dès que le
taureau a été annoncé, auraient bien voulu grimper sur un arbre et
jeter là un fusil inutile.
Mais le bœuf en question, plus effrayé qu'eux à la vue de cette foule
et connaissant leurs intentions, les a vite débarrassé de sa présence.
Informations
prises, il aurait échappé à Ganges depuis un mois environ,
au couteau d'un boucher, et depuis cette époque avait eu la judicieuse
pensée de vivre dans les bois, ne demandant sûrement qu'une
chose :
qu'on le laissât tranquille, autant qu'il laissait tranquilles les
autres. C'est ce qui avait fait dire aussi, dès le matin, à quelques
septiques, que sa capture se ferait plus facilement avec une botte de
foin qu'avec un fusil...
"La Vie du Rail" du 23 juin 1952
publiait un épisode pittoresque des aventures de M. Rivet de
Sabatier
que la revue nommait M. de S, par discrétion ou par désir de broder le
récit.
"Qu'on
roule le tambour", ordonne
M. de S.
et le valet, digne, fait résonner la caisse. Car,
M. de S. ne peut souffrir le bruit même du train
passant devant son
château ;
ila refusé la cession
des parcelles requises pour le passage de laplate-forme ;
M. de S. est ennemi mortel
du rail et, lors de la construction
de la ligne,
étant exproprié, il a exigé la construction
de passages supérieurs
somptuaires,
avec larges escaliers
et balustrades.
Mais le train n'en a
cure. M. de S. affrète alors diligences, chevaux et
postillons, offre
le transport gratuit corsé d'un casse-croûte également gratuit àconsommer
au Vigan, à la descente de voiture.
M. de S. perditquand même la partie et calma son ressentiment
en invitant un cirque entier (écuyères gentilles et animaux compris) à venir camper sur ses
terres.
Ce
que ne dit pas "La Vie du Rail", c'est
que "M. de S" n'était pas qu'un simple propriétaire à
exproprier. Il
était impliqué dans les affaires du chemin de fer en tant que président
d'une commission concernant l'avant-projet relatif à
l'établissement d'une ligne de Quissac
à Vézénobres.
En
vertu d'un arrêté de M. le préfet du Gard, en date du 18 septembre
courant (1873),
une enquête est ouverte, dans le département du Gard, sur
l'avant-projet relatif à l'établissement d'un chemin de fer de Quissac
à Vézénobres. La durée de cette enquête
est fixée à un mois, commençant le 22 septembre
courant et finissant le 21 octobre
suivant.
Les
pièces composant cet avant-projet sont déposées simultanément à la
préfecture du Gard, à Nîmes (3e division, bureau des travaux publics),
à l'hôtel de la sous-préfecture d'Alais et à celui de la
sous-préfecture du Vigan...
Sont
nommés membres de la commission d'enquête, laquelle se réunira le 25
octobre 1873 et jours suivants, s'il y a lieu, à la préfecture
du Gard,
à dix heures du matin, savoir :
MM. Rivet, propriétaire, au château
de Sabatier, commune de Quissac, président.
Vicomte
Henri de Bernis, propriétaire à Vézénobres...
A partir de l'achat de la seigneurie de Sabatier - en 1772 - la famille Rivet avait contracté de nombreuses alliances dans l'aristocratie de notre région.
C'est
ainsi qu'elle s'était apparenté aux "de Baschi d'Aubais", aux "de
Pelet" et aussi aux "André", ces grands banquiers parisiens, dont le
dernier représentant épousa la femme, qui a fondé au boulevard
Haussman, le musée Jacquemard-André.
Sauve.
- Cette ville que l'on croit très ancienne, paraît tirer son nom de
Salvium ou Salvia (par corruption peut-être Salva, dont on a fait
ensuite Sauve), d'une espèce de Sauge, en latin Salvia, plante très
commune dans son territoire.
La voie verte
dévie, à gauche, de la trajectoire
de l'ancienne voie ferrée
qui
coupait le "chemin départemental n° 8
d'Uzès à Sauve", à l'angle de la maisonnette de garde-barrière,
A Sauve... Jadis,
dans les creux ombragés et humides entre les rochers, étaient plantés
des cerisiers de la variété "la Dure de Sauve" renommée jusqu'à la cour
du Roi.
D'autres sites sont visibles près de Sauve,
la résurgence du Vidourle, de nombreux vestiges de l'activité humaine
(la fabrique de fourches en micocoulier unique en France dans les
anciennes casernes du 18e siècle, la tour de Môle, le Pont Vieux...)
Les trains,
au PK 38,48*, à 100,436 mètres d'altitude, s'inséraient entre les garde-corps
*ligne Le Vigan Gallargues
d'un pont-rail métallique,
au tablier
bétonné durant les années d'exploitation de la ligne.
que le Nivellement Général de la France baptise "ruisseau de Combe-Martele".
La voie verte,
passe
le piquet de son kilomètre 4,
rejointe, à sa droite par le chemin
de la Trincaude.
Sauve... La
circonstance de son site, jointe à cette idée, dut déterminer sans
doute la forme des armes de la ville : elles représentaient des rochers
amoncelés, surmontés d'un brin de sauge avec ces mots abrégés : SAL.,
SAL., SAL.
Le
nom de Salvia ne viendrait-il point de Salvidienys, l'un des chefs de
l'armée d'Octave-César qui occupa une partie des Gaules, l'an 714
de Rome ? Des bains de forme antique, trouvés près de la source lorsque
l'on construisit les fontaines, des vestiges d'anciennes
fortifications, des traditions confuses, annoncent une certaine
antiquité.
Si l'on en croit le savant Astruc, Sauve
est l'ancien Vindomagus, que d'autres auteurs placent avec plus de
vraisemblance au Vigan. Mais Astruc était né à Sauve, et l'amour de la patrie a bien pu influencer son opinion.
L'époque la plus ancienne pour la ville de Sauve, dont il soit fait mention dans l'histoire, est la fin du IXmesiècle. Ses seigneurs étaient de la famille Bernard d'Anduze.
En 1013, Pierre, l'un d'eux, prit le titre de "Satrape". En 1294, la baronnie de Sauve fut donnée à l'évêque de Maguelonne par Philippe le Bel ;
en 1570,
elle devint l'apanage de Simon Fizes, Secrétaire d'Etat des Finances;
et depuis cette époque elle a plusieurs fois changé de nom...
Dans le trajet de Nîmes au Vigan, les municipalités de Sommières, Quissac, Sauve, Saint-Hippolyte et Sumène sont venus saluer le ministre.
Il
y avait foule aux abords des gares, et le ministre a été
accueilli aux cris de : "Vive la République !"
Les fanfares de Sommières et de Quissac ont joué La
Marseillaise et l'hymne russe, qui ont été très
applaudis.