Wikipedia relate un drame survenu
au départ de la gare de Font-Mars :
Dimanche 24 août 1947
sur la ligne de Béziers
à Montpellier, les
deux derniers trains de la journée quittent leur gare
respective à
l'heure. Le croisement réglementairement est
prévu à Font-Mars.
Au
départ de Montpellier-Chaptal, le 257 est
assuré
par la 040TSchneiderD-64
non freinée à l'airsuivie
d'un tombereau de boulets de charbon de 21 tonnes, de quatre
voitures
et d'un fourgon.
Au départ
de
Béziers-Nord, le 258 est assuré par la
040T
Schneider D-70 munie du
frein Westinghousequi
ne remorque que deux voitures et un fourgon. C'est donc le train le
plus léger qui dispose du freinage le plus performant.
Malgré sa faible
charge, il accuse un léger retard à l'approche de
Font-Mars.
Concernant
le croisement, le règlement d'exploitation
prévoit :
- l'arrêt
obligatoire du premier train qui arrive à
Font-Mars ;
- l'obligation
pour le chef de train de signaler par téléphone,
à Mèze ou à Montagnac
en fonction du sens de circulation, la présence de son
convoi afin d'obtenir
l'autorisation, ou pas, de repartir de
Font-Mars pour le croisement sur
place ou dans une autre gare ;
- la
tolérance, pour le train en retard, de ne pas marquer
l'arrêt à
Font-Mars puisque le croisement se fait plus tôt dans une
autre gare. Á
Font-Mars,
le chef de train du 258 présume un probable retard
du train
le plus lourd en provenance de Montpellier.
Ne
respectant pas le
règlement d'exploitation, il néglige de
s'informer auprès de la gare de
Mèze de la réalité de la situation et
ordonne au mécanicien de la D-70
de repartir immédiatement.
Celui-ci
n'est pas d'accord, il
objecte,
mais le chef de train a donné un ordre, il
l'exécute. Le 258
repart donc aussitôt vers Mèze. Conscient du
risque, le
mécanicien redouble de
vigilance et scrute la voie en permanence afin d'apercevoir, le plus
tôt possible, une éventuelle apparition d'un train
en face.
ÀMèze, le 257
est
à l'heure et
tout le monde est tranquille :
Montagnac
a signalé un léger retard du 258 et
comme aucun
appel n'est encore
parvenu de Font-Mars c'est que le croisement se fera comme
prévu...
Côté cour,
la gare de Font-Mars,
située au milieu de nulle-part,
ne débordait pas d'activité.
Elle ne
devait son existence qu'à
la jonction des voies
de la
ligne de Béziers à Montpellier avec celle de la
ligne de Mèze à Sète.
Dans
ses dernières années d'exploitation, la station
ne disposait plus
d'aucun agent sédentaire. Le personnel de bord se
répartissait les
tâches de sécurité et de
manœuvre des aiguillages.
Au-delà d'un cabanon
dépourvu, de nos jours, de commodités,
la voie
déferrée quitte
l'emprise
de la gare
de Font-Mars
en ligne droite,
d'abord sur le
goudron défraîchi d'un CV
"Lo
Raubo Faïsses" filait
droit sur une emprise
affectée de nos
jours à une
piste.
Un embranchement
a été
créé pour desservir l'entrée B, avec
parking, de
"l'Amphithéatre Auditeurs" du Parc Scientifique et
Environnemental de
l'Ecosite.
de la route des Salins
que les trains franchissaient à niveau.
Ils s'engageaient en face
au travers d'une vaste
zone coincée entre l'Etang de Thau et le
lagunage des Salins.
Dans ce territoire protégé il ne reste pour
seules traces de l'ancienne
ligne de l'Intérêt Local de l'Hérault,
qu'un alignement de pieds
de
poteaux télégraphiques
En sens inverse, le
train parti de Montpellier-Chaptal quittait la gare de
Mèze :
Le lourd convoi profite de la
descente qui suit la
gare de Mèze avant le Pont-des-Salinspour
prendre l'élan nécessaire au franchissement des
800 mètres de la rampe
de 25 mm/m qui précède Font-Mars.
La D-64 donne
toute sa
puissance, le train aborde la courbe à droite à
la vitesse de
60 km/h, on est serein en cabine, la rampe (vers Mèze)
sera
avalée sans
difficulté.
En ce sens :
Le 258 descend rapidement en roue libre la pente de 25 mm/m
qui suit Font-Mars.
Une
certaine tension règne à bord de la D-70, cette
histoire de départ sans
autorisation agace. Penché à
l'extérieur, le mécanicien observe
toujours la voie avec attention.
Le
train va aborder la
courbe à gauche et il faut redonner de la
puissance
pour franchir la rampe qui précède la gare de
Mèze juste après le
Pont-des-Salins. Le chauffeur ouvre la porte du foyer et enfourne deux
pelletées de charbon tandis que le mécanicien
rentre pour ouvrir le
régulateur.
Il est à
droite dans
sa cabine
quand le train entre à la vitesse de 60 km/h dans
la courbe à
gauche, c'est-à-dire qu'il est à
l'extérieur de la courbe et ne peut
plus voir la voie..."
qui
recouvrent la zone humide
enjambée par le Pont des Salins.
En
situation opposée, le mécanicien de
la D-64,
à droite dans sa cabine,
est à l'intérieur de la courbe, il a toute
visibilité sur la voie.
Stupéfait, il découvre le train en face qui vient
sur lui à toute
allure.
Il
ne reste que les piles et les culées du
Pont des Salins, à trois travées
dressées sur le "Valat dit de Fontenilles"
et sur ses débordements.
Il
bat (le
mécanicien)
aussitôtcontre-vapeuret le
chauffeur serre le frein à vis. En face, ce n'est
qu'après la courbe et
le Pont-des-Salins,
sur le commencement de la ligne
droite, que le
mécanicien voit le train tant redouté. Il serre
aussitôt leWestinghouse.
Les deux trains se télescopent à la vitesse d'un
peu moins de
60 km/h chacun.Le
choc est d'une telle violence que le
train le plus lourd repousse le
plus léger de 25 mètres en arrière.
Le 258 en provenance de Béziers
s'immobilise sur le Pont-des-Salins franchi deux secondes auparavant,
fourgon et voitures encastrées les uns dans les autres.
la locomotive, le tender de 21 tonnes, les
4 voitures et le
fourgon du "257" profitaient de la descente pour prendre
l'élan
nécessaire à affronter la montée sur
Font-Mars.
La voie ferrée sautillait un fossé sur un aqueduc
aujourd'hui réduit à l'état de caniveaux, entre des
vignes