J'envisageais
depuis un an de chasser quelques cols au
départ de
Saint-Chély-d'Apcher.
Je n'avais qu'une donnée
approximative
du kilométrage, la plus grande partie du parcours
se
trouvant sur de petites routes cartographiées sans
indication de
distance.
Ce
mercredi 25 avril, je me suis
décidé à mettre mon plan à
exécution. Plan à plusieurs inconnus.
-
J'estime la
distance aux environs de 185 kilomètres. Pour arrondir et
faire
200 bon poids, j'ajoute un col découvert en
dernière
minute derrière les fagots.
-
Je pars sans la moindre
idée de la dénivelée à
gravir. C'est en me rendant
de bon
matin vers mon point de départ que je réalise
que 15 cols à 100 mètres de
dénivelée
chacuns, font déjà 1500 mètres. Or le
parcours frôle la côte 1500 à plusieurs
reprises.
L'inquiétude me gagne.
-
Depuis 2002, je n'ai parcouru
qu'une fois cette distance et dans des conditions
particulièrement favorables. Jamais, en revanche, je ne me
suis
lancé sur des parcours de plus de 200 kilomètres
après 3 heures de voiture et avant 3 autres heures pour le
retour.
-
Quel sera le temps ? A Saint-Pons,
il pleut toutes les après-midi. La
météo susurre, qu'à Saint-Chély-d'Apcher
on arrose aux mêmes heures.
Un orage à 1400 mètres d'altitude ne serait pas
pour me plaire.
-
Quel temps vais-je mettre ; le parcours ne semble pas roulant
? Plusieurs kilomètres sont
donnés comme route sur la carte Michelin et comme chemin sur
l'IGN.
J'ai exploré la zone avec Google Earth, il semblerait que
Michelin soit plus près de la vérité.
Qu'en sera-t-il ?
Le Parcours prévu :
Saint-Chély-d’Apcher
Kilomètre 0
D
989 Le
Malzieu-Ville
Fraissinet-Chazalet
D23
Col
de la
Croix du Fau
UTM
: 31 T 528328 4975894
D23 ou D4 Portus d'Auzenc
D23
Col
de la Croix du Fau
Fraissinet-Chazalet
D23
vers D48 Couffours
D48
Le Pas de
l'Ane
UTM
: 31 T 529999 4971977
proche de
la route.
(demi-tour)
UTM
: 31 T 529823 4971946
Couffours Fraissinet-Langlade
Mialanes D14
Col
de
Montruffet Lajo D14
Sainte-Eulalie
Col
de la
Barte
UTM
: 31 T 539578 4960865
Le
Chayla
A
droite direction D59 à droite jusqu’au carrefour D
5
D5 à
droite
Mes
inquiétudes quant à la
dénivelée totale se
révèlent fondées. Je suis
sur la base des 1000 mètres par 50 kilomètres.
C'est ce que l'on trouve sur la
plupart des cyclosportives ou BCMF. Toutefois le BRA n'est pas
proposé au mois
d'Avril. D'autre part ces organisations sont organisées. Le
participant,
entraîné, n'a pas à
s'arrêter à chaque carrefour pour compulser ses
notes
et ses cartes. Il n'a pas à porter son ravitaillement sur le
dos. Il ne roule
pas seul.
Au bout de trois heures, les montés-descentes successives
appuyées par les
arrêts-orientation m'ont coupé les jambes. Ma
moyenne bloquée à 20, commence à
me saper le moral. Il me faudra 10 heures pour boucler la boucle. Les
nuages
d'orage au rendez-vous fixé par
Météo-France, finissent par me faire douter de
la possibilité de tenir mon planning. Je résiste
encore à la tentation de
couper au plus court mais pas à celle de repérer
cette éventualité sur la
carte.
Mon bidon presque à sec ne m'incite pas à
poursuive. Le manque de
fontaine, même dans les cimetières
assèche mes dernières volontés de
persévérance. En Auvergne est-on si
économe qu'on juge les cimetières suffisamment
pourvus en os qu'il serait gâcher d'y installer des
robinets ? Auvergnat
de naissance, je me dis que ce n'est pas possible. Le
précieux liquide approvisionne un abreuvoir. Au risque
d'aller m'assécher
dans le cimetière sans eau, je remplis mon bidon et
décide de ne rien décider
avant le col suivant, situé certes à 4,5
kilomètres mais à 1454 mètres
d'altitude : le Col
du Cheval Mort.
Qu'est-il
arrivé à ce
pauvre animal ?
Est-il mort de soif ou après avoir bu à
l'abreuvoir
d'Estables ?
UTM
: 31 543049 4946197
Au
sommet, le temps dans toute l'acception du terme et les jambes qui
risquent de ne plus rien accepter du tout, me commandent de zapper les
deux cols suivants
afin de me rapprocher de la voiture, au cas où.
De retour à Estables,
je coupe sur Rieutort-de-Randon
où je reprends
l'itinéraire prévu.
Grâce à cette révision de mes
prétentions,
je ne côtoierai qu'une heure et demie les pluies d'orage, le
plus
possible entre deux nuages.
Me constatant rendu à la voiture après 171
kilomètres et 2800 mètres de
dénivelée, les
nuages
se rejoignent et se relâchent de bon coeur. Il ne sera pas
dit
qu'on laisse un compatriote repartir sans eau.