Le
temps est menaçant. Il a plu dans la nuit avec force
éclairs et tonnerre.
On
prie pour que le ciel se dégage, comme hier.
Départ
échelonné,
comme d'habitude, après un petit-déjeuner encore
une fois très copieux.
L'ascension
du premier col paraît plus ardue que ce que
monsieur Michelin mentionne sur sa carte. Aurait-il omis d'y placer des
chevrons ou
sont-ce nos jambes qui auraient oublié de se
régénérer durant la nuit ?
Certes, une prise d'altitude de
800
mètres en quelque 10 kilomètres,
à froid dans le froid,
ne
réjouit pas
des
organismes déjà éprouvés
par 8 jours d'efforts
incessants.
La
fraîcheur
sommitale
n'incite pas à musarder au Passo
di Giau(2236
mètres).
On
descend... en vélo
en
direction de la capitale des Dolomites : Cortina d'Ampezzo. La jonction
avec la ville olympique emprunte une route agréable et
belle,
comme toutes celles que nous avons rencontrées depuis le
départ.
Nous
entreprenons un chemin de croix, au sens propre, qui va nous mener au
Passo Tre Croci à
1809 mètres.
Par
une courte mais rapide descente nous atteignons un carrefour
à proximité du lac Misurina où nous
laissons là une route monter seule, à 16%, au col
Varta. Comme il est pile-poil
l'heure
de déjeuner, nous
pique-niquons au bord du lac sans nous y attarder bien que le repas
préparé par l'hôtel Posta soit copieux.
Le
ciel
ne menace plus, il sévit sous forme d'un crachin breton
déplacé en ces lieux. Avant d'avoir à
subir les
désagréments procurés par un
froid de
canard nous nous attaquons au gros morceau de la journée car
le
calvaire ne se limite pas à l'environnement des Trois Croix.
C'est
au-delà que
nous
gravissons notre Golgotha. La
route en direction des Tre Cime di Lavaredo" répartit ses
7 kilomètres, dont 5 très
sévères, sur une pente
à
13,6% de moyenne avec des passages à 20%.
On
débouche à 2320 mètres et plus pour
quelques curieux courageux, sur un panorama grandiose.
Les
murailles de calcaire sont impressionnantes.
"Le souvenir est le seul
paradis d'où nous ne puissions pas être
expulsé.
Zum Gedenken an Falk
Muselmann"
La
vue sur la vallée du Cadore est magnifique malgré
les nuages.
La
descente sera laborieuse. La pluie gâche notre plaisir. On va
perdre 1700 mètres d'altitude pour arriver
dans la ville du Titien : Pieve
di Cadore.
La
statut du peintre orne la place principale de la ville.
Nous
"prenons pension", c'est le terme,
à
l'hôtel "Progresso",
deux étoiles en façade mais trois sur la
casquette du factotum
au
charme suranné.
En décrochant le combiné
téléphonique en service dans
le couloir du premier étage on ne serait
pas surpris d'entendre la
voix d'Antonio
Meucci, d'un Fernand Raynaud italien ou de quelque personnage
historique