le chef de gare SNCF
ne craint plus le retard des trains de voyageurs.
Il n'y en a plus.
Le service des marchandises demeure. En 1942, un
expéditeur,
M. Emilio Alfonso,
pose en compagnie de
ses
aides et du personnel de la gare.
Mais en
janvier 1987 la gare se prépare à fermer.
La Marseillaise 14 janvier 1987
La
gare
de Sarrians-Montmirail,
"altitude 36m6",
se situe sur la ligne
ferroviaire,
construite en
1894, reliant L'Isle-sur-la-Sorgue à Orange.
Celle-ci permet de raccorder le PLM "Paris-
Lyon-Méditerranée", né quelques
années plus
tôt en 1863.
La gare prend le nom de "Sarrians-Montmirail"
à la demande du directeur de l'établissement
thermal de
Montmirail, sur la commune de Gigondas.
Construite en
1894, pour permettre l'acheminement des produits du
terroir comtadin, la
voie de chemin de fer "Orange - Isle-sur-Sorgue", et les
gares la jalonnant, ont été
désaffectées dans les
années 70.
Depuis, les collectivités travaillent à la
création d'une piste cyclable, voie verte,
réalisée par le Département,
permettant de relier
Orange et l'Euro Vélo
route
17, "Via Rhôna", à Robion et
l'Euro Vélo
route
8, "la Méditerranée à
vélo", en passant par
Jonquières, Sarrians,
Loriol-du-Comtat, Aubignan,
Carpentras,
Pernes-les-Fontaines et Velleron.
Le commerce des fraises
Le Bulletin des
Syndicats agricoles
du Comtat publie une statistique des fraises
expédiées
des gares de Carpentras, Monteux-Aubignan-Loriol, Pernes, Velleron, Sarrians-Montmirail.
Le total s'élève à 4 millions 300
mille kilos pour
1899, légèrement inférieur au total de
1898...
En 1888,
on n'expédiait de Carpentras que 210.475
kilogrammes de
fraises ; en 1905, on en expédiait 3.397.500
kilogrammes. Aujourd'hui, les territoires que
desservent les gares de Carpentras, Monteux, Pernes, Velleron,
Aubignan-Loriol et
Sarrians-Montmirail
envoient environ 5.000 tonnes de fraises par an, en majeure
partie sur Paris, l'Allemagne et la Suisse.
Avignon
le 15 mai -
Un millier de
fraisiculteurs de la région de Carpentras,
après avoir été reçus par
M. Arope,
sous-préfet de Carpentras, sont venus en sa compagnie
protester
à Avignon auprès de M. Henry Chavin,
préfet du
Vaucluse, contre la fermeture éventuelle des Halles
Centrales
de Paris, le dimanche. Ils ont souligné que trente wagons de
fraises étaient partis de Carpentras, de Monteux et de
Sarrians,
à destination de Paris.
Après un échange de
télégrammes et une
conversation téléphonique entre la
Préfecture de
Vaucluse et celle Paris, les fraisiculteurs
ont
obtenu l'assurance que les Halles ne seraient pas fermées le
jour de la Pentecôte.
Il n'y a pas eu d'incident.Le Populaire 16 mai
1937
La semaine Mondaine publie le
3 septembre 1902
un article embrouillé d'où il ressort
- peut-être - que les facilités
plus grandes données par le PLM aux expéditeurs
de légumes feraient
monter les prix. Sarrians
serait impliqué dans cette flambée.
L'ex-bâtiment
voyageur
et
l'ancienne cour des
marchandises
sont desservis aujourd'hui par l'impasse
de la Gare.
Le 18 décembre 1910,
plusieurs
plaintesparviennent
au Petit Marseillais, concernant le mauvais
état du chemin* qui a accès à la gare
des voyageurs.
*Chemin nommé sur les plans "avenue de la Gare".
Un
des plaignants a failli être victime d'un accident et une
réparation s'impose de toute rigueur. Nous
espérons que,
soit la Compagnie P.-L.-M., soit la municipalité, feront le
nécessaire au plus tôt.
Les lieux d'aisanceaujourd'hui
en manquent.
Avant les démolitions,
il y eut la construction :
Nous recevons, avec prière d'insérer, une
correspondance de Sarrians
nous signalant les agissements de certains individus
étrangers occupés
actuellement aux travaux de terrassement de la ligne d'Orange
à L'Isle. Il paraîtrait que ces
ouvriers terrassiers, Piémontais pour la plupart,
sont souvent la cause de scènes regrettables et
cherchent à nuire
aux intérêts
des ouvriers français.
Dernièrement
même, sur la route de Monteux, des malfaiteurs
armés ont arrêté un
pauvre cantonnier de Beaumes pour le voler. L'opinion
publique est fort
émue et demande qu'une surveillance active soit
exercée sur ces
individus dont les mœurs barbares sont si peu en harmonie
avec les
progrès de notre civilisation.
Avant-hier,
un ouvrier terrassier nommé Lepin, originaire de l'Indre, se
présentait
au chantier de la ligne en construction d'Orange à L'Isle
(Lot
Guillaume) à
Sarrians. Il s'adressa au chef de chantier, M. Reynard,
qui lui répondit n'avoir besoin d'aucun ouvrier. Lepin se
retira. Mais
un peu plus tard, il se présenta de nouveau et sa demande
obtint la
même réponse. Furieux,
il se précipita sur M. Reynard, le renversa, et lui
aurait fait un
mauvais parti, si les ouvriers présents n'étaient
venus à son secours
et ne s'étaient emparés de ce forcené.
Lepin remis au garde champêtre,
et par celui-ci à la gendarmerie, a
été écroué hier matin. Il
prétend
qu'il était ivre lorsqu'il s'est
présenté au chantier.
"Chef de
chantier" était un métier à
risques : Le sieur
Félix Bertrand, chef de chantier dans l'entreprise du
chemin de fer, lot de Carpentras à Sarrians,
où s'était produit l'éboulement... qui
a amené à la mort d'un terrassier, a
été condamné, ce matin, pour homicide par
imprudence, à six jours de prison et 50 fr.
d'amende. Bertrand avait lui-même été
renversé par cet éboulement qui lui avait fait
des contusions assez graves.
L'année
suivante :
Le
garde champêtre de Châteauneuf-Calcernier,
près d'Orange, a découvert au bord d'un
fossé, sur la route de Sorgues à Châteauneuf,
le corps inanimé d'un
individu à demi vêtu, paraissant
âgé de trente-cinq ans environ... D'après
les constations, on présume que la mort remonterait
à deux ou trois
jours. Le cadavre porte des traces évidentes de
strangulation
cinq
blessures faites à l'aide d'un couteau et aussi diverses
blessures à la
tête. Les papiers trouvés
sur lui ont
révélé qu'il s'agit d'un
nommé Imeric Millaud, originaire de Grasse, maçon
et employé à Sarrians
aux travaux de construction du chemin de fer d'Orange à
L'Isle...
La gare de Sarrians
se trouvait impliquée, durant sa période
d'activité, dans des incidents moins dramatiques. Des
histoires de basse politique sans tambours ni clairons.
ne cache ni son eau ni l'aqueduc
de deux mètres d'ouverture
sous la voûte
duquel elle s'écoule. En 1905, le 8 février,
le Petit
Marseillais publiait : - A nos
Ediles - Quand on compare le mouvement de notre ville
(Sarrians) avec
celui de certaines autres localités voisines, on est
forcé de convenir que jamais rien n'a
été
tenté pour nous amener l'exode des
étrangers : l'on
se croirait dans un pays pauvre, perdu, sans chemin de fer ni moyen de
communication. Carpentras, Orange, Monteux, Vacquéras,
Vaucluse
et tant d'autres, qu'il serait trop long d'énumérer,
possèdent des marchés, des
foires des fêtes votives, des attractions qui tentent la
curiosité des visiteurs, tandis que chez nous, il n'y a
absolument rien, et cependant tous ces visiteurs laissent beaucoup
d'argent partout où ils passent : pourquoi donc ne
pas
essayer de les attirer un peu chez nous. Notre municipalité
remplirait un beau rôle qui obtiendrait sûrement
l'approbation de tous, si elle parvenait à sortir notre
jolie
petite ville de la léthargie où elle s'est
renfermée.
Les convois, en courbe légère,
s'inséraient entre les parapets
puis entre les garde-corps
d'un pont
métallique de 10 mètres, jeté
au-dessus du Valat
des Mians.
Un
village et des ruisseaux
Contrairement au plateau des Garrigues, au nord du village, la plaine
de Sarrians est riche de sources et de cours d'eau qui en
font une
terre fertile...
Les principaux cours d'eau
sont : à l'ouest,
l'Ouvèze qui borde le territoire communal, à
l'est la
mayre de Payan qui se jette dans le Brégoux,
au sud de la
Grande Levade formée de la réunion du
Brégoux et de
la Mède.
Le remblai se fait escalader par une rampe
d'accès
à la voie verteà hauteur
d'une aire de pique-nique.
C'est d'ailleurs en
bordure de
la Grande Levade qu'une expérience insolite de culture du
riz a
été initiée avec succès par
la famille Tort,
après la Seconde Guerre mondiale et pendant une vingtaine
d'années. Le terrain plat et les mayres permettent
l'inondation
artificielle des terres, nécessaire à cette
culture
où la graine est immergée. Un
territoire exploité depuis le Moyen Âge En 993,
Guillaume Ier,
comte de Provence, donne à l'abbaye
bénédictine de Cluny sa villa de
Sarrians pour qu'une église soit bâtie afin
d'abriter sa dépouille. Un
prieuré clunisien est alors fondé, autour duquel
viennent s'établir les
premiers habitants du village de Sarrians, sur la colline qui
émerge de
la plaine marécageuse dont le souvenir perdure dans la
toponymie
locale : les "mians" désignent en
provençal les marécages. C'est au XIe
siècle que les religieux souhaitent mettre en valeur ces
terres qui
sont alors asséchées par les paysans, sur les
actuels territoires de
Sarrians et Loriol-du-Comtat. La Mède et le
Brégoux sont canalisés entre
deux digues de terre et de pierres afin que leurs eaux ne
débordent plus.
L'objectif
n'est atteint qu'en partie :
A
Sarrians, où en septembre dernier, à la suite de
pluies torrentielles,
le torrent le
Brégoux, au cours d'une terrible crue, avait emporté, sur
une grande longueur, la digue qui voisine la ligne d'Orange
à Isles, le
7e
régiment du génie d'Avignon avait
procédé à une réparation
provisoire :
aujourd'hui, à la suite des violents orages de vendredi et
de samedi,
le torrent vient de rompre à nouveau la digue et d'envahir
la campagne, menaçant
ainsi la route d'Orange à Carpentras.
le
torrent du
Brégoux, à la confluence du Seyrel, ainsi que la
frontière entre les communes de Sarrians et de Loriol,
sur le tablier
métallique
d'un
pont-rail de
20 mètres, jeté en biais à
103° 30' au-dessus du cours d'eau.
Cette richesse en eau a
aussi ses
inconvénients car plus de la moitié du territoire
de
Sarrians est inondable. Les archives nous informent de
manière
très régulière des
différents
dégâts et travaux réalisés
suite à
des inondations, en particulier la montée des eaux de
l'Ouvèze et du Brégoux.
En août et
septembre 1685, l'eau du Brégoux arrive
au bord
des remparts médiévaux du village qui doivent
être
réparés. Le le pont du Moulin
s'écroule à cause du débordement de
l'Ouvèze. Suite à de forts orages les 30 novembre 1722
et 24
août
1835, le Brégoux est en crue, les cultures du quartier "du
Mourre des Puits", et en particulier de garance sont
détruites
par le limon qui s'est déposé.
Au-delà de la culée
est de l'ouvrage,
le profil de la ligne (1895),
fait état
d'un pont voisin sur un chemin de service.
Cet ouvrage aurait disparu au profit d'un chemin transitant par le
haut du remblai ?
Le remblai assure la jonction
entre deux ponts. La Mourre de l'Eouze
D'Orange
à l'Isle-sur-la-Sorgue, la ligne de près de
trente-huit kilomètres doit
franchir bien des obstacles : pas moins de quarante passages
à niveau
sont nécessaires au croisement du chemin de fer et des
routes, des
aqueducs, des ponts, des viaducs pour traverser les nombreux cours
d'eau ; mais il faut aussi passer à travers les
collines, ou "mourre"
en provençal, afin que le train suive un
tracé régulier. C'est
le cas ici où le mourre de l'Eouze a dû
être creusé. On remarque
d'ailleurs, le long de la voie, les maçonneries de soutien
qui ont été
réalisés pour soutenir les pentes de terre.
A partir du pont sur le
Brégoux, à Sarrians, la ligne
s'élève en pente régulière
pour franchir
le dénivelé qui sépare la plaine de
Sarrians et Loriol-du-Comtat du
plateau de Carpentras. Elle arrive ainsi à
son point le plus haut, à
93,98 mètres d'altitude, alors qu'elle se trouvait
à
35,75 mètres en gare de Sarrians.
La plaine traversée par l'ancienne voie ferrée,
fait
socle aux coteaux des Dentelles de Montmirail qui dressent leurs
arêtes rocheuses crénelées au-dessus
du
Comtat. Ce massif abrite quelques sources dont celle de Montmirail,
source thermale exploitée jusqu'au milieu du XXe
siècle.
La
voie de chemin de
fer qui ne semble pas avoir eu à souffrir directement des
humeurs des cours d'eau, s'insère entre les garde-corps
d'un
pont
métallique de
43 mètres
à
deux travées
de 20,50 mètres.
Nathalie Rolland Caue
Le maillage des haies, le plus
souvent plantées de cyprés de Provence, organise
l'espace. Ici, il joue avec le serpentin
que
forment les ripisylves, végétation accompagnant
les
berges des cours d'eau. Ces bandes boisées essentiellement
composées de feuillus ont un rôle
écologique majeur
et apportent ombrage et fraîcheur à la petite
faune comme
au promeneur.
Ce
réseau s'entrelace avec celui des mayres, filioles et
roubines, canaux
secondaires souvent signalés par un massif de cannes de
Provence et qui
ont été conçus pour apporter
l'irrigation nécessaire au cœur des
parcelles.
L'ouvrage de franchissement permet de maintenir la voie à
l'abri des débordements de ces cours d'eau, souvent soudains
et
dévastateurs et dont la récurrence va en
augmentant.
C'est ainsi que,
115
mètres plus loin,
la
voie s'engage sur
un pont
métallique de 7 mètres
au-dessus du chenal de
4 mètres de la mayre de Patiol.
la voie ferrée restait hors d'atteinte des eaux
envahissantes,
elle n'en demeurait pas moins soumise
aux conséquences du déchaînement des éléments
: La
tempête de dimanche dernier avait renversé
plusieurs
poteaux télégraphiques sur la ligne du chemin de
fer de Loriol à
Sarrians.
Une équipe d'ouvriers est venue les
redresser ces
jours derniers.
et
Urban essaient d'imiter Montmirail en promouvant leurs sources d'eaux
minérales dans la presse ; celles-ci
étant situées à 3 et 4
kilomètres de la gare
d'Aubignan-Loriol.
La
gare d'Aubignan-Loriol, recevait
le courrier pour le village de Loriol. Il était ensuite
transporté à pied jusqu'au bureau de poste.
Les
agriculteurs de Beaumes-de-Venise, de bon matin, cueillent leurs
récoltes avant le marché de 9 heures
pour que
les marchands aient le temps d'expédier leurs achats par le
train de 11 heures, en gare
d'Aubignan-Loriol.
Par
la loi du 12
juillet 1865, des lignes de chemin de fer
d'intérêt local
sont créées ; parmi elles, la ligne
reliant l'Isle-sur-Sorgues à Orange
qui traverse les territoires d'Aubignan
et de Loriol. Les deux communes
sont alors fort intéressées par la construction
d'une gare, ce qui
explique que la station, inaugurée en 1894, se
trouve
à mi-chemin entre
les deux agglomérations. La
ligne dont elle dépend double le PLM (ligne
Paris-Lyon,Méditerranée) en
reliant tous les grands marchés du Vaucluse, donnant ainsi
à Carpentras
le rôle de plaque tournante de l'économie locale.
L'exportation de la
garance puis des primeurs, après la chute du cours de cette
dernière,
devient possible, tandis que l'importation des produits du nord
(charbon, fer, fonte, bois, articles manufacturés) est
facilitée. De
plus, l'apparition de trains à grande vitesse, spécialement
pour les marchandises, suscite la naissance d'industries locales
(papeteries, scieries de pierre, fabriques d'huile et de produits
chimiques).
En outre, grâce
au chemin de fer, Aubignan peut exporter
massivement ses plans de vigne greffés durant toute la
première moitié
du XXe siècle. Néanmoins,
la ligne est de moins en moins rentable. D'une part les transports de
voyageurs et de marchandises exigent des aménagements
différents ;
d'autre part, à partir des années 1930,
la
concurrence des compagnies
de cars fait rage. Après la seconde guerre mondiale, les
petites gares
de l'arrière-pays carpentrassien déclinent et la gare d'Aubignan-Loriol
ferme en 1974,
malgré les protestations des
maires des deux communes
concernées.
Le
bâtiment principal est tout à
fait
représentatif des constructions
standardisées de l'époque, avec ses trois
travées et sa marquise
(auvent en charpente de fer), couverte de bois.
Il en va de même pour
l'abri qui lui fait face, de l'autre
côté de la voie, et qui est encadré
d'une lampisterie (lieu de conservation des lampes à huile)
et d'une huilerie.
La révolution industrielle avait commencé bien avant
l'implantation de la ligne, mais elle s'accentue à en perdre
la boule.
Le 29
septembre 1938, la ligne abandonne son service voyageurs.
Photo 1984
Du fait, l'abri de quai
pouvait se passer de voie d'évitement.
Le journal "La Provence" du 16 novembre 1998
partage l'espoir qu'un
vélorail puisse sauver la voie ferrée
Orange-Carpentras.