En 1905, la transformation de
l'arrêt (prévu) en gare (car
l'emplacement est accepté par tous les intéressés) fait l'objet d'une
longue discussion ; elle est demandée par les conseils municipaux
de
St-Frézal, St-Andéol-de-Clerguemont, Vialas, St-Maurice-de-Ventalon,
Pont-de-Montvert et 326 signataires de ces communes.
L'ingénieur de la Compagnie fait ressortir qu'au début, on n'avait pas
même demandé seulement, un arrêt pour St-Frézal, il accepte, cependant,
de donner satisfaction aux désirs exprimés, mais à condition expresse,
dont il demande l'insertion au procès-verbal, que l'installation de
cette gare sera absolument réduite au strict nécessaire. Adopté.
Saint-Frézal fut un évêque du Gévaudan assassiné, d'après la légende,
en l'an 828. Il apparaît peu dans les écrits mais son histoire fut
colportée oralement.
On
suppose que Javols ou
Banassac a pu être le siège de l'évêché. Il est connu comme étant
l'évêque des Gabales. Sa mission fut de débarrasser le Gévaudan du
culte des idoles, notamment le rituel du lac de Saint-Andéol et du
légendaire Mons-Hélarius, dont le paganisme fut battu en brèche trois
siècles plus tôt par Saint-Hilaire.
Deux communes portent son nom en Lozère dont Saint-Frézal-d'Albuges,
mais d'autres paroisses gévaudanaises sont placées sous sa protection,
à savoir Chaulhac, Grèzes, Julianges et enfin la Canourgue, dont
l'église de Saint-Frézal contient son sarcophage.
Ventalon pourrait signifier un lieu venté
où l'on vanne le blé. Une
commune voisine porte ce nom, Saint-Maurice-de-Ventalon.
Toutes
ces crêtes et ravines du Ventalon, dépouillées aujourd'hui de leurs
antiques parures de bois, forment une contrée âpre, enlaidie par les
gerçures de la montagne ébouleuse,
plaies vives que les torrents creusent dans ses flancs, et que le fer
colore de ses rouilles.
Mais
la merveilleuse lumière du Languedoc illumine tout cela ; les rochers
qui ailleurs seraient laids, prennent beauté et grandeur ; tandis que
les versants les plus monotones se parent du riche manteau d'or des
genets en fleur. (G. Fabre)
C'est à l'embranchement d'un autre sentier,
grimpant, lui, à Cassenade, que le Parc National partage son intérêt pour les
cultures environnantes :
La terrasse et le châtaignier
Soutenus par leurs
murets de pierre
sèche, les terrasses de culture,
appelées localement bancels, ou faïsses, sont une composante
indissociable du paysage cévenol.
Dans
un territoire à forte pente,
elles permettent de créer des espaces cultivables et de
maîtrise
de l'écoulement des eaux de pluie. C'est à la
culture du châtaignier que
sont dédiées celles que vous avez devant vous.
Cette zone non
cultivée est
naturellement dominée par les bruyères et
le chêne vert.
Cette
couverture végétale tend aussi à
recouvrir les
terrasses lorsqu'elles sont abandonnées, comme on peut
remarquer dans
plusieurs parcelles traversées par le sentier.
Les convois, en une courte ligne droite, contournaient Cassenade par le sud.
Au-delà
de la gare de St-Frézal, l'ancien tracé poursuit sa lancée à flanc de
vallée, longeant d'abord le Gardon,
puis le vallon du Ruisseau de
Conchès, dont l'embouchure est trop large à traverser, ce qui
nous
livre un beau lacet à 180°
au bout duquel on arrive au Viaduc de
Cessenade.
Pic de la Tourette 13 km →
Le relais de l'Espinasse
10,9 km → Lézinier 10,8 km → Pont de Champernal 0,9 km →
Le Viaduc 0,1 km → Ventalon en C. - St-Frézal-le-Temple 1,5 km→
Le Chambonnet 0,5 km→
← 1,1 km
Pont de Champernal
Cet ouvrage en courbe, le plus haut de
la ligne, comprend
et fixés à des
traverses en
chêne, traitées (à
l'époque) au créosote,
le tout reposant sur
un ballast de 35 cm
d'épaisseur,
composé de pierres concassées
ou de gravier de rivière pilé
mélangé à du sable.
Le panneau
ayant vue sur les rails, dispense des explications... peu ferroviaires.
Dans la
fraîcheur d'un ravin
méditerranéen
Les pentes abruptes de
ce ravin ont
contribué au maintien d'un
boisement ancien.
D'autres
forêts dans le Parc national sont
volontairement laissées à une libre
évolution. Leur étude sur le
long terme permet de mieux comprendre les
phénomènes naturels qui
transforment les espaces forestiers.
Ces rails pourraient raconter des anecdotes qui ont contribué à alimenter la légende urbaine, version
campagnarde.
Par exemple, l'histoire de la
"micheline" qui s'arrêtait parfois prendre un pêcheur le
long de la voie
ou qui stoppait pour
permettre à son mécanicien... de ramasser des
champignons.
En
sens opposé, la
montée vers le col de Jalcrest pouvait
occasionnellement nécessiter la participation des voyageurs à la
propulsion
de l'autorail Billard qu'un jus de jonquilles faisait patiner.
Tous les anciens "tacots" véhiculent a posteriori des
histoires véridiques, véritables, véraces,
ou qui auraient pu l'être.
Au sujet de
l'Intérêt local de l'Hérault, entre Agde et Mèze, ligne à voie normale,
familièrement appelée "Raubo
Faïsses"
- Voleur
de fagots",
il est rapporté
que
les mécaniciens des locomotives auraient grappillé ça et là des fagots
pour faire avancer le convoi plus vite ou pour récupérer à leur profit
le charbon économisé.
Sur
l'ancienne ligne à voie métrique "Centrale Var", on peut lire sur un panneau, en gare d'Esparron : Des
souvenirs émus et des anecdotes décrivent le magnifique panache blanc
et la convivialité à bord du modeste train qui semblait ignorer
l'heure. Il s'évertuait à traîner les deux ou trois wagons du convoi
dans les rampes raides, avec l'aide des voyageurs qui descendaient "et
dans un suprême effort parvenait en triomphateur au sommet de la côte".
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les locomotives vieillissantes
souffrent d'un entretien minimum et de pénuries en tout genre. Le
charbon est remplacé par le bois. Les
voyageurs sont mis à contribution pour le récupérer en forêt ou aller
chercher l'eau au puits.
Les eaux d'un court ravin
prennent de l'élan dans la galerie
d'un aqueduc voûté pour
confluer au plus vite avec le ruisseau de Conchès
qui faisait l'objet d'un possible passage à niveau piétons,
amorce une plongée
de 33 mètres vers la rivière, près du pont de Champernal.
Le panneau d'information du
parc national, s'intéresse lui à la face cachée du ravin.
Les lichens et les mousses
recolonisent l'éboulis avant la naissance d'un cortège d'arbustes et
d'arbres pionniers.
D'autres arbres plus pérennes
s'installent ensuite ; le chêne vert finit même par laisser sa place au
chêne pubescent, stade ultime de l'évolution naturelle d'une forêt
méditerranéenne.
La N 106, elle aussi, de
retour près de la voie déferrée, rejoint la vallée du Gardon peu avant
le pont de Champernal, qu'elle traverse
en un lacet à 180°.
Depuis l'arrêt du hameau de la Blacherette, le train a parcouru quatre
kilomètres, desservi une gare, et ne s'est pourtant éloigné que de 500 mètres à
vols d'oiseau.
Alors
qu'à première vue,
en quittant une petite tranchée,
nous venons de "fermer" la boucle,
ce n'en
est pas
fini de la longue descente en pente continue de plus de 30‰, avec un
agréable tracé offrant de beaux points de vue, dominant la grand-route
du haut de plusieurs murs de
soutènement,
et où de
nombreuses traverses
sont toujours en place, plus d'une encore en bon état.
La première chose est d'être informé de la situation des paroisses qui
doivent être détruites & dépeuplées, afin de disperser à propos les
troupes, de sorte qu'elles puissent protéger les milices qui seront
employées à cette destruction. Pour
cet effet, il n'y a qu'à examiner la carte géographique des Cévennes,
nouvellement
dressée à Paris sur le plan dessiné après la visite des lieux.
On remarquera de plus, que s'il se trouve des villages ou hameaux assez
voisins pour être également protégés, il faudra y faire travailler à la fois pour avancer cet ouvrage.
S'il y a encore dans les lieux quelques habitants, on les rassemblera
pour en faire prendre un état par le subdélégué de Monsieur de Bâville,
ainsi que des bestiaux & des grains...
En ce pays, au lourd passé, les trains sautillaient
Après
cela,
en assurant les habitants qu'il ne leur sera fait aucun mal, &
qu'au contraire le Roi veut prendre soin d'eux, on chargera le plus
apparent d'entre eux de les conduire par les endroits qui leur seront
marqués, aux lieux qu'on leur assignera.
A l'égard des bestiaux, il faudra que les mêmes gens qui les gardent
les conduisent au lieu qu'on leur indiquera, à la réserve des mulets,
mules & ânes qu'on rassemblera, afin de s'en servir dans le moment
pour transporter les grains là où il sera ordonné,
permettant
cependant
de donner des ânes, s'il y en a, aux vieillards & aux femmes
grosses hors d'état de marcher, pour les porter. Ensuite on distribuera
les milices par ordre, pour en employer un certain nombre à détruire
les maisons qu'ils essayeront d'abattre en les frappant par le pied, ou
de telle autre manière qui leur sera plus commode, & s'ils ne
peuvent en venir à bout ils y mettront le feu pour les ruiner davantage
& les rendre inhabitables.
Il
faut prendre garde de ne faire présentement aucun tort ni dommage
aux maisons des anciens Catholiques, dont nous suspendons le rasement,
jusqu'à ce que le Roi en aura ordonné, & où l'on mettra un officier
& quelques soldats pour les garantir, pendant que les troupes
resteront dans les lieux de leur situation, voulant qu'on nous donne un
état des dites maisons.
S'il se
trouve des habitants dans les lieux qu'on brûlera, on leur lira
& expliquera l'ordonnance qui leur défend de retourner dans leurs
habitations ; mais on ne leur fera point de mal, le Roi n'ayant pas
voulu entendre parler d'effusion de sang. On se contentera de les
renvoyer en les menaçant, & on affichera ladite ordonnance à une
muraille ou à un arbre dudit hameau.
S'il
ne se trouve aucun habitant, on affichera seulement la dite ordonnance
dans chaque lieu.
Signé : Le Maréchal de Montrevel.
Louvreleuil, Le Fanatisme renouvelé.
Tiré d'une lettre de M. de Julien à Monseigneur l'évêque de Mende.
Cette route qui dessert entre autres Champdomergue, se détache de la
N 106 dans le sens d'une flèche notée "le Burgeas".
Dans un pré, à quelque
4100 mètres, se trouvent des
ruines de Champdomergue où, en 1720, lors
de la
guerre des Camisards, se déroula le premier affrontement opposant les
combattants pour la liberté de religion aux soldats de Louis
XIV.
Champdomergue fut un lieu de commémoration jusqu'en 1937.
En
1943 puis 1944,
Champdomergue abrita un maquis d'allemands et
d'espagnols antifascistes, d'arméniens et de russes (déserteurs et
prisonniers évadés) et de français. Ils participèrent activement à la
Résistance implantée dans la Vallée Longue à travers différentes
actions menées contre la Gestapo et la Milice.