En 1915, le
train parti d'Orange à 6 heures longeait le jardin
du garde-barrière devant lequel
il pénétrait sur l'emprise de la gare
de Vaison.
Une première aiguille donnait accès à
une voie de
débord qui se divisait plus loin en 3 pour irriguer la cour
des
marchandises,
aujourd'hui transformée en parking.
Ce
train se
présentait aussitôt à la croisée
de la déviation du chemin vicinal N° 2, ex-chemin de la Sainte Croix,
actuelle
avenue du
Général de Gaulle, sur un passage
à niveau de 6 mètres, en biais
à 60°.
Devant la maisonnette de
garde-barrière,
la
voie principale
engendrait une voie d'évitement, portant à six
paires le
nombre de rails en travers du passage à niveau.
Était-ce en dédommagement du surcroit de travail
que le garde avait un second
jardin
à sa disposition, côté cour des
marchandises ?
La gare de Vaison,
construite en pleine nature, le long du "chemin du Collombier",
était desservie
côté cour
par l'avenue de la Gare.
Le train (parti à 6 heures d'Orange), se glissait le long
du jardin du chef de gare,
puis
sous un réservoir
d'eau de 100 m3 sous lequel prenait
naissance un trottoir de
80 mètres.
Le
convoi s'immobilisait à 7 h 33
devant un abri de quai.
En 1924, Vaison
devient Vaison-la-Romaine.
En 1927, la
Compagnie du PLM fait de la publicité pour ses autocars
à destination de Vaison-la-Romaine et le Mont-Ventoux.
A partir du 2 octobre 1938,
par application du Plan de Coordination des transports de Vaucluse, les
trains de voyageurs et autobus de remplacement T.P.L.M. de trains
désignés ci-après seront
supprimés...
1° Ligne Avignon-Cavaillon-Perthuis...
2° Ligne... et Orange
au Buis-les-Baronnies : tous les trains de voyageurs.
Le 13 décembre
1952, la ligne à voie métrique d'Orange au
Buis-les-Baronnies ferme définitivement.
Quelques mois avant
sa disparition : En février
1952, le
petit train du Buis, par suite du mauvais
fonctionnement d'un aiguillage, plusieurs wagons de marchandises se
renversent sur les voies. Incident spectaculaire, mais heureusement
sans gravité.
C'est
ainsi que Vaison voit venir de temps en temps une troupe qui joue dans
son petit théâtre romain où restent
quelques
gradins mal consolidés et où la scène
n'est plus
qu'un souvenir.
N'est-on pas
obligé de mettre une toile de fond
pour remplacer le grand mur absent et masquer la voie ferrée
où passe parfois un petit train asthmatique, capable,
l'innocent, de siffler pendant les tirades les plus
déclamées ?
Ce soir le vent a été plus violent, la
représentation, meilleure et la locomotive, plus sage qu'hier.
Il faut savoir, en effet, que cette dernière se prit
à siffler bruyamment, l'autre nuit au moment que Doña Sol
disait à Hernani : ce silence est trop noir, ce drame est
trop profond.
Farce ? ironie ? Stridente critique exercée contre le
jeu des acteurs ? Non ; tout simplement impatience. Non loin
du théâtre, le train attendait les spectateurs pour les
reconduire dans les montagneuses olivaies de Buis-les-Baronnies. Comme
le spectacle se prolongeait bien au-delà de l'heure
prévue pour le départ, plusieurs fois le sifflet de la
locomotive donna impérieusement à entendre aux
héros de Victor Hugo qu'il était grand temps qu'ils
missent fin à leurs jours et à la représentation.
On saura donc désormais que le romantisme n'a qu'un pouvoir
très limité de séduction sur les vieilles machines
à voie étroite...
Le silence qu'elles ont observé pendant Les Phéniciennes
prouverait que la tragédie grecque leur porte moins sur la
manivelle...
Mais ce théâtre a bien failli ne pas voir le jour.
Avant 1900, le passant ordinaire, en suivant la voie du
chemin de fer
ne pouvait en voir que ces fameuses "lunettes" qui ont fait les
délices de peintres admirateurs de vestiges anciens. C'est
ainsi
qu'on appelait familièrement les deux arceaux
isolés
émergeant d'un terrain privé d'un certain M.
Joseph
Jacquet, agriculteur et commerçant en vers à soie.
Il
fallait être archéologue et professeur d'histoire
pour
avoir l'idée de
creuser au sens propre du terme la question et le sous-sol. C'est ce
que fit le doctorant Joseph Sautel, prêtre de son
état qui
n'a cessé de fouiller la terre vaisonnaise pendant un
demi-siècle, jusqu'à sa disparition en 1955. En
1834, en passant à Vaison au cours de son voyage dans le
Midi de
la France, Prosper Mérimée, l'inspecteur
général des Monuments historiques et
néanmoins
auteur de "Carmen" n'y voit qu'un petit théâtre :
"Au-delà du pont, vers la plaine au pied d'une petite
éminence, on voit deux arcades antiques à grand
appareil,
et quelques restes de gradins taillés dans le roc.
C'était là le théâtre, fort
petit à
en juger par le diamètre de son hémicycle". Joseph Sautel ne fut donc pas le premier à
découvrir
l'existence du théâtre. Avant lui et avant
Mérimée, le dessinateur architecte Joseph Marie
Chaix,
chargé des recherches autour des monuments antiques en
Vaucluse,
l'avait révélé en 1821. Mais les
premier coups de
pioche exploratoires pour savoir ce qui se cachait vraiment autour des
"lunettes" furent donnés par l'abbé Sautel et ses
deux
terrassiers en juillet 1907...
Le
cours d'eau marque
la frontière entre les avenues des Choralies
et "Marcel Corneloup".
La ligne de chemin de fer, en courbe,
coupait à niveau le "chemin de Vaison à
Saint-Marcellin".
De nos jours, l'avenue Marcel Corneloup
ne rencontre plus ici que deux
embranchements : à droite celui de de l'avenue
César
Geoffray et à gauche l'entrée de la caserne des
pompiers.
L'embranchement de la route de Saint-Marcellin n'existait pas, la route longeait la
plate-forme ferroviaire depuis le passage à
niveau
précédent.
Photo mai 2011
Sans la "machine à remonter le temps" de
Géoportail, les transformations
d'aqueducs passeraient inaperçues,
masquées par la végétation.
Le
tablier de droite,
routier dès sa naissance, passe directement de la commune
de
Vaison-la-Romaine à celle de Crestet tandis que l'ex-pont ferroviaire
chevauche d'abord la ligne frontière entre les communes de
Vaison-la-Romaine et de Saint-Marcellin-lès-Vaison
avant de pénétrer sur le territoire de Crestet.
La
chaussée de la voie déferrée, à gauche,
est
supportée par deux travées
à poutres métalliques
reposant sur deux culées et une pile
en maçonnerie.
Sur la pile centrale, les appuis sont montés sur des rouleaux de dilatation.
La voie
déferrée
retrouve la terre ferme
au côté, très vite, de la
déviation de Vaison-la-Romaine,
ouverte en 1969.
Auparavant, les
trains
se glissaient entre la partie émergente d'un mur de
soutènement
et le chemin de grande communication 60, devenu RN 538
en 1933,
Le
premier août 1919, les excursionnistes cyclistes,
montés à "la coquette gare de Sablet",
pénétraient sur l'emprise de la gare
de
Malaucène-Crestet :
Nous arrivons
bientôt à
Malaucène-Crestet. Là, nous descendons du train
et allons
chercher nos vélos car nous avons 14 kilomètres
à
faire sur route, avant d'attaquer la monté du Mont Ventoux.
Quelques
jours avant l'inauguration officielle de la ligne une petite faute
administrative met le village de Crestet en émoi…
Alors qu'il est d'usage de
donner aux gares le nom des communes qui les hébergent la
gare de
Crestet, qui dessert également le village de
Malaucène, mais qui est
implantée sur le domaine administratif de cette
première commune, se
trouve ainsi dénommée :
Malaucène-Crestet ! Le conseil Municipal proteste
énergiquement contre cette inversion de nom lors de sa
séance du 5 mai 1907… Si la commune n'a pas
réagi auparavant c'est que l'inscription a
été faite subrepticement, contrairement aux
autres gares, le dimanche 28 avril, veille du jour de la
réception de la gare... Cette bizarrerie administrative
restera pourtant telle quelle jusqu'à la fin de
l'exploitation de la ligne…
Mais pas plus
longtemps !
De
fait, c'est une patache à
chevaux qui assure la liaison entre la gare
de
Malaucène-Crestet et
Malaucène "ville". Puis, à partir de 1924,
c'est un autocar qui
assure cette liaison jusqu'à la fermeture
définitive de la ligne en
1952.
La cour de la gare, également cour des marchandises, ne manipule plus
que du
bagage intellectuel ; elle est devenue cour de
récréation... de l'école
primaire publique de Crestet.