Le
8 janvier 1889, une
commission de réception, composée de
délégués des ministères des
travaux publics
et de la guerre, MM. de la Tournerie, inspecteur
général du contrôle ;
Peyrouse, ingénieur en
chef du même service ; le colonel Leplus, chef du
bureau des
transports par voie ferrée au ministère de la
guerre et
d'un autre ingénieur s'est rendu lundi soir à
Avignon.
Hier mardi, un train spécial a transporté ces
messieurs
à Meyrargues, où, en quittant la gare du
Paris-Lyon, ils
sont, accompagnés par l'ingénieur en
chef des ponts
et chaussées, M. Félix Martin, directeur
des chemins
de fer du Sud,
montés dans un
nouveau train spécial pour inspecter et visiter la
deuxième section de cette ligne ;
section qui va de
Meyrargues à Barjols, rejoindre la première
section construite.
Cette section, qui
comprend les
sections de Peyrolles et Jouques, dans les Bouches-du-Rhône,
Rians, Artigues, St-Martin et Varages, dans le Var, mesure
44 kilomètres,
et dès
qu'elle sera en
service, les voyageurs se dirigeant sur Nice ne parcourront plus, de
Meyrargues aux Arcs, que 196 kilomètres au lieu de
257
nécessaires par la voie de Marseille - Toulon.
Cette ligne est
établie
à voie étroite de 1 mètre,
mais elle peut
être disposée pour recevoir un
troisième rail,
donnant l'écartement normal des grandes lignes,
afin de servir au point
de vue
militaire, de ligne de transport de troupes, matériel et
vivres
pour la défense de cette partie de la frontière
alpine.
Par
son établissement et son tracé qui suit les
routes de
cette partie nord des deux départements qu'elle traverse, et
les
nombreuses et industrielles localités qu'elle dessert, elle
rendra de grands services à des pays qui
jusqu'à ce
jour se trouvaient déshérités au point
de vue des
voies de communication rapides.
Aussi l'inauguration qui
aura lieu
prochainement et à laquelle il est probable que le ministre
des
travaux publics viendra assister, sera-t-elle une grande
fête
dans la contrée.
En prenant sa retraite, la halte, établie
à 364,475
mètres d'altitude,
a été élevée, sans grands
frais sinon celui d'une plaque, au
grade supérieur de gare.
Durant ses années d'active, la halte a fait parler d'elle,
indirectement,
côté cour.
L'abbé
Imbert, curé de la petite commune d'Artigues, avait
passé
l'après-midi à Rians, commune distante de quatre
kilomètres de son presbytère. Il retournait chez
lui hier
soir, vers sept heures, quand à cent mètres
environ de la
station
du chemin de fer d'Artigues,
l'abbé
Imbert fut assailli par un individu qui s'était
caché dans un fossé et qui le frappa à
la nuque.
Le prêtre tomba.
Quelques instants plus tard, une
femme se rendant
à la station
entendit des gémissements. Elle alla chercher du secours
dans
une ferme. On trouva l'ecclésiastique étendu dans
une
mare de sang et presque agonisant.
Le blessé, qui avait
perdu connaissance, fut transporté dans une ferme
où il reçut des soins. Les gendarmes,
prévenus aussitôt, battirent les chemins
toute la nuit, et c'est seulement dans la matinée
qu'apercevant
un individu suspect, ils s'approchèrent de lui pour le
saisir.
L'inconnu
se jeta dans un puits. On l'en retira aussitôt.
C'était le meurtrier de l'abbé Imbert.
C'est un berger nommé Théophile L. On ignore le
motif de cette tentative de meurtre, le berger n'ayant pas voulu
répondre aux questions qui lui ont été
posées.
La victime est âgée de quarante ans, originaire de
Tourves
(Var). Son état est alarmant.