Sur la marche des trains de 1939, l'arrêt est à nouveau porté facultatif. A la sous-préfecture de Florac, le 10 juin 1905,
on discute d'un arrêt au Pont des Crozes...
L'ingénieur en chef de la Compagnie s'oppose
à la création de cet arrêt que l'on construira plus tard, si la
nécessité est reconnue, il demande l'ajournement.
"Plus tard" ne prend pas des jours.
La Commission décide un arrêt
au Pont des Crozes. 1905 Donc, on prévoyait :
Un arrêt
dit des Crozes, au quartier du
Pont-des-Crozes, commune de Cassagnas, à gauche de la ligne, au point
kilométrique 12k 270, ouvert au service des voyageurs,
bagages et chiens accompagnés, desservi par une avenue d'accès de 3m de
largeur, se détachant de de la route
N 107 (bis) et aboutissant au quai de l'arrêt.
Le
Conseil général de la Lozère a voté l'établissement, sur la route
nationale 107 bis, d'un tramway
à vapeur ayant 0 m. 60 de largeur de voie
et de 47 km. de longueur,
et allant de la sous-préfecture de
Florac à la gare de Sainte-Cécile-d'Andorge, située sur la ligne de
Clermont-Ferrand à Alais (réseau P.-L.-M.)...
à la croisée d'un chemin de service ayant fait l'objet
d'un
passage à niveau non gardé.
En 1912,
12 ans après le vote du Conseil général, 3 ans après
l'ouverture de la
ligne de chemin de fer à voie métrique, le projet avorté de tramway
n'est pas
sorti de la mémoire de "l'Avant-garde lozérienne".
Des
chemins
parfaitement inutiles ont été construits simplement pour plaire à
quelques électeurs influents, tandis que des voies de communication
étaient refusées, ou laissées en souffrance, aux habitants de nombreux
hameaux du canton qui,
faute
de chemin, en sont encore réduits, comme dans les contrées les plus
sauvages de l'Afrique, à transporter sur leur dos, leurs produits à
vendre et ceux qui leur sont nécessaires pour vivre.
Vous
avez
dépensé, ou mieux gaspillé, 250.000 francs pour élargir la route
de
Sainte-Cécile à Florac sous prétexte de faire passer un tramway-fantôme.
Simple
prétexte pour un but électoral ; 150.000 francs de travaux
supplémentaires doivent ou ont dû dernièrement être payés à
l'entrepreneur à la suite d'un procès.
Conséquence fatale. Pas de fonds, une
caisse vide pour la mise en chantier de travaux d'extrême urgence.
La construction de la voie du tramway aurait donc connu un commencement
d'exécution.
Le journaliste heureusement ne pouvait pas se projeter dans le futur.
Qu'aurait-il alors
écrit au sujet
des élargissements de la nationale qui, aujourd'hui, ont grignoté
certaines sections de la voie de chemin de fer construite au
détriment du tramway ?
Le Petit Méridional,
le 18 août 1933,
proposait à ses lecteurs un article concernant la
ligne de Florac à
Sainte-Cécile-d'Andorge. La première partie du papier
est un résumé de ce que le train vient de parcourir depuis sa gare de
départ.
Le
Massif Central et les Alpes, les
Vosges et le Jura ont certainement de merveilleux attraits pour les
estivants ; mais nos Cévennes,
en leur beauté tantôt sévère et tantôt
riante, possèdent aussi beaucoup de charme, trop souvent négligé.
Sans aller très loin, nos
Languedociens, en plus grand nombre, trouveraient une agréable
villégiature dans les vallées
lozérienne de la Mimente
et du Gardon d'Alès, descendant tous les deux du col Jalcreste et
emplies du souvenir des souffrances qu'ont vaillamment endurées les
Camisards, autour de l'an 1700, pour
la liberté de leur conscience.
En
exploitation depuis 24 ans, une
voie ferrée dessert les localités qui les jalonnent, mettant en
rapport
Florac, centre touristique, et Ste-Cécile-d'Andorge, nœud ferroviaire
du P.-L.-M . ;
sur son parcours, de 49 km. seulement, abondent les travaux
d'art ; elle court sur 15 viaducs et se fourvoie sous
16 tunnels.
Par
endroits, elle a des courbes de 100. C'est dire si elle est
pittoresque !
Fuyant
le rocher escarpé de Rochefort, à Florac, les trains remontent
la Mimente, affluent du Tarnon, le long de gorges sauvages et
par de
fortes rampes grimpent tout haletants vers le col de Jalcreste, entre
des montagnes boisées, couvertes de magnifiques châtaigneraies et de
landes de bruyères.
Laissant
sur le côté le château gothique de Montvaillant, la voie ferrée longe
ou croise la route blanche et la Mimente aux eaux vertes ;
elle
arrive à St-Julien-d'Arpaon (à
615 m. d'altitude), que domine un vieux temple isolé et un château
démantelé, dont les ruines s'amoncellent sur un piton...
elle est à 696 m.
d'altitude à l'aimable village de Cassagnas, blotti dans la verdure, où
s'amorce la route à travers bois qui serpente vers Barre-des-Cévennes,
agréable séjour de nombreux estivants de Montpellier et de Nîmes.
le "chemin des
Crozes à Cassagnas" ne faisait pas mine de vouloir traverser rapidement
les rails.
Ce n'est qu'une centaine de mètres plus
loin
que se tenait
le passage à
niveau.
Le chemin vicinal
desservait alors
le hameau du Vivier
et courrait en contrebas de la voie ferrée.
Gaël
Barrera, au cours de sonéchappée
solitaire dans les Cévennes, sur la
route de Stevenson,
parvint en vue d'un ouvrage qui attire l'œil.
Au lieu-dit des Crozes, la route file sur
un viaduc énorme, moderne. Un
siècle d'écart sépare les deux architectures, le béton branché d'un côté,
les pierres taillées
de
l'autre.
En contrebas, sous le tablier, je passe le ruisseau de Poumas,
admirant
le géant routier posé sur ses
hautes jambes. D'ici la forme paraît
légère, silhouette japonaise. Une sorte de Torli, ce portail shinto
érigé là où se posent les oiseaux...
Insensible à la littérature mais pas à son environnement, le pont sur le valat du Pompidou, rebaptisé ruisseau
de Poumas, mêle
désormais ses pierres taillées au béton d'une
buse.
Continuant ma méditation pédestre, j'approche de Cassagnas.
Déjà les premiers panneaux de
l'Espace Stevenson...
En
1938,
l'autorail, parti lui aussi de Florac, à 14 heures 15,
parvenait à la gare de Cassagnas-Barre
à 14 heures 42.
1905 On prévoyait :
Une
station dite de Cassagnas-Barre,
au quartier de Malzac, commune de
Cassagnas, à droite de la ligne au point kilométrique 15k 610m 83,
ouverte au service complet de la grande et de la petite vitesse,
desservie par une avenue d'accès,
se détachant du chemin vicinal
ordinaire n° 1 de Cassagnas à Barre et aboutissant à la cour de la
station.
1905
Emplacement de la gare indiqué par la Compagnie, adopté sans
observation.
En ce qui concerne Cassagnas,
la Commission, sur un vœu du Conseil municipal de Barre, décide de la
nommer Cassagnas-Barre.
La
gare de
Cassagnas-Barre est au fond d'un vrai précipice. Barre est au
sud, à
16 kilomètres environ ; Cassagnas au nord, non loin.
Au sommet d'un
promontoire élevé qui domine la gare, se dresse le temple, nu et
seul ;
à proximité sous le feuillage, dans un nid de verdure, on aperçoit vers
l'est une longue ligne claire, ce sont les maisons échelonnées tout le
long de la rue du village.
"Barre-des-Cévennes à 16 km environ". Tout
est dans le "environ". L'IGN
n'en compte qu'une dizaine. "Cassagnas au nord, non loin". Le nord, se situe en réalité plein est, et le "non loin" représente
2 km 800 d'une route défoncée.
1911Vaines
réclamations
Tout dernièrement, "le Petit
Méridional" publiait une lettre du député de Florac signalant au préfet
la situation déplorable des voies de communication. Il
faisait sans doute allusion au chemin
de Cassagnas à Barre. La
presse ayant gémi et le bon Dieu de Saint-Rome ayant parlé, on pouvait
croire que le monde allait changer de face et que les ornières des
routes allaient disparaître à tout jamais. Il n'en est rien...
Avec une gare à 10 kilomètres
on n'est pas plus avancés qu'avec la
vieille guimbarde du Pompidou apportant les nouvelles de Saint-André...
Le Conseil municipal a délibéré et redélibéré. Il demandait la
correspondance du train de 10 heures du matin. Peine perdue. Les
marchandises n'arrivent pas, les voituriers souffrent, tant pis pour
eux...
1912
Route de Barre à Cassagnas
Il y a quelque temps, nous avions
signalé le mauvais état de nos routes. Depuis, rien n'a été fait. Et
cependant la circulation est impraticable. Signalons tout
particulièrement la route de Barre à
Cassagnas.
L'empierrement a complètement disparu, les ornières y prennent
des allures de fondrières où l'on risque, à chaque pas, de verser. Les
voitures ne peuvent plus circuler.
1912 Indépendamment des
retards dus à l'état de la route, il fallait 2 heures pour
parcourir les 10 kilomètres.
Courriers en voiture fonctionnant dans
le département de la Lozère. Courriers correspondants. Barre-des-Cévennes à Cassagnas
Départ de Barre 8 h. 15 m. ; arrivée à Cassagnas
10 h. 15 m. - Départ
de Cassagnas (gare) à 10 h. 25 m. ; arrivée à Barre
midi 25 m.
M. Chanson René,
entrepreneur de transports à Saint-André-de-Valborgne, a pris
l'heureuse initiative de doter notre région d'un service d'autobus qui
reliera Saint-André à la gare de
Cassagnas en passant par le Pompidou,
le Masbonnet et Barre, en assurant la correspondance avec les trains...
Barre qui ressentait vivement l'absence de courrier vers la gare de Cassagnas n'aura qu'à gagner
à la réussite du projet...
Amélioration
postale. - Sur l'initiative de M. le Directeur
des Postes de la Lozère, un
courrier postal effectué à moto sera assuré par M. Castel Emile à
partir
du 15 mars entre Cassagnas-gare
et Barre. Ce service fonctionnera les
lundi, mercredi et vendredi, jours où le car de
Saint-Jean-du-Gard-Florac ne passe pas.
Nous remercions sincèrement les Services Publics et particulièrement M. le Directeur
des Postes de cette heureuse initiative qui apportera une amélioration
sensible à l'acheminement de notre courrier.
et un camping, constituent l'actuel Espace
Stevenson.
La marche des trains de 1910
accordait peu de temps aux locomotives pour éventuellement refaire le
plein d'eau.
Le train arrivé en gare à 5 heures 16 était prévu d'en
repartir à 5 heures 19.
En 1963, les
autorails n'avaient naturellement pas besoin de se ravitailler en eau.
Gaëlle Pedley, de la CIMADE, a publié en 1986 un
petit ouvrage de souvenirs de la semaine passée en 1963à Cassagnas où avait été implanté un
camp de harkis.
A l'aller :
Le train se faufile, au rythme d'une promenade, le long de torrents
gelés ou de bouquets de sapins et voici enfin la gare de Sainte-Cécile-d'Andorge,
le lieu de rendez-vous où ma coéquipière inconnue, Léone, est arrivée
par le train de Nîmes, et où Colette vient nous chercher toutes les
deux pour nous conduire, en
2 ch., et nous installer à Cassagnas...
Une semaine plus tard, le retour.
Plus de 2 chevaux mais un train au départ de la gare de Cassagnas.
C'est
un petit train de montagne qui va nous emmener, un train aux wagons
rouges, presque cubique. Nous allons à petite vitesse, repasser
en
contrebas du camp. Voici en effet quelques lumières sur la montagne, et
les autres passagers ne comprennent pas notre enthousiasme à les
regarder...
En 1963, le petit train de montagne aux wagons
rouges
était plutôt un autorail qui, à
la demande, pouvait s'arrêter (très) en
contrebas du camp, à
l'arrêt
facultatif de Cassagnas-Village.
En 1909, le train, lui, ne s'arrêtait plus
avant la plus haute
gare de la ligne : celle du Rouve-Jalcreste.