le convoi s'avançait entre une remise pour voitures et deux quais ;
l'un
couvert
et l'autre pas. Tous deux ayant leur entrée sur la cour des marchandises
où : M. Tyrand Camille,
employé de Mme Girot, étant
occupé à la gareà
décharger des vagons d'engrais, lorsque voyant venir
à lui un vagon
vide il voulut l'arrêter en serrant le frein. Il fit un faux
pas,
glissa et fut pris entre le vagon et le quai...
En 2021, l'abri se cache dans
une enceinte privée.
Côté cour,
le
bâtiment
voyageur
comme aujourd'hui,
était desservi
par la rue de la Gare.
Le plan de la gare faisait de cette rue une avenue.
Une carte postale nomme "avenue
de la Gare", l'actuelle avenue Boissy d'Anglas.
Par soucis de bonne gestion, "l'ancienne gare du train Buis - Orange
1907 - 1952"
a été reconvertie en Centre des Finances Publiques.
Le terminus des voyageurs n'était pas le terminus des trains.
Il
fallait que ceux-ci puissent se mettre dans le sens de la marche
pour
un retour à Orange.
La voie principale et la voie d'évitement se rejoignaient
pour s'engager ensemble
sur un ponceau d'1,5 mètre, servant de passage pour
piétons,
puis sur un pont métallique
de 5 mètres dressé sur le ravin de
Malguéri (Le Malguén) ; ouvrages qui ont
depuis longtemps rendu leurs tabliers.
et déménagée, en fin des années 1950 par l'entreprise Rodari,
laissant place
à
la caserne des pompiers.
Le 9 avril 1907,
une commission
est chargée d'élaborer, de concert avec la
Commission
municipale, le programme des fêtes d'inauguration du chemin
de
fer.
Le 15 avril, le Comité d'organisation du chemin
de fer
informe les propriétaires d'attractions foraines... qui
désireraient s'installer pour ces fêtes qu'ils
ont
à adresser leur demande avant le 25 avril à
M. Riou,
percepteur, président du Comité...
Le Petit Provençal
du 19 avril 1907
informe :
Dans son
numéro du 27 mars
dernier, le Petit Provençal annonçait que la
ligne de
chemin de fer d'Orange au Buis serait livrée au service de
l'exploitation du 20 au 25 avril. Quelques personnes trouvaient alors
que cette date était prématurée. Nous
ne nous
étions pas trompés cependant. En effet, cette
remise
s'effectuera le 22 du courant.
A cette occasion aura lieu au Buis...
Eh bien si ! le Petit Provençal s'était
trompé :Le
19 mai, le
Comité d'organisation des fêtes à
l'occasion de
l'inauguration de la ligne du chemin de fer d'Orange au Buis
à
l'honneur de prévenir les forains que les fêtes
sont
remises...
On nous télégraphie de Buis-les-Baronnies,
(Drôme) le 29
avril :
Ce matin, après un déjeuner servi par notre vatel
orangeois, M. Budre, qui pour la circonstance, avait
pavoisé avec goût la façade de son bel
établissement de la gare, où flottaient les
couleurs nationales, les hautes personnalités de la Compagnie
P.-L.-M. et
des chemins de fer économiques entraient en gare.
Le
train spécial formé à Orange, et
composé de
trois voitures à intercirculation, était
rapidement
envahi par M. Mauris, le nouveau directeur de la Compagnie P.-L.-M. ;
M. Mocquery,
directeur du contrôle ; MM. Berquet et
Geoffray, sous-directeurs du P.-L.-M. ;
Renaud, directeur des chemins de fer économiques ;
le
sympathique M. Margot, ingénieur en chef de
l'exploitation ; M. Chabal,
ingénieur en chef de la traction ; Herrscherr,
Ruffieux, Dramard et Penillet, ingénieurs de la
Compagnie P.-L.-M. ;
Dreyfus et Marchand, chefs de
division; Monmerqué, Bousigues et Genty, ingénieurs
en chef du
contrôle ; Hugues, ingénieur
en chef des ponts et chaussées d'Avignon ; Thomann
et
Bouviers, inspecteurs principaux ; Piattard, Bujon et
Guillermont,
inspecteurs ; Aymès, chef de section ;
Vézian,
inspecteur des chemins de fer économiques, chef de gare
à
Orange ; Vergeas, contrôleur du travail ;
Grivaud et
Pollier, contrôleurs du
télégraphe ;
MM. les commissaires de surveillance d'Avignon, etc., etc.
MM. les sous-chefs de gare Martin, Grel et Gillet ont assuré
le
service de façon irréprochable. Le
dévoué sous-chef de gare Grel a
donné le signal du départ à
8 heures 1.
L'arrivée à Buis-les-Baronnies
a eu lieu à
11 heures et demie. A midi un banquet a réuni tous
ces
messieurs dans le grand hall des machines. Le retour s'est
effectué à 4 h 20. E.
Le
28 août 1907,
alors que la ligne du Petit Train du Buis fonctionne depuis plus d'un
mois et demi Le Petit Marseillais publie un
article :
C'est
dans un nid de verdure, dans un site pittoresque encadré de
belles
montagnes, que se trouve la coquette ville de Buis-les-Baronnies
(Drôme). Peu connue
encore, l'ancienne capitale des Baronnies offre aux touristes et aux
amateurs de paysages les distractions et le confort qui lui sont
nécessaires après la période
d'agitation et d'activité qui commandent
le repos de l'esprit et les sains exercices du corps.
Buis-les-Baronnies
est relié à la grande ligne P.-L.-M. par la gare
d'Orange, au moyen de
la nouvelle voie ferrée,
livrée depuis quelques
mois seulement à la
circulation. Le trajet est des plus intéressants, notamment
de Vaison
au Buis, où la ligne traverse de curieux villages,
situés tantôt à
mi-coteau, tantôt sur le flanc de la montagne.
Après avoir franchi le
défilé d'Entrechaux, on s'engage dans la fertile
vallée de Mollans bien
connue pour ses primeurs. On aperçoit ensuite Pierrelongue,
avec son
église perchée sur un rocher. Enfin voici la
belle vallée de l'Ouvèze
et Buis-les-Baronnies où "tout le monde descend", comme le
dit si
spirituellement notre confrère de la Savoie Thermale...
Le même jour,
le
Petit Provençal,
lui, relaie des mécontentements :
Depuis longtemps (pas
plus d'un mois
et demi, quand même !), les
trains de montée venant au Buis,
nous
arrivent avec des retards considérables. Nous avons souvent
enregistré 45 minutes et quelques fois davantage.
D'où proviennent ces retards ? Nous savons d'une
façon
certaine que le personnel trop restreint des gares et des trains n'y
est pour rien, car il est constamment surchargé de besogne.
Tout
vient sans contredit de
l'important trafic
imprévu des voyageurs et des marchandises.
Généralement c'est la manœuvre faite
dans les gares pour
prendre ou laisser des wagons de marchandises qui
est la première cause de ces retards. Chaque fois le chef de
train est obligé de réquisitionner le chauffeur,
qui
sortant de ses attributions, entraîne de ce fait de grosses
pertes de temps renouvelées à chaque gare...
Longtemps
après, au crépuscule de la vie du Petit Train du
Buis, un
journaliste, répondant à un article de
l'Aurore du 25 novembre 1950, apportait
involontairement d'autres explications :
C'est une sorte de jouet
mécanique assez solide pour porter une douzaine de voyageurs
et
quelques paniers de fromages, de pommes ou de gibier. Il
s'arrête
quand il veut, quand les voyageurs lui font signe. L'administration a
jugé inutile de mettre les barrières à
tous les
passages à niveau. A chaque gare, le train s'amuse,
lâche
un wagon, en accroche un autre, tamponne un troisième par
mégarde, feint de manœuvrer et, vite
essoufflé, se
désaltère à la prise d'eau. Il
parcourt une
dizaine de lieues dans sa demi-journée, sans se presser. Il
permettrait au docteur dont la clientèle serait
dispersée
sur la ligne, de faire ses visites aux stations entre
l'arrivée
et le départ...
Il prend soin de siffler
longuement avant d'aborder un passage
à niveau
qu'il traverse toujours avec prudence. Et jamais personne ne s'est
signé à son passage, croyant avoir vu passer le
diable...
Brave petit train
qui chemine
à longueur de journée (sauf le dimanche), tu
serais
sûrement pour les parisiens un motif de raillerie ou
à
chanson montmartroise. Tu nous restes très sympathique et
nous
t'aimons bien.
Le
5 novembre 1908 : Notre foire
de lundi dernier a
été très animée...
Une fois de plus, nous avons pu, par le grand nombre
d'étrangers
venus dans nos murs, constater l'importance de plus en plus grande que
prennent nos foires depuis
l'ouverture de la ligne ferrée d'Orange au
Buis.
Le
24 août 1913,
avec un recul de six années, le Petit Provençal
pointe certains avantages et inconvénients de l'ouverture de
la ligne :
L'établissement
du chemin de
fer d'Orange au Buis porta un coup qui semblait décisif
à
nos cultivateurs de la haute vallée, et malgré
leur
endurance, leur sobriété et leur acharnement au travail, les
cultivateurs de la plaine obtenant par une culture intensive des
produits bien meilleur marché, ils auraient
été
supplantés jusque chez eux.
Beaucoup de fermes ayant connu l'abondance et la
prospérité se voyaient acculés
à la ruine
et prêtes à disparaître ; mais
grâce
à la lavande, qui a envahi et qui parfume si
agréablement
nos montagnes, elles ont pu retrouver l'aisance et le
bien-être
d'autrefois.
Le Petit Marseillais du 11 septembre 1914 rapporte : Lundi dernier sont arrivés
dans notre ville environ cent employés des chemins de fer de
l'Est, et le lendalin un train de 200 réfugiés belges et
Français. A leur arrivée, un repas leur a
été servi dans le hall de la gare, par les soins de
l'hospice. De nombreuses personnes de la localité leur ont
apporté, café, lait, fruits et friandises en abondance...
Liste des lignes fermées
au service des voyageurs à la date du 1er
décembre 1938 par suite de la mise en application de la
coordination.
Orange - Buis-les-Baronnies apparaît sur la liste dans la
colonne des fermetures totales.
Il est certain que des trains de voyageurs ont circulé
après cette date pour des événements
culturels
à Vaison.
On pouvait aussi lire dans Paris-Match
que si,
au1er décembre 1938, la
ligne a fermé aux voyageurs,
un wagon aux
banquettes de bois est
cependant resté
à la disposition des fidèlesque la lenteur des
convois ne perturbait pas. Le Petit Provençal
du 14 octobre 1938 en informait
ses lecteurs :
Remplacement de tous les
trains de
voyageurs par des services routiers sur les lignes de : Orange
à Buis-les-Baronnies...
Le 28 juin 1949,
la fermeture
de la ligne est dans l'air. Un comité de Défense
du petit
train est créé et fait des propositions pour
sauver la
desserte.
Paris-Match
légende une de ses photos : CONDAMNÉ A
MORT
Ce petit train accomplit
ses derniers
voyages. Il quitte Orange à 7 heures pour arriver
au
Buis-les-Baronnies (50 kilomètres) trois heures
après. Il
brûle 7.000 francs de charbon pour 100
kilomètres et
coûte un million par mois à l'Etat qui veut le
remplacer
par des camions.
Un
autre journal
explique :
L'exploitation
ferroviaire de
la ligne à voie métrique d'Orange au
Buis-les-Baronnies
s'étant révélée,
à la suite de la baisse de
son trafic, particulièrement coûteuses, une
réorganisation s'imposait.
L'emploi d'autorails et de locotracteurs a été
étudié, mais cette solution aurait
exigé une
importante mise de fonds et, malgré les avantages
à
attendre d'engins à moteur thermiques, l'exploitation serait
restée très onéreuse...
Et
le 13 décembre 1952, c'est
le dernier train. Le
même que le jour de l'ouverture.
Il quitte la gare du Buis-les-Baronnies le long des lieux d'aisance
hommes et dames
puis à la droite de la remise à
machines et à gauche de la
halle aux marchandises. Il regagne Orange en sifflant tout au long du
trajet.
Durant les travaux d'aménagement de l'emprise de la gare de
Buis-les-Baronnies, les prés étaient en
attente d'une couverture de remblai
jusqu'à hauteur des fondations du (2) futur dépôt
des voitures
voyageur
et (3) du support de la fosse et de la manche
à eau
ainsi que jusqu'au faîte de la (1) base
voûtée de la halle aux marchandises.
Ces prés ne se doutaient pas de ce qu'ils auraient encore à supporter
au cours des temps à venir.