Les
nouvelles lignes de tramways dans les Alpes-Martimes
Ce
matin, 27 décembre, à 8 heures,
M. de Joly, préfet
des
Alpes-Maritimes,
accompagné de M. Imbert, ingénieur en
chef du département, etc.,
s'est
rendu à Cannes en automobile pour assister à la
réception officielle
des nouvelles lignes de tramways électriques
départementaux Cagnes-Vence
et Cagnes-Grasse
construites par la Compagnie
des
chemins de fer du Sud-France, et si impatiemment attendues
par
les populations riveraines...
à
trois arches,
maçonné 20 mètres
au-dessus
de la
Lubiane.
1900
La
Lubiane, affluent de la Cagne, s'offre à nous, baignant
le pied d'une ville aux tours menaçantes, aujourd'hui
percées de
fenêtres inoffensives qui ont remplacé les
meurtrières, et dont le
chemin de ronde a été
transformé en promenade.
Des collines verdoyantes
qu'égaie la
blancheur de gracieuses maisons neuves, nous disent qu'à
côté de la
vieille cité de Vence des faubourgs hospitaliers ont pris
naissance.
Ils sont habités par des étrangers qu'attire,
chaque jour plus
nombreux, un climat propice à qui redoute le voisinage de la
mer...
officiel ou pas, avait
été
pratiqué, à une date
indéterminée, entre la
route de Saint-Jeannet, actuelle avenue du Maréchal Joffre,
et des
constructions apparues
d'un chemin
embranché à la
route de Saint-Jeannet.
Le
journal "Le Siècle", du 29
mars 1894, publie en feuilleton un roman de
René Dubreuil
comportant une description étonnante de Vence.
Intr' Cagnes et San-Gianet
Il y a une chanson qui commence ainsi. Mais ce que la chanson ne dit
pas, c'est qu'entre Cagnes et Saint-Jeannet, assez près de
Colomars et
pas très loin d'Antibes, il y a, perdu entre deux
collinettes rocheuses
qui vont se baigner dans la mer, un petit village appelé Vence. Il croit depuis bien des
années sous une
pluie de soleil parmi les senteurs des citronnelles et les parfums des
lavandes.
Pour y aller, on quitte la grand'route, à hauteur d'un
enclos de
mandariniers ; on suit un petit sentier à droite,
bordé d'un côté
par le
Loup - un cours d'eau où l'on prend les truites
avec la
main - et de
l'autre par de menues rocailles fleurant bon le romarin ; puis
au
bout
de dix minutes on est arrivé. Il
y a une vingtaine de maisons à
Vence,
si l'on peut appeler maisons, une
caracolée de murailles percées de grands trous,
avec des marches en
pierre, en bois ; avec des toits en tuiles, rouges jadis,
brunes
maintenant, où les derniers vents ont apporté
leur poussière et leurs
feuilles mortes. Les portes sont placées au hasard des
voisinages et
les rues n'existent même pas.
Il y a, qui coupe en deux le
hameau, une
ruelle sur laquelle les habitations en voûte, interceptent le
ciel.
Comme dans tous les pays où le soleil et le sol s'entendent
pour faire
germer les pousses nouvelles et fleurir les champs, on est
très
paresseux là-bas et plus d'un habitant passe sa
journée, couché
tranquillement à l'ombre d'un arbre ou d'un mur...
La description de Vence
que
fait René
Dubreuil
dans son roman "Naïs
Vivette" semble éloignée de la
réalité de 1894.
Il
n'y est pas fait mention du chemin de fer qui traversait là,
ou face,
à la chapelle Notre-Dame du
Rosaire. En 1891, un an avant
l'arrivée du train, Vence
comptait déjà 3103 habitants
qui n'auraient pu loger dans une
vingtaine de maisons.
L'auteur poursuit :
On regarde les petits lézards gris courir après
les mouches ;
on écoute chanter les cigales !... Et l'on est
fatigué le soir.
On ne voit ces choses-là que dans le Midi.
L'histoire
est une pure fiction, non datée.
Il faudrait remonter en l'an 1200 pour que Vence soit "affouagé" pour
22 feux ½.
En
2022,
Vence comptait 19 856 habitants. 1905
Vence distante de 22
kilomètres de
Nice et de 26 kilomètres de Grasse, est assez bien
dotée sous le
rapport des communications. Une route départementale,
parfaitement
entretenue, quoique avec des pentes un peu fortes, la relie
à Cagnes,
c'est-à-dire à la ligne
Paris-Lyon-Méditerranée ;
cette
route se prolonge au-delà de Vence
par Tourrettes, jusqu'à Grasse. Des
chemins de grande communication faisaient seuls communiquer, jusqu'ici,
Vence avec
les diverses
communes du canton et des cantons voisins ; on
les remplace peu à peu par de belles routes
départementales...
Le
Train des Pignes,
en courbe,
se glissait sous un passage
supérieur
jeté entre les deux parois de la
tranchée.
Enfin, depuis 1892,
Vence a sa
gare sur la ligne du
Sud ; malheureusement, il faut le
dire,
cette ligne, si souhaitée, ne rend pas tous les services
qu'on en
attendait, à cause de la parcimonie - un peu
forcée,
peut-être - qui
présiderait, paraît-il, à son
exploitation.
D'un autre côté, les colis
expédiés par la ligne du Sud,
perdent beaucoup de temps pour aller
rejoindre le P.-L.-M., du fait des délais de transit.
Aussi, la plupart des producteurs
préfèrent aller expédier directement
leurs produits à la gare de
Cagnes, même à celle d'Antibes, où ils
se rendent à l'heure du train de
"ramassage" des fleurs, qui, devenu express à partir de
Toulon,
transporte les fleurs du littoral à Paris en moins de
vingt-quatre
heures.
Le projet de tramway
électrique de
Vence
à Cagnes, dont la
réalisation est imminente, est appelé
à rendre
de grands services aux expéditeurs vençois, en
les mettant en
communication rapide avec la grande ligne.
Depuis bien longtempselle
sommeille, sous le soleil qui dore ses pierres. Mais elle garde des
vestiges de son passé glorieux, et sur elle plane, comme une
sûre
protection, la vertu de ses évêques et de ses
saints martyrs.
Autrefois,
une diligence jaune gravissait la route-montante qui, de Cagnes,
mène à
Vence. Les
voyageurs avaient le
temps d'admirer le paysage, qui étage des
plans d'oliviers. Ils pouvaient longuement contempler le village de
Saint-Paul, pareil à un beau diadème roux sur le
mont qu'il couronne.
Aujourd'hui,
les touristes viennent en
auto,
car on leur accorde une petite
demi-heure pour visiter la ville, admirer l'église et les,
sculptures
romanes, le beffroi et la tour, et le prodigieux décor qui
s'offre à la
vue des remparts. Dans les replis harmonieux de la vallée,
des villas
se nichent, toutes blanches avec leurs toits de tuiles pareils
à de
pourpres bouquets.
Et
les villages sont
comme des troupeaux
rassemblés. A droite est Saint-Jeannet, à gauche
la route de
Courségoule, où l'on tua un sanglier la semaine
dernière. La chaîne des
monts, où s'attarde un peu de neige, arrondit ses dents
contre le ciel.
Çà et là, de roses pêchers.
La Lubiane court, ruisseau chantant ;
des
draps sèchent sur un mur.
Courte
extase.
Dans
les rues voûtées qu'éclaire le soir,
aux carrefours, une seule. lampe
à réflecteur, les touristes se hâtent.
Leur manteau les engonce. Les
femmes, triplement voilettées, marchent prudemment sur leurs
talons,
plus pointus que les cailloux. Et c'est la découverte
imprévue d'une
fontaine où l'eau retombe en multiples cascades dans la
vasque arrondie.
On
s'extasie.
Cela
valait le voyage !
Et
l'on repart, trop vite, sans avoir seulement entrevu l'âme
frémissante
de la petite ville qui paraît endormie, la sournoise, et en
qui
pourtant se déchaînent toutes les passions
humaines. Les touristes
n'ont pas remarqué une belle fille qui fut reine l'an
dernier à la
fête provençale...
s'engageait sur le tablier métallique d'un pont-rail,
aujourd'hui
disparu.
1890
Vendredi
dernier, a eu lieu à Paris, au siège de
l'administration de la
Compagnie du Sud, 78, rue d'Anjou, une importante adjudication de
travaux.
Elle comprenait :
-
- Laligne de Grasse
à Manda...
5eme
Lot, du kil. 26 au pont de Manda, comprenant le grand
souterrain
de Saint-Jeannet. Montant des travaux : 2.180.000 fr.
MM. Richard et
Varigard ont été
déclarés adjudicataires sur dix
concurrents avec un rabais de 5%.
Cent trente ans plus tard, le fruit de leur travail
...
1890
Ces entrepreneurs sont déjà chargés de
la construction des maçonneries
du grand pont de Manda et des terrassements aux abords de cet
ouvrage.
Ajoutons que le projet de
tracé et de
terrassement de la ligne
de
Grasse à Manda a été
approuvé seulement le 7 mai et que
deux jours
après, l'adjudication des travaux était
déjà un fait accompli.
Le train roule... Vous
avez jeté dans
le filet les journaux, la brochure, le guide. Accoté en un
coin que
vous n'avez pu faire vôtre, vous rêvassez.
Voici
que vos regards ramassent les traits du paysage qui défile
devant vous
sous vos yeux bientôt émerveillés...
Voyageurs présents et
absents à la
fois dans ce wagon qui roule vers un but que vous ne savez plus
guère,
vous voila devenu spectateurs, redevenu le touriste...
Le
train roule, sinue, grimpe, redescend, court à flanc de
monts ou de
collines,
Et
c'est pour votre joie prochaine que nous vous dirons combien nos
chemins de fer français nous offrent de "lignes" que les
guides
citeraient à grands renforts d'adjectifs si elles
étaient à l'étranger,
et quels beaux spectacles, jamais pareils, vous pourrez contempler sans
sortir du wagon.
- mais
connues
du chemin de fer qui leur avait aménagé un
passage sous les garde-corps
d'un ponceau voûté -
la voie
déferrée
persiste à desservir
les propriétés loties du quartier du
Cougnet.
1905
Entre
Saint-Jeannet et Vence, le
long de la rive droite de la Cagne, les cultures en terrasses
d'orangers
et de violettes sont dans des éboulis jurassiques descendus
des baous.
Ces éboulis reposent sur des marnes miocènes qui
se montrent en
certains endroits
notamment dans les
tranchées
du chemin de fer de la
ligne du Sud,
de Nice à Draguignan,
passant par Vence....
En tranchée,
les convois se
glissaient sous un passage
supérieur
assurant le transit entre deux terrains.
Nul
ne pense
encore qu'à une époque qui ne date cependant pas
d'une génération, le
chemin de fer P.-L.-M. s'arrêtait à Toulon. On eut
surpris bien des
personnes en leur affirmant que La
Gaude serait un jour à 20 heures de
Paris.
Ce n'est même pas à ce chemin de fer que l'on
songe aujourd'hui
quand on parle de moyens de locomotion. Il semble qu'il a toujours
existé. Seul le
chemin de fer du Sud
semble avoir quelque nouveauté.
Faisons ici comme tout le monde : ce n'est pas le lieu de
réagir.
Deux
projets
furent en présence lors de la discussion du trajet que
devait suivre à
partir de Grasse le chemin de fer du "Central-Var". L'un le faisait
diriger, au sortir de Grasse, sur Cagnes pour se relier dans cette
localité au "Chemin de fer du Midi" (sic). L'autre le faisait se
diriger sur Nice par Vence.
La Gaude
demanda, naturellement, l'adoption de ce dernier projet (11 août 1878
et
12
février 1886).
Ce
fut
celui qui, effectivement, fut adopté. Un
moment, la commune put espérer avoir une gare au milieu de
l'agglomération. Un projet en ce sens fut soutenu par
l'ingénieur Amic
en
1889.
La commune de Gattières joignit
ses efforts aux nôtres
pour
obtenir son adoption. Nous étions à la veille de
réussir, quand
l'autorité militaire mit unvétoformel.
Le
caractère stratégique de la ligne devait absorber
toute autre
considération, et il était fait valoir que si la
traversée du Var
n'avait pas lieu en un point reculé, en amont sur la
rivière, une
flotte
ennemie détruirait le viaduc aussi facilement que celui du
P.-L.-M. et
couperait toute communication avec Nice.
La raison
était, malheureusement , péremptoire, et le
tracé par Manda fut arrêté
en mars
1889
; le tronçon Grasse-Nice était ouvert en 1892.
La Commune
bénéficiait tout de même d'un
énorme progrès, et comme pour le chemin
de fer
P.-L.-M., il ne lui coûtait rien.
Pour avoir perdu un peu
d'importance depuis la création d'un courrier en voiture sur
Cagnes, la
gare de Saint-Jeannet-La Gaude a tout de même
apporté son très
sérieux
appoint à la transformation du pays,
repose
les 310 mètres
de son
tablier sur 10 arches
de 20 mètres d'ouverture.
1900
Le jeudi 5 juillet des expériences ont
été pratiquées sur divers ponts
et viaducs entre Nice et Grasse, épreuves
de marche, de poids, ainsi que de résistance des ouvrages,
avec une machine et six
wagons du P.-L.-M....
Pour
compléter la voie mixte et la rendre praticable au
matériel à gabarit
normal, un troisième
rail
avait été posé tout au long de la
ligne ; il fallait constater si
son
écartement était partout régulier, sa
sécurité absolue et si les trains
d'un certain tonnage, remorqués à une certaine
vitesse par des machines
de la Compagnie P.-L.-M. pourraient sans danger parcourir ses courbes
et ses rampes...
Les résultats satisfaisants des essais ne tenaient pas
compte de
l'usure du rail de la voie métrique utilisée
journellement par le Train
des Pignes, alors que le troisième rail, en
réserve, en attente d'un
conflit, rouillait tranquillement à l'état neuf.
Ces résultats ne
tenaient pas compte d'autres paramètres et
nécessités, si bien qu'en 1914
le
viaduc ne supporte plus que la voie métrique.
L'ouvrage
dressé
au-dessus de
la Cagne,
enjambe, plus
discrètement,
Par suite des fortes
pluies, deux
éboulements importants se sont produits sur la ligne des
chemins de fer
du Sud à
Saint-Jeannet et à
Magagnosc, près de Grasse.
Tous les trains de cette
compagnie
ont subi des retards considérables...
La circulation des
trains est
interrompue. Les ingénieurs de la Compagnie se sont
transportés cette
nuit sur les lieux des accidents.
L'année-même des essais
satisfaisants effectués
entre Nice et Grasse, la nécessité d'utiliser
l'écartement normal
s'était
présentée.
1900
Les journaux de Nice, le
conseil
général des Alpes-Maritimes et le conseil
municipal de Nice sont fort
émus du danger que vient de révéler la
mise hors service du viaduc
d'Agay. Si l'on a pu assurer, par un transbordement pénible,
le service
des voyageurs, en revanche, celui de la petite vitesse a dû
être
interrompu :
on
a dès le premier jour cherché à
dériver les marchandises par la ligne
de Meyrargues à Nice ; et c'est
alors qu'est apparu la situation périlleuse faite au camp
retranché de
Nice.
On
sait que les chemins de fer du Sud sont à voie
étroite. Or, dès le
début l'autorité militaire avait fait remarquer
que la ligne du
littoral, de Saint-Raphaël à Nice, suivant
exactement le rivage, il
suffirait de la destruction de l'un des nombreux ouvrages d'art,
viaducs, ponceaux, tunnels, pour isoler complètement le camp
retranché
de Nice...
En conséquence, il
fallait absolument
que les lignes dites du chemin
de fer
du Sud, qui les doublaient
parallèlement à assez grande distance du rivage,
puissent
éventuellement assurer les transports de mobilisation, de
concentration
et de ravitaillement vers Nice... Le
service quotidien devant se faire sur voie étroite, on
placerait un
troisième rail à l'écartement normal,
et, en cas de nécessité voici
comment circuleraient les convois militaires : les wagons
chargés
de
troupes et de matériel, passant sur le troisième
rail, seraient
remorqués par les petites locomotives de la ligne du Sud
prenant la
voie étroite, le gabarit des tunnels et le faible rayon des
courbes ne permettant
pas la circulation des locomotives du P.-L.-M.... Quoi
qu'il en soit, l'épreuve vient d'être faite
à l'occasion de l'accident
du viaduc d'Agay. Le troisième rail n'a pu conduire les
wagons de
marchandises : il était fixé par des
tire-fonds qui ont sauté sous
le
poids et l'effort...
On peut
s'étonner de ce que la
locomotive
du P.-L.-M. ayant tracté six wagons avec
satisfaction lors des
essais du
5 juillet, ait été jugée hors
gabarit pour circuler dans les
tunnels, au mois de
décembre.
Après avoir franchi à niveau l'ancienne route de
Vence,