De l'eau, dans ce
secteur, il en coule. La voie ferrée suit
le
cours du Grand Vallat attirant à lui de nombreux affluents.
Cet apport en liquide, pourtant bien fourni, semble ne pas avoir suffi
à certains initiateurs de la voie ferrée.
M. Cuzin,
ancien entrepreneur
retiré des affaires, avait commandité
M. Marcel
Boucher, concessionnaire d'un lot sur la ligne de Meyrargues
à
Draguignan ;
or, il
résulte de la
correspondance produite aux débats, que pour obtenir cette
concession l'entrepreneur avait dû payer d'importants
pots-de-vins...
Monsieur Andrieux fait
connaître ensuite les exigences auxquelles l'entrepreneur a
été en butte; il a fallu promettre 50 pour cent
dans les
bénéfices de l'entreprise, et cette part de
bénéfices, on a exigé qu'elle
fût
évaluée et payée d'avance.
M. Cuzin
résistait, déclarant que ce n'est pas ainsi que
les
affaires se traitent, mais M. Boucher, dans une lettre dont Me Andrieux
a donné lecture, répondait en ces
termes :
Il y a une situation nouvelle aujourd'hui, on ne peut plus
réussir autrement...
Dans l'affaire des
pots-de-vin,
"l'Impartial des Pyrénées : journal
quotidien,
républicain, indépendant", du
5 septembre
1895, cite le Figaro qui a donné la parole à
M. Magnier,
l'un des mis en cause qui ne veut pas porter le chapeau.
Il
y a deux sortes de personnalités que je vise,
répondit
M. Magnier, d'abord les anciens ministres, les
députés et sénateurs qui ont
été,
à ma connaissance, les appuis et les auxiliaires
payés
de M. de Reinach ; ensuite les conseillers
généraux qui se sont fait, dans le Var, ou les
Basses-Alpes, les instruments et les agents de
M. de Reinach parce qu'ils étaient
achetés par lui.
Ne croyez pas que certaines personnalités n'aient
trouvé
un bénéfice dans l'affaire que par la seule
opération du syndicat. Non. Ces hommes étaient
plus
exigeants, et quoique le chiffre, avoué par certain
syndicataires, soit dix fois moindre que le chiffre réel,
ils
ont presque tous reçu d'autre argent que cela...
La propagande électorale coûte très
cher, mais
surtout dans le Var et dans un arrondissement voisin. Eh
bien ! tout l'argent qui se dépensait dans
l'intérêt
des progrès électoraux de ces deux
députés
sortait de la caisse des chemins
de fer du Sud ou tout au moins de celle de M. de Reinach,
c'est-à-dire du bénéfice
réalisé sur l'entreprise... Lorsque
l'on voulut construire la ligne
stratégique de Meyrargues
à Draguignan et surtout celle de Vaux
à
Fréjus, il a fallu faire jouer des influences
considérables. Et lorsque cette ligne a
été
accordée il faut savoir ce qui s'est passé.
C'est inouï ! On modifiait le tracé de la
ligne selon
qu'elle devait traverser le champ d'un ami ou celui d'un adversaire, et
le moindre lopin de terre on le payait à un prix fou,
exagéré de plusieurs fois sa valeur,
lorsque le propriétaire s'engageait à voter
d'après les désirs de M. Jacques
de Reinach...
le
train longeait une maisonnette
de garde-barrière,
aujourd'hui démolie.
Le 4 juin 1949, alors que la ligne de chemin de fer était
agonisante, un arrêt, baptisé
"Saint-Laurent", avec quai, fut
créé, au PK 178,040, entre
le passage
à niveau
et la frontière
communale de Saint-Martin et de Varages.
En 1863, déjà, le projet d'une seconde ligne
d'Avignon à Nice était
évoqué.
D'Avignon
à
Rians, le parcours souhaité différait de la ligne
finalement construite,
mais ici il était conforme aux prévisions.
On écrit de Brignoles
au Courrier de Marseille :
Une dépêche télégraphique
nous apprend que
l'Empereur s'étend rendu compte de l'importance du
réseau
de chemin de fer du Var, aurait décidé que les
divers
embranchements demandés par les comités, seraient
exécutés dans un bref délai,
en suivant pour la
seconde ligne
d'Avignon à Nice, la direction de Peyroles à
Toulon par
Brignoles et Carnoules, et à Draguignan par Rians, Varages, Barjols et
la vallée de l'Argens.
Aujourd'hui, la piste ne bute plus sur 4 bouts de bois
protégeant la
cavité créée par
le retranchement du tablier de l'ex-pont-rail.
Un ouvrage bétonné, recouvert de terre,
comble
désormais le vide.
Les convois, à partir d'une certaine date,
sans changer d'environnement,
parvenaient à l'angle de
l'Oratoire Saint Michel, situé à
l'entrée du domaine de "Laval" en
bordure
de la voie ferrée qui longe le chemin
G. C. 32 de
Varages à Rians.
Construit récemment ; socle en pierres
apparentes et niche en brique renfermant une statue de saint Michel
terrassant le démon.
avant de traverser la rivière de l'Eau Salée,
laissait
s'échapper à droite un chemin
parallèle à
la voie ferrée ; chemin qui venait traverser la
ligne de
chemin de fer
L'enjambement
du
vallon de Segneirolle
se fait à l'aveugle pour cause de
végétation agressive et aussi peut-être
parce que
l'ouvrage, en biais sur le cadastre, est dessiné à
angle
droit sur l'IGN.
Si aucun géographe n'a fait d'erreur, la galerie actuelle
ne serait pas d'origine.
Les cours d'eau nombreux confluant avec le Vallat de Saint-Martin,
actuelle rivière de l'Eau Salée, avant,
après et
aux alentours de la gare de Varages, ont causé parfois des
entraves à la circulation des trains et engagé
des dépenses non
prévues.
L'Économiste européen
du 10 juillet 1908 rapporte :
Les dépenses de réfections extraordinaires et de
renouvellement des voies, imputables sur les différentes
réserves, se sont élevées au total
à
120.618 francs au cours de l'exercice 1907...
pour
divers travaux d'importance exceptionnelle ou motivés par
des
circonstances sortant des conditions ordinaires d'une exploitation
courante, telles les inondations qui sont survenues à la fin
de
l'année 1907 et ont notamment coupé la ligne de
Draguignan à Meyrargues, aux
abords de Varages.
Les convois se présentaient bientôt
à la croisée du "chemin rural dit du Plan
d'Envaou",
Le train qui marche en
sage allure permet de bien saisir le paysage et certes il en vaut la
peine. Curieux
vraiment les abords du bourg de Varages avec ses rochers
percés
de grottes profondes servant d'habitations, ainsi qu'aux Baux. De
même tout près de là à
Cotignac.
Cent vingt-six ans plus tard, "le Petit Provençal" s'est tu.
Le
train ne rallie plus à son panache blanc. Le randonneur
vient
par ses propres moyens et l'information repose sur un panneau titrant
là :
Au
cœur du tuf
Les eaux en s'infiltrant
sur le
plateau de la Blaque, dissolvent le calcaire et l'entraînent
jusqu'à la source. Au contact de l'air, le calcaire se
redépose, en piégeant
végétation et
micro-organismes et en laissant des vides. Les cavités dans
le
tuf ont été aménagées par
l'homme à
différentes époques. Sous le quartier du Baou,
elles
étaient utilisées comme poulailler, remise
à
outils, cave, pigeonnier, support pour des aqueducs, roues et
turbines de moulin.
La partie sud-ouest de la falaise, qui tombe à pic sur le
ruisseau de Varages, est traversée par un réseau
souterrain.
Face à nous la grotte de la Ferrage.
Elle
est citée en 1782 par Darluc, puis signalée en
1912 comme contenant des
ossements et divers objets préhistoriques. Les fouilles
interrompues
par la Première Guerre Mondiale, sont achevées en
1939. Les dents et os
brisés d'une vingtaine d'individus sont mis au jour, ainsi
que des
pointes de flèches, des outils en silex, des morceaux de
poteries, des
perles. La grotte avait dû servir de lieu de
sépulture et d'ossuaire.
Ce dédale de cavernes est une zone de refuge au moment des
guerres de Religion (XVIe siècle).
L'une d'elle appelée "château" conserve des traces de
maçonneries. Les murs sont percés de
meurtrières.
Deux tours encadraient l'entrée de cette grotte
fortifiée.
Sous
le repère de nivellement affichant une altitude
de 307,114
mètres,
il
est gravé :
ALT 308,9.
L'indication
de Garcin, dans son dictionnaire historique et topographique de la
Provence, disant que la petite commune de Varages est
située toute en plaine, étonne quelque peu le
touriste
qui arrive à la gare
de Varages par la ligne du chemin de fer
du Sud-France.
Varages,
en effet,
lui apparaît
perché sur une masse de tuf dentelée,
percée de
grottes dominant un riant vallon au fond duquel coule une petite
rivière, aux bords verdoyants et touffus qui rappelle, en
miniature, celle que Pétrarque a immortalisée. La Foux est, en effet,
alimentée par une source abondante qui,
après avoir alimenté les nombreuses fontaines de
Varages,
jaillissant au milieu des places ornées de
platanes et de
marronniers, court en pittoresques sinuosités dans
l'étroite vallée que suit la voie
ferrée.
Varages a emprunté son nom à sa situation, au
précipice au bord duquel ses maisons sont bâties.
Varago,
gouffre, abîme.
par laquelle l'hôtel
de France - entre autre - assurait un
transfert par "voitures à tous les trains".
M. Auguste Chatain assurait, lui, une correspondance, par omnibus, entre la gare de
Varages et la station thermale de Gréoux-les-Bains. En
août 1904, par exemple, à 3 h. 5.