La
bénédiction solennelle de notre voie
ferrée a eu lieu dimanche 13 mai (1866), ainsi que
nous l'avions annoncé. Constatons d'abord que
l'empressement
de la population à se rendre à l'appel de
l'honorable
Maire du Puy, a dépassé toutes les
espérances. La
ville toute entière était là, et non
seulement la
ville, mais encore un grand nombre d'habitants de communes suburbaines.
La foule qui inondait l'immense gare et ses abords a
été
évaluée, par quelques uns, à
dix ou douze
mille personnes ; tout ce que nous pouvons affirmer, c'est que
depuis l'inauguration de la statut du mont Corneille, nous n'avions vu,
sur le même point, une pareille agglomération de
peuple..
La
foule, sur ce point, était tellement compacte, qu'il
s'écoula un temps assez long avant que les
invités
puissent se rendre à la place qui leur avait
été
réservée ; c'était la vaste
gare à
charbon disposée en estrade pour la circonstance.
Nous
avions en face de nous le pittoresque rocher d'Anis, dominé
par
la majestueuse statut de Notre-Dame de France, l'antique basilique
romane dont les vitraux reflétaient les quelques rares
rayons de
soleil qui étaient parvenus à percer les
nuages ;
puis les bizarres constructions de la ville primitive.
A droite, le
magnifique panorama qu'offre, de ce point, la vallée de la
Loire, ornée de sa parure printanière, les
coteaux
vignobles avec leurs maisonnettes éparses, et, tout au fond
du
paysage, les gigantesques sommets des montagnes vellaviennes. Plus
près, les élégantes constructions de la
gare,
pavoisées aux couleurs nationales... Bientôt le signal est
donné par le chef de gare, qui tient
à la main un fanion écarlate,
trois magnifiques
locomotives sous vapeur, Montbrison, Grand'Croix et Vendranges,
pavoisées de drapeaux tricolores, s'avancent majestueusement
du
fond de la gare et viennent, dociles aux mains exercées qui
les
dirigent, se placer de front, face à l'estrade...
Nous allons unir nos prières à celles du
Clergé,
pour demander à Dieu et à Notre-Dame de France,
patronne
de notre antique cité d'Anis, d'éloigner de cette
ligne
les catastrophes terribles qui ont semé quelque fois
l'épouvante dans ce département, et l'influence
qu'ils
sont amenés à y exercer.
Si un homme d'esprit avait dit, il y a quinze ans, que plusieurs
chemins de fer sillonneraient un jour nos vallées, bien des
sourires d'incrédulité auraient accueilli cette
prédiction. Mais, à cette heure,
le doute n'est plus
possible : nous avons sous nos pieds la voie
ferrée, un
convoi est devant nous, et le sifflet perçant des
locomotives
retentit à nos oreilles...
Plus
tard au cours de la cérémonie, sa Grandeur,
Monseigneur
l'Évêque, prononce un discours dans lequel il commence par
délivrer le fond de sa pensée quant au travail du
dimanche effectué par les ouvriers
constructeurs de la ligne et de la gare puis il évoque des
perspectives
plus positives : Bientôt
de longues files de chars, emportés par des coursiers de
feu,
déposeront au fond de nos curieuses vallées, non
plus seulement
quelques rares touristes épris de tant de sites
pittoresques, ou jaloux
d'interroger nos vieux monuments, nos fières ruines
féodales et les
profondes déchirures de notre sol basaltique ; mais
grâce aux
excitations nouvelles d'une locomotion devenue si commode et si
prompte,
l'historique
pèlerinage,
le sanctuaire vénéré de notre
puissante Madone,
rajeunis et rendus à leur splendeur des siècles
de foi,
comme jadis les Papes, les Empereurs et les Rois,
devant
la miraculeuse Image, puis contempler avec admiration les glorieux
trophées de nos victoires nationales,
transformées par la libéralité
intelligente et chrétienne du Grand Prince qui gouverne la
France, en
une gigantesque et incomparable statue de la Vierge-Marie.
Saluons Messieurs ces douces espérances, ce
consolant avenir qui, au contact de
ce que la civilisation moderne a de meilleur et de plus pur,
achèvera
d'adoucir, de polir les mœurs de nos population montagnardes, en
faisant disparaître les derniers vestiges d'une rudesse de
caractère et
de conflits sanglants, qui deviennent heureusement plus rares de jour
en jour.
Pour cela, comme le faisaient nos catholiques ancêtres,
d'un même cœur et d'une même voie, adressons-nous au Ciel qui
protège les
voyageurs et de sa main puissante évite les accidents...
Il faudra attendre huit années pour que la ligne de
Saint-Etienne au Puy soit prolongée jusqu'à
Saint-Georges-d'Aurac où elle se raccorde encore avec la
ligne
de Clermont à Nîmes.
Dès 1865, la
Haute-Loire manifeste sa volonté de relier Le Puy
à la ligne de Paris à Nîmes,
via Clermont-Ferrand, afin
rallier le Languedoc et de
desservir le
sud du département. La
ligne est déclarée
d'utilité publique par une loi du 24 mars 1879
selon un
itinéraire "de Mende au Puy". La concession de la ligne est
attribuée au PLM le 2 août 1886.
Suite aux études
de différents tracés, à des
complications de
construction d'ouvrages d'art diverses et à des
difficultés liées aux démarches
d'expropriation, la
ligne (du Puy à Langogne) est
inaugurée le 1er
juillet 1912
soit 27 ans après l'attribution de la concession,
de la gare du Puy
accueillit
un tramway
à voie métrique qui circula entre Espaly et
Brives-Charensac. La section du Puy à Brives fut mise en
service
le 12 novembre 1896.
A partir du premier juillet
1912, la
concurrence avec le train, entre autre, se fit sentir et la ligne
périclita en 1914. Elle fut définitivement
supprimée vers 1920, démantelée en
1923 et
déclassée en 1925.
vers l'ouvrage suivant ;
un
pont maçonné au-dessus de la
route du Puy
à Brives-Charensac.
Avant
l'ouverture du contournement
du Puy-en-Velay, cet axe
assurait en pratique
la continuité de la RN 88 dans
l'agglomération du Puy-en-Velay en évitant la
traversée du
centre-ville. Il reprenait d'ailleurs une section de cet axe
abandonnée
en 1849.
De retour sur la terra firma,
l'ancienne
plate-forme profite de son élargissement pour
exposer un coupon de voie.
Un an avant la mise en service de la ligne du Puy à
Langogne,
une ligne du Puy à Nieigles-Prades, en
Ardèche,
avait été déclarée
d'utilité
publique. Cette dernière devait être construite en
doublure de la ligne de Langogne jusqu'au sortir de Brives-Charensac.
que les diverses photos aériennes des années 1933
à 2010 montrent tout au plus ferré mais jamais
intégré à une voie.
L'aurait-il été au cours de sa carrière ?