En 1913,
le
train, parti de Fourmies à 5 h 03 se
présentait à l'angle de la maisonnette
de
garde-barrière
du probable PN 122, à la croisée
de
la rue de la Gare,
et
s'arrêtait devant la halte
d'Obrechies à 5 h 59.
UTM :31
T 573040 5563319
La halte
d'Obrechies, au
même
titre que les stations de plein exercice, a accueilli les ministres
lors du passage du train inaugural de la ligne, le 29 août
1885.
Le conseil municipal, maire en tête, est sur
le quai d'arrivée. Partout des écussons, des
drapeaux, partout se répètent les cris : Vivent
la République, la Patrie, les Ministres !
M. le maire interprète en quelques paroles
les sentiments de ses concitoyens.
Messieurs les Ministres,
Ce n'est pas sans une légitime fierté que les
populations d’Obrechies, de Damousies, de Waltignies
et de Choisies, ont l'insigne et bien rare honneur
de recevoir les représentants du gouvernement ; aussi,
me faisant l'écho des sentiments qui nous
animent, je viens, au nom de tous, vous souhaiter
la bienvenue.
Pour nous, habitants de la campagne, éloignés
les villes, vous créez dès aujourd'hui une
ère nouvelle, vous nous ouvrez les portes du
commerce, vous
nous apportez
une source féconde de prospérité. Plus heureux que nos
pères, il nous sera désormais permis de nous
étendre ; nous pourrons, à
l'instar des grands centres, faire des échanges,
commercer au loin, sortir de l'ornière.
Et c'est
à
l'intelligente et libérale attention du gouvernement
de la République que nous devrons ces bienfaits ! Merci,
messieurs, merci au nom des braves cultivateurs du pays ; merci
au nom de tous les travailleurs de la campagne de votre
dévouement ainsi que de la
généreuse et nécessaire protection
que le Gouvernement a
donnée récemment à l'agriculture.
Je croirais manquer à mon devoir de maire, si
je ne profitais de votre présence au milieu de nous
pour vous soumettre un vœu d'une hauteimportance pour l'avenir
de notre région.
La halte d'Obrechies,
modeste d'apparence, est appelée à rendre de
grands services, mais elle n'est
qu'à demi achevée. Une voie de garage pour
marchandises est indispensable.
Nous avons Messieurs
les ministres, à nos portes, un cours d'eau assez
considérable, permettant d'établir des usines.
Si nous sommes privés du transport de nos produits, comment
fonder des
établissements, comment prendre de
l’extension ? C'est pourquoi nous vous
prions instamment de prendre notre vœu en
considération et de le recommander à la Compagnie
du
Nord pour faire ouvrir, dans un prochain délai, la
halle d'Obrechies au service des marchandises...
Le train repartait,
comme le fait aujourd'hui l'emprunteur de la "Voie Verte de l'Avesnois",
au travers "des
paysages pittoresques de vallons et de bocages" des
communes
d'Obrechies et de Damoisies.
Sur 70 mètres, la voie
déferrée chevauche
la
frontière communale entre Obrechies et Damoisies
puis elle sautille la Solre
sur un probable ponceau
maçonné, voûté.
La rivière invite la
ligne
frontière à
visiter ses méandres. La voie
verte, elle, retrouve
le sol unique de la commune d'Obrechies.
UTM :31
T 572834 5563454 Le 29
août 1885, monsieur le maire d'Obrechies
poursuivait son discours :
Il suffit de remarquer
que cet arrêt devra desservir dans un rayon de 3
kilomètres, 5 communes :
Damousies,
Choisies, Wattignies, Dimechaux, Brechies, dont le courant
commercial est assez actif en
moulins, brasseries, ateliers divers de saboterie, maréchalerie,
serrurerie, exportation de bestiaux,
etc.
L'avenir du pays est donc astreint à
l'établissement que nous
sollicitons. Nous
aimons à croire,
Messieurs les Ministres,
que votre puissant concours nous sera acquis.
Ce sera une nouvelle dette envers le Gouvernement : mais en
cœurs loyaux et reconnaissants,
nous et nos descendants nous nous souviendrons
que c'est à la République que nous devons notre
bien-être.
C'est dans cet
espoir que nous
vous
prions, Messieurs les Ministres, d'agréer avec nos
vœux l'expression de notre profond et respectueux
dévouement et que nous nous écrierons ;
Vive 1a République!
Vivent les Ministres !
Les
villages
dotés d'un point d'arrêt veulent une halte, ceux
qui ont
une halte sollicitent une station et ceux qui possèdent une
station verraient bien celle-ci devenir gare de bifurcation avec
l'embranchement d'une ligne nouvelle.
La voie verte, qui se
satisfait de son
intégration au "véloroute Paris - Moscou", passe à
reculons son
cinquième
kilomètre et entre en marche avant
qui s'assoit sur le
passé ferroviaire de la voie verte,
ignore la présence
d'aqueducs
sous la chaussée. Le passant averti, lui, ne les trouve pas faute de
repères. Il est d'usage sur les routes et sur beaucoup de voies vertes
revêtues de bandes de roulement, de peindre un rond blanc sur le macadam à l'aplomb des
ouvrages.
Vue la configuration des lieux, il est forcément nécessaire, qu'à
intervalle
régulier, l'eau circule
d'un côté à l'autre du remblai.
D'après
le cadastre, 3 galeries au moins, se cachent quelque part au bas
de la luxuriante végétation.
Ces aqueducs discrets, les trains, en leur temps,
ne faisaient que les sautiller.
A la vue de tous, ou presque, la voie
verte de l'Avesnois
piétine son km 4.
Quatorze
ans avant la construction de la ligne de Maubeuge à
Fourmies, inaugurée en 1885, le Messager de Paris du 9
décembre 1871, rapportait un projet
de construction d'une ligne de chemin de fer
d'intérêt local :
Nous assistons depuis
quelques mois
à une sérieuse reprise de l'achèvement
de nos
grandes voies de communication. Dans sa session de 1871, le Conseil
général a concédé diverses
lignes intéressant plus ou
moins notre arrondissement et
sollicitées la plupart par des capitalistes et des
industriels
des pays traversés. C'est
là un excellent
symptôme d'initiative locale que la presse doit encourager et
provoquer au besoin.
L'État obéré ne peut donner qu'un
concours
platonique aux concessions de chemin de fer, le département
ménage ses ressources ; d'un autre
côté les
petites lignes sont dédaignées par les grandes
Compagnies.Si une contrée
privée de chemin de fer veut
en obtenir, il faut que les industriels et les communes se mettent
résolument à l'œuvre et ne comptent que
sur leur
initiative, leurs ressources et leurs
démarches ; sans ces efforts pas de
succès possible.
Nous apprenons qu'un comité, formé par les plus
honorables notabilités des cantons de Maubeuge, de
Solre-le-Château, se constitue pour demander la concession
d'un
chemin de fer d'intérêt local, de Maubeuge
à Solre-le-Château.Cette œuvre est trop
utile pour ne pas mériter notre
concours. Voici sur ce projet quelques détails de nature
à intéresser nos lecteurs.
Partant de la station de
Maubeuge, cette ligne se détacherait du
chemin de fer du Nord vers Rousies, où elle emprunterait la
ligne de M. Dumont, jusqu'à Ferrière-la-Petite,
traverserait les communes d'Obrechies,
Damousies,
Dimechaux, Sars-Poteries, Lez-Fontaine et rejoindrait à
Solre-le-Château la station que le Nord-Est doit y
établir
sur la ligne d'Anor à Jeumont...
Ce projet de chemin de fer d'intérêt local n'a
visiblement pas abouti
en tant que tel, mais il a été repris en partie
par la ligne
de Maubeuge à Fourmies ;
ligne qui, une fois encore, était amenée à
ménager un passage
contrarient
la divagation des trains fantômes, nostalgiques de l'ancien
embranchement particulier d'une
carrière.
Le randonneur, piqué d'intérêt par une
flèche
directionnelle, peut aller user ses souliers sur le circuit du
Grès
Salé. Un autre panonceau le prie de se diriger
plutôt sur
le circuit des quatre églises. Le cavalier, lui, est
dirigé sur les traces du potier.
poursuivre la voie verte
de l'Avesnois en direction de la gare
de
Ferrière-la-Petite,
fléchée à
500 mètres,
ce
qui leur permettra d'accroître, au passage, leur
connaissance du saule
têtard.
Le bocage avesnois
abrite de nombreuses curiosités dont le
saule et le charme têtards. Ces arbres acquièrent
leur forme si
caractéristique au fil des tailles ou
étêtages qui fournissent du bois
de chauffage.
Les vieux têtards sont creux et hébergent de
nombreux
animaux cavernicoles. C'est le cas du lérot et de la
chouette
chevêche.
Il est donc important de continuer à les entretenir mais
également de remplacer ceux qui meurent de vieillesse.
La voie demeurée unique de sa création
à sa démolition,
s'engageait sur un pont-rail
dressé au-dessus de la
Solre.
Attention, ici, il y a Solre
et Solre.
Géoportail distingue "La Rivière la Solre",
qui
méandre quelque peu et se jette dans le ruisseau
"Radiève" avant la confluence de ce dernier, plus au nord, avec... la
Solre.
"Avec la Solre",
celle qui s'écoule là
sous l'ancienne ligne de chemin de fer
et dont le cours
baigne le village, avalant au passage le ruisseau de
Quiévelon.
UTM :31
T 572555 5565533
En revanche, ce n'est
pas là, "entre Obrechies et
Ferrière-la Petite" que :
Vendredi à 7 h 22 du matin, une
génisse appartenant à M. Dewez, fermier
à Ferrière-la-Petite, a été
tué
par la machine numéro 2457, du train de
voyageurs 2181, allant sur
Hirson.
Cette génisse s'est introduite sur la voie au point 91,700,
en passant à travers la clôture en fil de fer, a
longé le talus sur une
longueur de 20 à 30 mètres, puis s'est
jetée devant le train au
kilomètre 94,250 de la ligne de Maubeuge à
Fourmies, entre
Ferrière-la-Petite et Obréchies.
Conséquence :
arrêt de cinq minutes
au train pour déblayer la voie; perte assez
sérieuse et procès-verbal
de grande voirie au propriétaire.
L'article
regorge de précisions : heure
7 h 22 ; machine 2457 ; train de
voyageurs 2181; PK 91,700 et 94,250 ; 20
à 30 mètres ; "entre
Ferrière-la-Petite et Obréchies". Le papier aurait pu inspirer un
problème du certificat
d'études de l'époque.
Sauf que : 94,250
mètres moins 91,700
mètres n'égalent pas
20 à 30
mètres. Sauf que :
le PK 94,250 se trouve entre Obrechies et Dimechaux et que le PK
91,700 se situe entre Ferrière-la-Grande et
Ferrière-la-Petite.
Les photos aériennes de 1929 et 1950 montrent en cet endroit
le croisement
de la voie particulière d'une carrière de pierre avec la ligne de Maubeuge à
Fourmies.
Tout à côté, en 1913,
le
train, parti de Fourmies à 5 h 03, franchissait
à niveau le "chemin de Beaufort",
Côté cour, l'estaminet
de la gare abreuve toujours ses clients
mais plus les réservoirs de leurs automobiles.
Lors
de
l'inauguration de la ligne, le 29 août 1885,
M. le
Maire de
Ferrière-la-Petite prononça un discours :
M. le Ministre des Travaux
publics, M. le Ministre du
Commerce, Au nom de la population
de cette commune, Au nom du Conseil
municipal dont je suis le délégué, je
vous souhaite respectueusement la bienvenue. Vous avez bien voulu venir
présider à l'inauguration de notre ligne de
chemin de fer
et donner à cette cérémonie un
éclat tout
particulier, veuillez croire à notre entière
reconnaissance. C'est pour Ferrière-la-Petite,
une fortune inespérée de posséder un
instant deux
membres éminents du gouvernement. Notre petite commune
ressent
vivement l'honneur que vous lui faites et garde de cette
journée
un impérissable souvenir.
Autrefois, messieurs, les grandes
villes seules pouvaient espérer recevoir des hôtes
tels
que vous, il appartenait au gouvernement Républicain de
prouver
aux campagnes, qu'elles aussi avaient le droit de compter sur sa
sollicitude. Je salue ce
cortège d'hommes éminents et d'administrateurs
illustres.
Vive la République !
C'est sur panneau
que la voie verte de l'Avesnois dispense, son propre discours:
Bienvenue à
Ferrière-la-Petite
Vous voici au pays de l'artisanat de grès
salé ! Et quand grès
salé rime avec musée, vous êtes
à Ferrière-la-Petite !
Ce village vécut pendant deux siècles
à l'heure de la poterie et son musée de la
faïence et de la poterie a conservé son monumental
four à flamme renversée ou four-bouteille de
30 m3, pouvant contenir
jusqu'à 6000 poteries.
A voir absolument !
Avec ses maisons anciennes et ses deux moulins, admirez cette petite
commune de la vallée de la Solre qui ne manque pas de charme. Sur
la ligne de Maubeuge à Solre-le-Château et
Fourmies, les stations de
Ferrière-la-Grande et Ferrière-la-Petite
possèdent seules, on n'a
jamais bien su pourquoi,
des marquises
et abris sur les quais intérieurs. Nous prions le Conseil
général d'insister de nouveau, sous forme de
vœux, pour que les gares de Solre-le-Château,
Sars-Poteries, Liessies, Cousolre et Trélon en soient de
même pourvues.
Pour la station de
Ferrière-la-Petite qui doit son existence à une
subvention de la commune de 40.000 francs, on tient peut-être un
début
d'explication.